Une expérience enrichissante et valorisante pour André Bellavance

Le maire de Victoriaville, André Bellavance, a présidé, lundi soir, sa dernière séance du conseil municipal. Avant de partir, il a accepté d’échanger sur ses années passées (5 ans et 7 mois) à la tête de la Municipalité, lui qui a été élu en février 2016, puis réélu en novembre 2017.

Interrogé sur le bilan qu’il dresse de son passage à l’hôtel de ville, le maire dit avoir savouré l’exercice du pouvoir, chose qu’il n’a pas connue comme député fédéral.  « J’ai bien aimé être au pouvoir. Le conseil municipal est un gouvernement de proximité avec une capacité d’agir, même dans l’immédiat ou presque. Des actions surviennent à une vitesse que je n’ai pas connue (comme député) », observe-t-il.

Son expérience, André Bellavance la qualifie de valorisante. « Évidemment, on ne fait pas l’unanimité sur toutes les décisions qu’on prend. Mais on sait que nous apportons des changements significatifs pour la population, qui améliorent leur qualité de vie, la sécurité et qui favorisent le développement économique, social et la protection de l’environnement », fait-il valoir. « J’ai beaucoup apprécié la rapidité avec laquelle on peut agir et les résultats qu’on peut observer », ajoute-t-il.

Connu grâce à son passé, André Bellavance, à son arrivée à la mairie, n’allait pas changer sa façon d’être et de travailler. « J’ai toujours conjugué au « nous ». Ça a toujours été l’équipe en partant », assure-t-il, ce qui l’amène à parler de la planification stratégique 2017-2027.

« C’est ce que je tenais à faire d’abord avec et pour le monde. Bien sûr, j’avais ma vision, mes idées et mes priorités. Je voulais entamer un mandat avec un tel exercice qui arrivait à point puisque la précédente planification avait pris fin en 2015 », note-t-il.

Et pour l’élaborer, cette planification stratégique, le maire Bellavance a sollicité la collaboration de tous. « Je disais aux gens : dites-nous quels sont vos priorités et vos besoins? », rappelle-t-il.

Et ces gens, pour lui, c’était tout le monde, les élus municipaux, le personnel administratif, les employés de la Ville, de même que les citoyens. « Et le résultat (la planification stratégique) ne constitue pas un document immuable. Ce sont des orientations avec des objectifs. À ce jour, c’est ce qu’on suit pour répondre aux souhaits de la population. C’est ce dont je suis le plus fier », confie-t-il.

André Bellavance travaille à sa façon, plutôt dans l’ombre, en coulisse, plutôt qu’en public, « le poing sur la table ». Ce qu’il faisait aussi comme député. « Je suis un gars de contacts. Je l’avais souligné, à mon arrivée, que j’allais faire bénéficier la Ville de mon réseau développé avec les années », raconte-t-il.

Ce qu’il a notamment fait dans le cas du réservoir Beaudet, dossier prioritaire quand il est devenu  maire. « Le projet qui marquera mon travail à la mairie, c’est certainement la préservation de l’eau potable », souligne-t-il.

Le recours à ses contacts lui aura servi. Son épinglette de (ancien) député lui donne toujours accès à la colline parlementaire, si bien qu’il peut s’y rendre à sa guise. Il s’y est  rendu pour un rendez-vous François-Philippe Champagne, ministre des Infrastructures, rencontre ratée finalement alors qu’André Bellavance, apostrophé par bien des députés à la sortie de la période de questions, n’a pas aperçu le ministre  dans la foule. Il s’est toutefois repris plus tard à Victo. « Lui vraiment nous a ouvert des portes », rappelle-t-il, menant à un programme et à une contribution fédérale de 16 M $.

Même chose à Québec, processus plus long en raison notamment des différentes démarches environnementales, dont l’audience du BAPE. « Il y avait plusieurs ficelles à attacher impliquant différents ministères. Pour aller chercher de l’argent, c’est moi qui pilotais le tout, qui téléphonais, qui demandais des rencontres avec les ministres avec l’aide d’Eric Lefebvre. Il m’a ouvert des portes. Je ne suis pas peu fier qu’on ait réussi à obtenir le soutien de deux gouvernements », note-t-il.

Un autre projet qui le rend fier, la revitalisation du centre-ville. « Le conseil municipal précédent avait fait part de ce projet qui, à mon arrivée, n’était pas entamé. Et il y avait de la grogne, à l’époque, chez certains commerçants concernant, entre autres les stationnements », se souvient-il.

Mais son expérience passée a fait en sorte, croit-il, qu’il était en mesure de faire preuve « de courage politique ». « Un moment donné, il faut prendre des décisions tout en sachant qu’on ne peut plaire à tous. J’ai toujours été prêt à ça », assure-t-il, tout en faisant remarquer qu’aujourd’hui, le centre-ville s’attire des éloges et a valu des prix à la Ville.

D’autres actions, relève-t-il, apparaissent, certes, moins flamboyantes, mais elles n’en sont pas moins importantes. Comme la vitesse fixée à 40 km/h dans les quartiers. « La vitesse dans les rues constitue la plainte qui revient le plus souvent. Mais l’installation d’un panneau de vitesse ne suffit pas », observe-t-il, d’où le recours à d’autres mesures, des entraves, des bollards, des dos d’âne et des rétrécissements de chaussées, notamment, en plus l’accroissement de la présence policière.

« Ce dossier (du 40 km/h) représente un bel exemple de notre persévérance, on l’a fait de bonne façon pour s’assurer que ça fonctionne. Et on réalise même ensuite des sondages d’appréciation dans les quartiers », fait-il remarquer.

Le climat au conseil municipal

Provenant d’un parti politique (Bloc québécois), habitué au travail en caucus, André Bellavance n’a eu aucun mal à intégrer l’appareil municipal.

« Comme dans n’importe quelle démocratie, tout le monde s’exprime et on fonctionne par consensus », signale-t-il, avouant qu’il a voulu, dès son arrivée, instaurer un conseil harmonieux.

Ce qui n’exclut pas de franches discussions au cours desquelles le ton peut parfois monter parce que l’harmonie ne signifie pas pour autant l’unanimité. « Mais ça n’a jamais été houleux comme conseil derrière les portes closes. Nous n’étions pas à couteaux tirés », affirme-t-il.

À ses débuts, reconnaît-il, la présence d’élus d’expérience, comme Christian Lettre, France Auger et Denis Morin, l’a beaucoup aidé. « Ce que je demandais aux élus, c’était de se placer bien souvent au-dessus de leur quartier et de considérer le bien de toute la ville », fait-il valoir.

Son passage à la Ville, André Bellavance le considère comme une expérience enrichissante. « Au niveau municipal, j’ai côtoyé des gens vraiment fantastiques, des personnes pragmatiques, de beaux exemples. Des gens qui, en général, sont là pour les bonnes raisons », fait-il remarquer, soulignant aussi la reconnaissance des citoyens. « Les gens sont beaucoup plus reconnaissants qu’on pense, énonce-t-il. Ils comprennent qu’on ne peut tout régler d’un coup, mais ils apprécient la ville, sa beauté, la qualité de vie qu’elle procure. »

Il y a ces rencontres avec des modèles dans différents secteurs, des exemples marquent beaucoup, selon lui. Comme Rock Tourigny. « C’est extraordinaire tout ce qu’il fait avec tous ces jeunes. Il forme des jeunes qui vont penser à l’autre et à la planète. De telles rencontres dans ma vie, ça m’a beaucoup apporté. »

Que retiendront les gens?

« Ah, je savais que la question viendrait », laisse-t-il tomber. André Bellavance s’est toujours fait un devoir d’être présent, mais dans le style, il n’a pas la flamboyance de certains politiciens que montrent les médias. « J’ai l’impression, je pense, que les gens se reconnaissent en moi,  qu’ils se disent qu’ils pourraient faire ce que je fais. Il est comme nous. J’aime échanger avec les gens,  je m’intéresse à eux. J’ai un intérêt pour le monde. Je pense que c’est ce que j’aimerais que les gens retiennent, mon côté humain, car ça a toujours été ma préoccupation première », exprime-t-il. 

Il estime ainsi avoir joué son rôle de maire pour tout le monde. « Mais pas pour plaire à tout le monde. Un maire à l’écoute des personnes de tous les milieux, à l’affût de toutes les opportunités et ouvertures possibles », confie-t-il, citant en exemple le partenariat avec le Centre de services scolaire des Bois-Francs dans le complexe Promutuel qui bénéficie à toute la population et qui fait des jaloux ailleurs, selon lui. 

L’avenir

Oui, répond-il, tout de go. La mairie lui manquera, d’autant qu’André Bellavance ne sait pas encore ce que lui réserve l’avenir.

« Je ne sais pas encore ce que je vais faire », dit-il, rappelant que sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat ne concernait pas « l’immédiat ». « J’ai encore le goût. Un autre mandat aurait assurément été mon dernier tour de piste politique. Mais je ne voulais absolument pas faire un mandat de trop et me rendre compte dans deux ans… Ça aurait pu très bien se passer. Ça va actuellement très bien, mais ma vie politique, comme élu, dure depuis presque 20 ans. »

Le contact avec les gens lui manquera, avoue-t-il, mais il ne demeurera pas inactif. « Je ne prends pas ma retraite », lance-t-il. Mais aucune avenue ne se dessine pour le moment. « Je n’ai pas eu le temps d’explorer aucune poste ou entamer des démarches. Je suis maire à temps plein et on a eu des trucs importants à régler », précise-t-il.

Chose certaine, un retour en politique ne figure pas dans ses plans. Et certainement pas dans Arthabaska. « Eric Lefebvre fait un bon travail. Je n’ai pas l’intention de me présenter quelque part. Ce n’est pas dans mes plans. Je ne m’en vais pas nulle part », assure-t-il, tout en ne pouvant dire cependant que ça n’arrivera plus jamais.

André Bellavance se voit maintenant comme un agent libre, ouvert aux possibilités.  Doté d’un carnet de contacts bien garni, il reconnaît avoir parlé à des gens qui lui ont fait mention de certaines ouvertures. Mais rien de précis. « Mon champ de possibilités est quand même vaste. Je peux me permettre de m’asseoir, de prendre le temps d’évaluer ce que m’intéresse vraiment », conclut-il.