Coop du Coeur : un projet  mijote dans l’église de Sainte-Clotilde

Deux couples, avec des expertises différentes, mijotent un projet qui s’installera dans l’église de Sainte-Clotilde-de-Horton (le cœur de la municipalité) et bénéficiera à l’ensemble de la communauté clotildoise.

Rencontrée directement dans l’église, Zoé Lamontagne, une des initiatrices et la présidente du projet qui porte le nom de Coop du Cœur de Sainte-Clotilde, a tracé les grandes lignes de ce que deviendra, si tout va bien, l’église du village.

Zoé (qui est comédienne et auteure) et son conjoint, le réalisateur Mat Rich, habitent seulement depuis une année ce village dont ils sont tombés amoureux. La sœur de Zoé de son côté, Sarah Lamontagne (conseillère en développement agricole), y demeure depuis une dizaine d’années avec son conjoint qui y est né, Tomy Goulet. Ce dernier exploite depuis plus de 20 ans les Terrres de Bélénos (jeux de rôles grandeur nature) dans la municipalité.

Donc, plusieurs compétences pour mener à bien cette coopérative qui a comme objectif de répondre aux besoins variés des citoyens en leur proposant des activités artistiques ou autres, dans cette magnifique église, trop peu utilisée actuellement.

Le quatuor a ainsi formé une coopérative de travailleurs pour mettre en place une structure de services qui s’installera dans le lieu de culte dont ils souhaitent faire l’achat et qui pourrait ainsi redevenir le cœur du village.

« Il y a déjà eu un projet d’espace communautaire dans le presbytère au départ, puis dans l’église. Un projet déjà réfléchi avec deux plans d’affaires », explique Zoé. La nouvelle coopérative démarre donc sur ces bases en y ajoutant sa touche personnelle, toujours en consultant les citoyens afin que ce qu’on y offrira réponde à leurs besoins et, bien sûr, qu’ils y participent.

La Coop du Cœur de Sainte-Clotilde se forme donc tranquillement, le groupe ne voulant pas sauter d’étapes afin de faire les choses comme il faut et ainsi assurer une pérennité. Zoé explique qu’ils font appel à plusieurs expertises pour les accompagner dans cette démarche importante : Jeune Chambre de Montréal (où elle habitait avant), Réseau Coop, MRC, CDEVR, etc. Toutes les ressources disponibles sont considérées, toujours dans l’objectif d’en faire une réussite.

Échéancier

On ne peut savoir exactement quand le projet pourrait aboutir. En effet, l’échéancier variera selon les étapes. « On veut impliquer la communauté dans le processus et y aller petit à petit, au rythme souhaité par les gens », dit-elle encore.

Actuellement, la coop est en négociation avec la Fabrique pour l’achat du bâtiment. D’ailleurs, lors de l’entrevue, la marguillère Ginette Landry était sur place et a indiqué qu’il y avait de l’ouverture à la nouvelle coopérative, le projet ayant déjà été présenté aux citoyens lors d’une consultation et bien reçu. L’église, faut-il le préciser, accueille toujours une célébration dominicale, aux deux semaines, et on négocie afin qu’elle demeure un lieu de culte (avec un autel portatif peut-être).

Une fois l’église achetée, les nouveaux propriétaires envisagent des modifications minimales afin d’avoir une salle multifonctions. Quant au calendrier d’événements, réalisé à partir d’une étude de marché (spectacles en rodage ou musiciens, chanteurs en émergence et autres), il n’est comblé qu’à 50% afin de laisser les citoyens s’approprier l’endroit également.

« On se donne le temps pour ouvrir les portes. On demande ce qu’on peut apporter aux gens », insiste Zoé. Déjà, il est question d’un café où les gens (les jeunes surtout) pourraient se rencontrer. « Il n’y a plus de restaurant à Sainte-Clotilde », précise-t-elle.

Le quatuor souhaite un espace polyvalent qui pourra s’adapter aux besoins qui peuvent aller du marché public au théâtre, par exemple. Les idées sont nombreuses et l’endroit pourrait aussi être utilisé comme salle de réunion ou espace de travail. « Nous allons être créatifs », indique Zoé.

L’église de Sainte-Clotilde possède déjà un orgue Casavant que la coopérative voudrait conserver et utiliser. L’équipe a fait réaliser une évaluation de son état, dont les résultats devraient être bientôt connus. Il pourrait accompagner, notamment, pour des événements de cinéma muet ou de l’improvisation.

L’endroit pourra également être un lieu de captation et de diffusion de différentes activités et même devenir un employeur pour des jeunes de l’endroit. En effet, pour les besoins scéniques, la Coop du Cœur s’est tourné vers Productions Jeun’Est qui s’occupera de l’installation de l’équipement technique et formera des techniciens, des jeunes du village en l’occurrence, pour les utiliser lors de spectacles.

Au centre du centre

La municipalité de Sainte-Clotilde-de-Horton est composée d’environ 1600 habitants. Toutefois, elle est située tout juste entre Victoriaville et Drummondville (et au centre du Centre-du-Québec), pouvant ainsi proposer ses services aux deux grandes municipalités, tout comme aux plus petites des alentours.

Afin de financer ce projet d’envergure, le groupe pourra obtenir des subventions gouvernementales dans le volet économie sociale. Une campagne de financement participatif, avec La Ruche soutenue par Desjardins, a déjà permis de récolter près de 20 000 $, d’un objectif de 100 000 $. « Et nous sommes qualifiés pour le Fonds Mille et Un pour la jeunesse, un programme gouvernemental qui va doubler le montant si  l’objectif est atteint », précise Zoé. Ce montant permettra, entre autres, d’adapter la salle, de faire l’achat de matériel et de payer les cachets des artistes.

Et pour le financement participatif, des contreparties variées sont proposées ce qui fait que les donateurs, en quelque sorte, se font un cadeau.

Donc la Coop du Cœur est à tisser, tranquillement, les fils qui permettront de relier ensemble les citoyens de l’endroit et de leur offrir un lieu où la créativité et l’implication seront au cœur des décisions.