Pandéformance : une œuvre collective pour rafistoler le tissu social

Depuis quelques semaines, Atoll –Art actuel de Victoriaville accueille l’exposition évolutive et collective « Pandéformance, rafistoler le tissu social », guidée par les artistes Caroline Moreau et Julie-Ève Proulx.

 L’œuvre principale, dans la salle où entrent les visiteurs, est formée d’une vague de laines rouges, accrochée au plafond qui forme, en quelque sorte, une arche. Puis des laines rouges, orange et jaunes (couleurs des niveaux d’alerte COVID) entourent des socles où figurent des mots représentatifs. Ces laines ont été installées par des visiteurs qui ont fait leur chemin entre les différents mots, leur permettant ainsi de réfléchir sur leurs émotions reliées à la pandémie de la COVID-19. C’est ainsi que l’œuvre s’est forgée au fur et à mesure que les visiteurs ont ajouté leur touche personnelle. 

« Pandérormance se veut une occasion de se rassembler, de s’écouter, de se comprendre, de se transformer et de s’entraider, investissant le pouvoir des arts comme pilier de transformation sociale et politique », expliquent les artistes.

Un témoignage collectif donc, d’émotions vécues individuellement pendant la pandémie, mais qui une fois exprimées par la laine, viennent construire, au fur et à mesure, un filet social. Et si au départ le parcours entre les socles était facile pour les participants, il s’est complexifié à mesure que les laines se sont emmêlées. En contrepartie, l’œuvre, qui était au début plus fragile, s’est solidifiée avec le nombre de laines. 

Ce projet artistique de médiation était déjà dans les cartons avant la pandémie. Mais celle-ci est venue modifier le projet, actualisé pour s’en inspirer. Il faut dire que la COVID-19 a bien amoché le tissu social qu’il faut maintenant, dans tous les sens du terme et comme l’exposition le précise bien, rafistoler.

Si Caroline a le rôle d’accompagner les visiteurs dans leur démarche, Julie-Ève, de son côté, contribue en prenant des images, y ajoutant son regard sensible. Quant à Alexandra Tourigny Fleury, elle agit à titre de commissaire pour cette exposition.

Julie-Ève travaille actuellement sur une œuvre en images et vidéos qui viendra s’ajouter et qu’on pourra voir lors du « finissage » de l’exposition, prévu pour le 22 octobre. Cela lui a permis, jusqu’à présent, de voir tout le matériel amassé. « Ce qui ressort beaucoup, ce sont les corps, l’adaptation, le mouvement », apprécie-t-elle. 

Du côté de Caroline, elle a trouvé touchant de voir comment les gens et les groupes ont accepté de se prêter au jeu et ainsi de créer ensemble cette œuvre d’art. « J’ai eu des témoignages de gens qui ont apprécié puisque cela leur a permis de vivre des émotions, ce qu’ils n’avaient pas pris le temps de faire », explique-t-elle. Caroline a également découvert que la manière dont les gens faisaient leur trajet était souvent représentative de leur personnalité.

Outre les chemins de laine, les visiteurs de l’exposition étaient invités à participer à un atelier de création de masques (les fameux masques de procédure). Une occasion pour eux de s’asseoir, de se déposer et s’exprimer par l’entremise des masques.

Ces derniers seront réunis dans une courtepointe qui sera également exposée au « finissage ». C’est Caroline, aidée de sa maman, qui la réalise,

Une phase finale est prévue au projet. Il s’agit d’une collaboration avec la Ville de Victoriaville qui mènera à une nouvelle invitation aux participants de Pandéformance afin de créer une murale qui sera probablement installée sur un mur extérieur de l’Atoll. Reine Bouthat coordonnera cette phase.