Elvis a de la relève!

Actif depuis plus de 30 ans comme encanteur-brocanteur, François Bernier, bien connu par son surnom Elvis, se réjouit d’avoir de la relève : sa fille Marie-Ève et son conjoint Hugo D’Astous exploitent, depuis le 2 octobre, Brocante et trouvailles chez Elvis, un commerce en plein cœur du centre-ville de Victoriaville, au 59, Place Desjardins.

Le www.lanouvelle.net a récemment rencontré le trio : le père, la fille et le gendre. « On peut dire qu’on prend la relève de mon père. En raison de la pandémie, il a fermé son encan qu’il tenait à Drummondville, la salle étant trop petite pour répondre aux exigences de la santé publique. C’était plus difficile d’avoir des clients », indique Marie-Ève. Mais Elvis compte bien reprendre l’action bientôt. La fille a toujours bien aimé aider son papa dans son travail. « J’ai toujours aimé ça, car on fait des trouvailles et on apprend aussi beaucoup de choses sur l’histoire », souligne-t-elle.

Ce qui fait que Marie-Ève et Hugo ont demandé à François Bernier s’il voulait que le couple prenne la relève. Elvis n’allait pas refuser cette proposition « J’étais bien content quand ils m’ont dit ça, d’autant que ça ne figurait pas dans les plans de mon garçon qui nous a quand même toujours aidés dans les encans », dit-il.

François a apporté son aide dans l’ouverture de la boutique. « Un jour, c’est certain, les encans reprendront. Mon père continuera son rôle d’encanteur lorsque la situation permettra d’avoir une salle pour accueillir un nombre suffisant de personnes », mentionne Marie-Ève Bernier.

Une affaire de famille

Originaire de Victoriaville, François « Elvis » Bernier fait dans les encans depuis une trentaine d’années. Son père, aussi, était commerçant. Et son grand-père maternel a été restaurateur, ayant été propriétaire du Café Alice. S’il a commencé avec Encan Bois-Francs, rue de l’Aréna, François Bernier tenait ses encans deux fois par semaine depuis 20 ans à Drummondville dans une salle qu’il louait à l’année. Il reprendra ses activités au moment opportun, quand cela en vaudra le coût.

Les gens l’apprécient vraiment comme encanteur, témoigne sa fille. « Je fais le clown à travers ça. La foule accourait lors des encans. Certains n’achetaient pas. Ils venaient pour le show. D’autres venaient pour la cantine », confie le principal intéressé.

Questionné sur son surnom, François raconte qu’il le porte depuis l’âge de 14 ans, depuis qu’il chante des chansons du « King ». « À l’encan, chaque Noël, on faisait un spectacle », rappelle Marie-Ève, dont le talent lui a permis de concevoir des costumes d’Elvis pour son père. François Bernier a même participé à des concours amateurs et professionnels d’Elvis.

Il a chanté à Montréal auprès de Paulo Noël et Joël Denis, des vedettes du temps. Il se remémore sa victoire à un concours d’Elvis, où il affrontait trois autres imitateurs. « Les autres ressemblaient au King. Moi, je suis arrivé avec mon costume et mes cheveux blonds. Je les ai battus. Ils ont quitté en maugréant, disant que je ne lui ressemblais pas du tout, relate-t-il. Mais l’important n’est pas d’avoir une ressemblance, c’est le style et tout. »

Elvis s’est aussi produit à Québec. À Victoriaville également lors du cinquième anniversaire du défunt centre commercial Le Carrefour des Bois-Francs, invité alors à y chanter par l’animateur Claude Boisclair de CFDA. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, François Bernier ne collectionne pas tant les articles d’Elvis. « Je ramassais des affaires, mais je me les faisais briser, notamment par mes sœurs. J’ai donc refusé de grosses collections », signale-t-il.

Quand même, il possède un objet assez rare, une horloge d’Elvis. Il a commencé aussi à modifier une guitare en y apposant des photos d’Elvis provenant de journaux.

La boutique du centre-ville recèle de certains objets du célèbre chanteur. « Ce sont des articles qu’on ramasse. Quand on retrouve des choses d’Elvis, on les met de côté », précise Hugo D’Astous.

Le matériel

Tout ce que François Bernier vend dans les encans provient, la plupart du temps, des successions. « C’est bien souvent les successions qu’on achète. Il arrive aussi qu’on se rende faire des encans sur place. Dans ces cas-là, il y avait une tradition. À la fin de l’encan, la personne payait un verre de cognac », révèle-t-il.

L’idée de la boutique

C’est lors des encans que l’idée d’une boutique a fait son chemin. « On constatait que le petit matériel ne trouvait pas preneur aux enchères. Mais nous, on savait que ça avait une certaine valeur et que ça pouvait servir à quelqu’un et bien se vendre en boutique », explique Hugo D’Astous. « Dans les maisons que nous vidions, on se rendait compte qu’elles contenaient bien souvent un bon potentiel, ajoute Marie-Ève. Une caisse de revues pouvait se vendre, par exemple, 10 $ à l’encan alors qu’une seule revue pouvait être achetée 10 $. Même chose pour les jeux vidéo. »

« Il y a des trucs que François a vendus que ça a fait mal au cœur », poursuit Hugo.

Au départ, ils ont songé à ouvrir un magasin à même leur entrepôt de l’avenue Pie-X, mais l’espace ne suffisait pas avec tout ce qui s’y trouve. La boutique du centre-ville dispose d’un sous-sol qui leur permet de trier les objets et de les nettoyer avant de les rendre disponibles sur le marché.

Avant la mise en vente de la marchandise dans leur boutique, Marie-Ève et Hugo effectuent des recherches sur le Web en vue d’une évaluation réaliste pour ensuite fixer un prix adéquat. « Pour que ça puisse bien se vendre, pas trop cher, et ainsi faire des heureux », signale Hugo. Leur variété de produits est très large, des antiquités, des trucs vintage, des meubles jusqu’aux électroménagers en passant par des articles de collection, des vêtements, des disques et tutti quanti.

« De plus, tout ce qu’on vend est nettoyé et testé. On a même une télé pour vérifier les jeux vidéo. Tout est fonctionnel », assure-t-il. « Les gens qui veulent brancher un appareil au magasin peuvent le faire pour vérifier. S’il quelque chose manque sur l’objet, on l’indique pour que les clients sachent exactement ce qu’ils achètent. Il n’y a pas de cachette », précise Marie-Ève.

Il y a de l’antiquité dans la boutique. Et de l’histoire. « Tout est une histoire, observe Hugo, jusqu’au logo du commerce. » Un logo dessiné par Marie-Ève et qui représente le regretté chien Mickey, l’un des deux membres de l’espèce canine sauvés lors d’un encan. « Ce chien n’avait aucune malice. À l’encan, il se promenait à travers les gens. C’était comme la mascotte de l’encan. Tout le monde le connaissait », raconte Marie-Ève.

La boutique met l’accent sur les biens usagés. « Le but, c’est de redonner une deuxième vie aux objets », insiste la fille d’Elvis. Ce qu’on y retrouve de neuf provient des maisons, des successions. François, sa fille et son gendre ratissent large dans la région pour récupérer les biens. En Beauce, ils ont même mis la main sur des appareils industriels. Ils se réservent les débuts de semaine pour effectuer ces tâches, ce qui explique l’ouverture du commerce les jeudis, vendredis et samedis. 

« Je leur lève mon chapeau. Faut le faire ouvrir un magasin en pandémie », conclut François « Elvis » Bernier, fier de sa relève!