Gilbert Perreault honoré par Archives Bois-Francs

Pas moins de 125 convives, qui occupaient toutes les tables du Club de golf de Victoriaville, ont assisté, jeudi soir, à la soirée hommage à Gilbert Perreault organisée par Archives Bois-Francs.

Archives Bois-Francs souhaitait, dès juin 2020, honorer Gilbert Perreault. « Nous tenions en juin 2020 à souligner le 50e anniversaire de votre repêchage par la Ligue nationale de hockey. Après tout, notre organisation a pour mission d’avoir de la mémoire. Comme vous aviez été à l’époque le premier choix au repêchage, vous avez été aussi en 2020 notre tout premier choix pour notre campagne de financement », a exprimé Hélène Ruel, deuxième vice-présidente de l’organisme, tout en rappelant qu’Archives Bois-Francs, depuis sa création, accueille des conférenciers de marque pour ses activités.

Au fils des ans, le regretté Claude Béland, l’historien Marcel Tessier, le journaliste Pierre Bruneau et le trio politique formé de Roch Gardner, Jacques Baril et Yvon Vallières se sont succédé. « La seule énumération de nos invités démontre que nous avons joué dans tous les coins de la patinoire et reflète la diversité de nos intérêts », a souligné l’ex-journaliste. 

Des élus ont aussi pris la parole, à commencer par le député d’Arthabaska, Eric Lefebvre avouant qu’il est lui aussi, comme le premier ministre François Legault, un fan de Gilbert Perreault.

Le député a notamment rappelé la grande nervosité qui l’habitait la toute première fois qu’il a joué aux côtés de Gilbert Perreault au sein des Essoufflés de Victoriaville. « J’étais à l’aile gauche de Gilbert. Mes mains tremblaient, mais je ne pensais pas qu’elles tremblaient autant. J’étais très impressionné. Gilbert s’en est aperçu. Il s’est approché et m’a dit : Eric, relaxe. Ce n’est pas compliqué. Après avoir franchi la ligne bleue, va te placer devant le filet, tiens ton bâton serré et il restera à la pousser dedans », a-t-il relaté. « C’était un privilège de pouvoir côtoyer Gilbert Perreault tant sur la glace que dans la chambre après la partie et de l’entendre raconter toutes ses anecdotes de la LNH », a-t-il confié. 

Pour sa part, le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, ex-gardien de but de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, a bien fait rire l’auditoire quand, d’entrée de jeu, il a noté « qu’il n’a pas eu la chance d’être en vie » au moment du repêchage de Gilbert Perreault par les Sabres de Buffalo. « Mais votre carrière parle d’elle-même et j’ai beaucoup entendu parler de vous, a-t-il dit. Aujourd’hui, je suis ici comme maire et comme ancien joueur de hockey pour dire que vous avez vraiment laissé votre marque. Je tiens à vous féliciter pour l’ambassadeur que vous êtes pour la ville. Une belle carrière, et nous en sommes tous très fiers. » 

La soirée

Une fois terminée la partie protocolaire, le maître de cérémonie Guy Massé a cédé la parole au président d’Archives Bois-Francs, François Gardner qui, pour l’occasion, reprenait son ancien rôle d’animateur et de journaliste pour interviewer l’ex-joueur étoile et numéro 11 des Sabres de Buffalo.

Juste avant l’entrevue, une capsule historique, agrémentée de chansons d’Elvis Presley, a notamment fait revivre de bons moments de la carrière du Victoriavillois, dont son 500e but marqué le 9 mars 1986.

Toutes les grandes étapes de la carrière de Gilbert Perreault ont été évoquées au fil de l’entretien : son hockey mineur à Victo, sa carrière junior, son repêchage dans la LNH, les événements internationaux, dont la Série du siècle, sa retraite et son après-carrière.

La conversation a été entrecoupée de certains témoignages, dont celui de Réjean Houle, l’ex-porte-couleur des Canadiens de Montréal, qui a salué, par téléphone, son ancien coéquipier junior à Thetford Mines. « Quel bon souvenir, quelle belle période de vie on a eu ensemble, Salutations à tous, salutations aux organisateurs, merci de penser à Gilbert. C’est très mérité l’homme qu’on te rend ce soir », a-t-il fait savoir.

Gilbert Perreault n’a pas manqué de rappeler qu’ils demeuraient, lui et Réjean, chez M. Tanguay à Thetford Mines. « On était dans la même chambre tous les deux. Je vais vous dire, il y en a eu des combats de lutte. Il en mangeait une volée. Il pesait à peu près 140 livres », a-t-il raconté, déclenchant l’hilarité générale. 

Une autre ancienne vedette de la LNH, Marcel Dionne, lui a aussi rendu hommage par le truchement d’une vidéo. En plus de certaines anecdotes, il a souligné le côté humain du célèbre numéro 11. « Gilbert est revenu dans sa ville, a fait beaucoup de choses. Je voudrais le féliciter du point de vue humain, il s’est occupé de sa famille. Ça a toujours été plaisant avec lui, il a toujours été poli. Et s’il se fâchait, il chantait » a-t-il lancé, suscitant les rires.

Différents moments

François Gardner a notamment abordé avec Gilbert Perreault la « French connection », cette ligne québécoise qu’il formait avec René Robert et Richard Martin, tous deux décédés aujourd’hui. Le trio ensemble, en sept saisons, a rappelé M. Gardner, a produit 1681 points, dont 738 buts, pour une moyenne de 3 points par match. « On a eu de belles années ensemble, c’est ce qui est important, a commenté Gilbert Perreault. Sur la patinoire, on n’avait pas besoin de regarder pour savoir s’il était là, il y était. Nous avions l’instinct du hockey les trois ensemble. »

Par ailleurs, Gilbert Perreault regrette de ne pas avoir réussi à mettre la main sur la Coupe Stanley. Mais c’est venu bien près lors de la finale en 1974-75 contre les Flyers de Philadelphie. « La victoire aurait pu aller d’un côté comme de l’autre. Ces années-là, nous avions une bonne équipe, mais il nous manquait quelque chose pour gagner », a-t-il analysé.

Du côté des compétitions internationales, Gilbert Perreault a participé à deux matchs de la Série du siècle contre les Russes en 1972. Mais il a dit comprendre tout à fait que les entraîneurs aient fait appel aux vétérans. « On s’attendait pas à jouer du tout, mais on voulait jouer », a-t-il dit.

Gilbert Perreault a participé à la Coupe Canada à deux occasions, en 1976, puis en 1981 alors qu’il a évolué aux côtés de Guy Lafleur et de Wayne Gretzky.

Il déplore le fait qu’on parle bien peu de la Coupe Canada de 1976. « À mon avis, ça a été l’une des plus belles équipes que j’ai vues. Mais on n’en parle jamais de cette série-là, la première et on l’a remportée. Je jouais alors avec Bobby Hull et Marcel Dionne, et parfois avec Guy Lafleur », s’est-il remémoré.

Celui qui a disputé 1191 parties en saison régulière, récoltant 1326 points, dont 512 buts (et 103 points, dont 33 buts en 90 matchs éliminatoires), a été admis au Temple de la renommée du hockey en 1990. « Je m’y attendais un peu. C’est un bel honneur après une carrière. Quand ça arrive, c’est toute une journée que tu vis à Toronto », a-t-il signalé.

Son admission au Temple de la renommée est survenue trois ans après sa retraite qu’il a prise en 1987 à l’âge de 36 ans. « Quand tu te retires, tu n’es jamais certain si tu as pris la bonne décision », a-t-il observé.

Et sa première entrevue confirmant sa retraite, Gilbert Perreault l’a accordée à François Gardner sur les ondes de CFDA. « Cela démontre ta passion, ton amour de la région. C’est à souligner », a précisé l’intervieweur. 

Les participants à la soirée ont pu également entendre Gilbert Perreault s’exprimer sur son passage chez les Tigres de Victo comme entraîneur et directeur général, sur ses engagements dans la communauté, notamment le tournoi Béliveau-Perreault.

Lors de questions en rafale,  Gilbert Perreault a répondu les noms de Bobby Orr, Mario Lemieux, Wayne Gretzky, Guy Lafleur et Marcel Dionne concernant les joueurs l’ayant le plus impressionné. « Dans notre ligue, c’est Yves Lemieux », a-t-il ajouté sous les amusements de la foule.

Questionné sur les salaires dans le hockey d’aujourd’hui, la réponse n’a pas tardé : « Tant mieux pour eux autres! », avant d’expliquer que tout est une question de « business ».

Gilbert Perreault dit aussi souhaiter de tout cœur le retour d’une équipe de la LNH à Québec, tout en s’interrogeant, toutefois. « Ça va coûter combien? Quel sera le prix du billet? Sera-t-on capable de remplir l’amphithéâtre régulièrement? », a-t-il soulevé, rappelant que tous les joueurs sont payés en argent américain.

Enfin, que souhaite-t-il que les gens retiennent de lui? « Un des plus grands chanteurs de Victoriaville », a-t-il blagué, lui qui, d’ailleurs, a entonné, au cours de la soirée, deux chansons, l’une d’Elvis et le classique « N’oublie jamais ». 

Pour terminer la rencontre, des gens de l’auditoire pouvaient s’exprimer, comme l’ont fait les deux fils de Gilbert, mais aussi un participant qui, sans vouloir lancer un débat, a fait valoir que Victoriaville devrait davantage mettre en évidence Gilbert Perreault. « On a notamment une statue de Jean Béliveau. Mais de Gilbert Perreault, on a un intérieur de building », a-t-il noté, faisant référence à l’amphithéâtre Gilbert-Perreault du Colisée Desjardins. « Pourquoi, a-t-il ajouté, n’avons-nous pas plus que ça?, a-t-il terminé sous les applaudissements du public.