Décarbonisation : un pas de plus pour un Victoriavillois et son équipe

Le Victoriavillois Antoine Gagné est étudiant à la maîtrise en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke. Avec son équipe, ils ont créé l’entreprise Skyrenu. Cette dernière vient de remporter une bourse de 250 000 $ dans le cadre des « Carbon Removal Student Awards », financés par Elon Musk. Cela permettra de financer et d’accélérer le développement de leur technologie de capture du carbone.

Skyrenu se retrouve donc parmi les meilleures au monde en recevant ce prix. D’autres projets ont été aussi récompensés (23 en tout pour des bourses totalisant 5 M $) et proviennent de prestigieux établissements. Les membres qui forment l’équipe sont Gabriel Vézina (professionnel de recherche), Alexandre Camiré, Marc-Antoine Lacroix, David Chartrand et Antoine Gagné (étudiants). Ils sont appuyés par leur professeur, Martin Brouillette. 

Ensemble, ils travaillent au développement d’une technologie de capture et de séquestration de dioxyde de carbone. Une avancée qui permettra, très bientôt, de capturer le carbone dans l’air (qui constitue la majorité des gaz à effet de serre) et de l’absorber dans un genre d’éponge (c’est une image). Ensuite, le tout sera mélangé avec des roches stables, devenant ainsi inoffensif. Cette explication très rudimentaire permet d’expliquer un procédé qui l’est beaucoup plus, mais qui est compréhensible pour la majorité.

Ainsi, le groupe est à développer un équipement qui éliminera le carbone de l’atmosphère terrestre, donc diminuera les GES qui sont la cause principale des changements climatiques. « Il y a beaucoup trop de CO2 sur la planète et on en émet encore plus », explique Antoine lors d’un entretien téléphonique. Il ajoute que seulement au Québec, 70 millions de tonnes de C02 sont émises chaque année. « Ce qu’on veut faire, c’est de les stocker », résume-t-il. 

Le projet sur lequel il travaille consiste ainsi, après la capture directement dans l’air, de le stocker dans les résidus d’amiante qui deviennent donc inoffensifs. En plus, les résidus d’amiante sont une matière qu’on retrouve en grande quantité dans la région et aux alentours de celle-ci. 

Comme expliqué sur le site Web de Skyrenu, il y a combinaison d’un système de « captage direct de l’air avec un processus de carbonatation des roches pour traiter les résidus miniers afin d’emprisonner le carbone pour toujours ». 

Le système est innovant puisqu’il utilise un absorbant solide, « peu coûteux et écologique dans un cycle qui minimise la demande d’énergie afin de réduire les coûts de capture ». De l’air aux roches donc, en éliminant les risques sanitaires liés aux résidus d’amiante, par la même occasion.

« Il y a deux milliards de tonnes de résidus d’amiante dans le coin. Avec cela, il serait possible de capter 700 millions de tonnes de CO2 », exemplifie Antoine Gagné. Grâce au prix obtenu, ainsi que d’autres subventions et financement que l’équipe entend demander, l’objectif est que, d’ici quatre années, un prototype soit en mesure de capter 1000 tonnes de dioxyde de carbone annuellement. L’idéal serait d’installer la technologie tout près des résidus miniers (Val-des-Sources ou Thetford), éliminant ainsi le transport. Et tout le procédé sera alimenté par le réseau renouvelable d’Hydro-Québec.

Bien entendu, le Victoriavillois est bien fier que son équipe ait remporté un des 23 prix, qui l’élève au même rang que l’élite mondiale dans le domaine. La technologie bénéficiera à l’entièreté de la planète et réduira, il faut l’espérer, les changements climatiques. Avec leur projet, les étudiants font un grand pas, à leur manière, en ce sens. Une autre belle motivation à continuer les efforts.

Même que leur technologie sera rentable à l’usage. En effet, Antoine explique qu’on sait déjà que le coût des crédits carbone va augmenter passant de 30 $ la tonne actuellement à 170 $ en 2030. Le CO2 qui sera ainsi capté donnera des crédits à l’entreprise qui pourra ensuite les revendre.

Antoine Gagné a confié être bien motivé à poursuivre le travail qui est, en fait, le projet de maîtrise. En plus de mettre ses connaissances à l’œuvre, il peut contribuer à un grand pas en avant du côté de l’environnement. Cela est un peu ironique quand on pense qu’initialement, il s’enlignait davantage vers des études en aéronautique. « Quand j’ai vu l’ampleur des changements climatiques, je me suis dit qu’il était sûrement possible de faire quelque chose », a-t-il dit.

Ainsi, avec ce projet novateur, plutôt que de faire partie du problème, Skyrenu devient une solution. « La technologie fonctionne », précise celui qui a un parcours un peu atypique, ayant notamment fréquenté le Collège Clarétain de Victoriaville quelques années avant de changer d’école à quelques reprises et de se retrouver aux États-Unis pour jouer au hockey junior (il a aussi joué avec le Titan de Princeville). Aujourd’hui, il continue le hockey, mais comme passe-temps seulement dans des ligues de garage.

Skyrenu est donc un nom à retenir pour les prochaines années. Avec le processus en élaboration, le défi de la décarbonisation pourrait bien être relevé.