Un projet pour favoriser l’inclusion et lutter contre les préjugés

Le Regroupement des organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec (ROPHCQ) a mené, au cours de l’année, un projet intitulé AILP (Activité d’inclusion et de lutte aux préjugés) visant à favoriser l’inclusion et lutter contre les préjugés face aux personnes en situation de handicap. Celui-ci se termine avec l’exposition, à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot de Victoriaville, d’une œuvre collective et 12 individuelles réalisées dans le cadre de cette activité.

Gabrielle Lavoie, du ROPHCQ, a expliqué que toute la démarche est née d’une demande provenant d’intervenants de maisons de jeunes de la région. Ceux-ci souhaitaient sensibiliser les jeunes à l’importance de l’inclusion des personnes qui font face à un handicap, mais également à lutter contre les propos discriminants dont ils sont souvent victimes.

Si les adolescents utilisent souvent des mots (déficient, ortho ou autiste) pour se moquer des autres, ils oublient que ces termes peuvent être blessants pour certains. C’est donc dans un but de sensibilisation, mais également pour faire connaître aux jeunes les différents handicaps et ceux qui vivent avec ces limitations, que le projet AILP a été élaboré.

Il a permis à 25 jeunes fréquentant des maisons de jeunes du Centre-du-Québec (dont celles de Victoriaville, Plessisville et Ham-Nord), de même que de jeunes cadets et les membres du Conseil jeunesse de la Ville de Victoriaville, de mieux voir la réalité d’une vingtaine de personnes vivant avec un handicap qui étaient aussi partie prenante du projet (grâce à la collaboration de Handicap action autonomie Bois-Francs et de l’Association des parents d’enfants handicapés de Drummond).

Une première étape, un atelier de sensibilisation, a permis de présenter aux jeunes et aux intervenants les mythes, mais aussi à découvrir leur vision du handicap, leurs préjugés. Ensuite, grâce à du matériel de simulation (lunettes, casque ou autres), les jeunes participants ont pu découvrir (le temps de visiter leur maison de jeunes, par exemple) ce à quoi font face les personnes handicapées tous les jours. « Ça permet de les sensibiliser et ils peuvent véritablement voir ce que c’est », a expliqué Gabrielle.

La deuxième étape du projet a consisté en un contact avec des personnes en situation de handicap. « Les jeunes devaient trouver un prétexte d’aller à leur rencontre », ajoute-t-elle. Pour cela, une activité sportive avait été prévue, mais la COVID-19 a changé les plans. « Nous avons alors décidé de faire une œuvre par correspondance », dit la coordonnatrice du projet.

Donc on a demandé aux deux parties de remplir un questionnaire contenant une dizaine de questions simples, un genre de descriptif personnel. Ensuite, ils étaient échangés et à partir du descriptif de l’autre, il fallait réaliser une création sur un vinyle (45 tours), représentant la personne. « Nous avons ensuite récupéré les œuvres puis les avons remises à ceux qu’elles représentaient lors d’une rencontre Zoom », raconte Gabrielle.

Un beau moment où chacun avait une enveloppe à ouvrir et pouvait se reconnaître dans la création réalisée entièrement par un autre. « C’était remarquable de voir les réactions et surtout de découvrir à quel point les œuvres étaient représentatives », note la responsable du projet.

Après la remise des vinyles, on a demandé aux participants ce qu’ils retenaient de toute l’expérience et ce qu’il faudrait faire, dans la société, pour être plus inclusif envers les personnes handicapées.

Ensuite, on a fait appel à l’artiste Sophie Chabot qui a intégré tous les vinyles (des copies) à une œuvre collective intitulée « La rencontre ». « Le choix du vinyle a été fait puisque c’est un petit cercle et chacun représente l’individu dans sa bulle », évoque-t-elle. Puis les œuvres individuelles ont été réunies en une collective avec, au centre, le trou du vinyle qui peut représenter la pupille de l’œil, donc le regard de l’autre.

Au cours de l’été, l’exposition s’est promenée à travers le Centre-du-Québec et s’installe à Victoriaville jusqu’en 2022. Les visiteurs, en plus de voir les œuvres individuelles et la collective, pourront, à l’aide de leur téléphone, balayer des codes QR qui leur permettront d’obtenir un extrait sonore des réactions des participants lorsqu’ils ont découvert leur œuvre, mais également le témoignage d’un parent et d’un intervenant de maison de jeunes, face au projet. Des capsules vidéo ont également été montées pour donner un aperçu du projet et les réactions des participants (https://youtu.be/jgg3i97DmKk  https://youtu.be/NSYms9NJcFo) et présentées en première en juin, dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées.

Une belle expérience pour tous les participants qui ont pu, en quelque sorte, se mettre dans la peau de l’autre. Gabrielle Lavoie n’a pas l’intention d’arrêter là. En effet, elle a déjà mis en branle le concept dans six écoles du Centre-du-Québec (dont Sainte-Marie de Princeville et Sainte-Anne de Daveluyville) et auprès du club de basketball Les Astéries. Dans le milieu scolaire, la troisième étape se concrétisera par différentes créations, littéraires notamment. « Les jeunes qui y auront participé deviendront autant d’agents multiplicateurs, des ambassadeurs d’inclusivité », souhaite-t-elle.

Aussi, elle voudrait créer un guide détaillé pour les écoles, ce qui permettrait de récréer le projet un peu partout.