Yves Lambert souhaite partager de la joie de vivre 

« Sortie de pandémie », rien de moins : c’est ainsi qu’Yves Lambert qualifie la tournée de concerts qu’il vient d’amorcer pour accompagner la sortie de son microalbum Lâche-moi l’tordeur, en hommage à Oscar Thiffault.   

Au téléphone, son entrain est perceptible, alors qu’il trépigne d’impatience à l’idée de se retrouver sur scène pour présenter son plus récent gravé ainsi qu’une série d’autres pièces de son album précédent, Tentation (2018). Pourtant, il y a déjà plusieurs mois que sieur Lambert a émergé de l’hibernation pandémique.

« Depuis le printemps, j’ai de l’ouvrage, j’arrête pas. J’ai donné cinq concerts en Espagne. En ce moment, j’ai deux à trois concerts par semaine. Je vais au centre Bell. Comme tout le monde, j’ai eu ma grande noirceur, mais ça fait à peu près six mois que je suis reparti », assure l’artiste, qui dit traverser une période très faste. 

Pour en arriver à cet état d’optimisme qu’il souhaite transmettre à la manière d’un virus, le parcours a été ardu.

« Entre la COVID, les complotistes, les opinions de tout un chacun, je suis devenu un peu allergique à l’opinion des autres, et même à mes propres opinions. En fait, il y avait trop d’opinions. Alors je me suis dit que ce que j’allais faire, ça serait rien que du plaisir et de l’agrément. C’est là que je suis tombé dans les vieilles tounes d’Oscar  Thiffault. J’ai un rapport particulier avec Oscar. La première chanson que j’ai chantée avec la Bottine souriante, c’était une de ses chansons, qui s’appelait La banqueroute. Tout au long de ma carrière,  j’ai toujours chanté du Oscar. Je trouve que c’est une plume extraordinaire. Il vient d’une grande époque d’auteurs-compositeurs. Je le compare à Henri Salvador, à Prévert… »

Connu essentiellement pour son grand succès Le rapide Blanc en 1954, Oscar Thiffault (1912-1998) a conquis un large public au  milieu des années 1950. Il est d’ailleurs le premier artiste québécois à avoir vendu plus de 100 000 albums, pour un total de plus de deux millions durant sa carrière. Son répertoire allie souvent des mélodies traditionnelles à ses textes humoristiques, traitant généralement de sujets tirés de l’actualité, un peu à la façon de La Bolduc.

La joie d’Oscar

Yves Lambert poursuit : « Le dernier hiver, je me disais : « Qu’est-ce que je vais faire pour sortir? » Ce dont le monde va avoir besoin, c’est de la joie de vivre. C’est ce qui  manque le plus présentement. Les gens sont moroses, fatigués, affectés,  impatients, inquiets. C’est à cause de la COVID, mais aussi de l’atmosphère ambiante. En tant qu’artiste de variété, j’avais le goût de donner du plaisir au monde. » 

Le répertoire d’Oscar Thiffault lui est ainsi apparu comme tout à fait approprié. Lâche-moi l’tordeur comporte six pièces sélectionnées par Yves Lambert pour la joie qu’elles lui apportent.L’artiste n’a pas hésité à contourner les grands succès du chanteur (donc, pas de rapide Blanc sur le disque, ni d’Y mouillera p’us pantoute) pour aller puiser les chansons qui, selon lui, étaient les plus significatives. Il présente l’album comme une fête. « Je me suis vraiment amusé avec Au pays de Bill Wabo. L’arrangement est très bluegrass. C’est un roman d’aventures, un road movie. C’est la veuve, quand je la chante, je la vois. C’est une réflexion sur la mort. C’est la plus noire, mais c’est quand même très léger. Ça parle de libido. Mon meilleur ami, qui a été enregistrée pour la première fois en 1953, ça dit que ton ami peut te faire les pires affaires, car tu as tellement besoin de tes amis… Lâche-moi l’tordeur, c’est la plus absurde, mais il y a des références historiques. Le refrain est d’un ridicule absolument fantastique. Rien que le titre, pour moi, ça évoque les deux ans qu’on vient de passer à se faire tordre de tous bords tous côtés. » 

Une chanson du temps des sucres

Yves Lambert poursuit en expliquant que la chanson Le jour de l’An apporte une ambiance festive qu’il veut renouveler. Et avec C’est à la cabane à sucre, il lance pour la première fois une chanson du temps des sucres. « Ça finit dans un bordel dans la cave parce que le plancher a défoncé. Ça dénote le besoin de socialiser. Le concept de cet album-là, c’est de recréer l’ambiance. Les gens chantent, les gens dansent. On en a été privé pendant deux ans, il faut retrouver nos repères. »

En tournée, Yves Lambert partagera la scène avec le violoniste Tommy Gauthier et le guitariste Olivier Rondeau, deux jeunes musiciens qu’il est fier de compter dans son équipe. « L’important, c’est de créer  une atmosphère, de partager quelque chose, de créer un virage imprévu », souligne-t-il, en affirmant que l’alchimie entre son expérience et  leur talent opère. « Ce que je vois dans mes spectacles, c’est que ça marche. C’est thérapeutique. Les gens repartent de bonne humeur. »