Les services en sexologie plus accessibles par la téléconsultation

La pandémie l’ayant contraint à adapter sa façon de faire, le sexologue Patrice Bécotte, un Plessisvillois d’origine, a finalement adopté la téléconsultation en guise de pratique, ce qui, selon lui, contribue à rendre plus accessibles les services.

De plus, après avoir pratiqué dans la région montréalaise à la suite de l’obtention de son baccalauréat en sexologie à l’Université du Québec à Montréal, Patrice Bécotte, est revenu dans la région en mai pour s’établir à Warwick.

« J’ai obtenu en 2018 mon diplôme à l’UQAM, le seul endroit en Amérique du Nord où on propose un baccalauréat en sexologie qui donne accès au permis de l’Ordre professionnel des sexologues du Québec. Puis j’ai travaillé à Montréal jusqu’en avril dernier », souligne-t-il en entrevue téléphonique avec le www.lanouvelle.net.

Une telle formation aborde de nombreux aspects, de la psychologie humaine jusqu’à l’identité de genre en passant par les troubles sexuels, le développement sexuel des enfants, des adolescents, des adultes, des aînés, la contraception, l’identité sexuelle, les questions relationnelles et l’histoire de la sexualité, entre autres. « C’est vraiment un domaine multidisciplinaire »,  note-t-il.

Sa formation terminée, Patrice Bécotte a travaillé dans une clinique médicale privée La Licorne, en plus d’œuvrer pour un programme d’accès rapide aux services de santé mentale dans un organisme communautaire. « J’offrais les mêmes services en sexologie, mais à des coûts moindres pour les hommes gais pouvant éprouver davantage de difficultés à se payer des services privés en sexologie », précise-t-il.

L’impact de la pandémie

 Son retour dans la région n’est pas étranger à la pandémie. Quand le Québec a été mis sur pause en mars 2020, Patrice Bécotte, comme bien d’autres collègues, a adopté la téléconsultation pour continuer à desservir sa clientèle. « Depuis, je ne suis pas revenu au bureau. Je n’ai pas recommencé en personne », dit-il.

Diverses raisons motivent son choix de conserver la téléconsultation. « Pendant plusieurs mois en télépratique, j’ai, non seulement pu renouer avec les valeurs familiales, mais j’ai aussi compris qu’avec cette façon de faire, je pouvais avoir une clientèle à la grandeur du Québec. Ça m’ouvrait donc des portes », observe-t-il.

Et des valeurs comme la proximité de la nature, la simplicité, la tranquillité et la famille expliquent sa décision de revenir dans la région.

La pratique virtuelle

 Si certaines personnes peuvent moins apprécier la formule en ligne, le sexologue a constaté que, pour bon nombre de citoyens, « le sentiment de confiance, le contact, la relation thérapeutique s’installent très bien, aussi bien qu’en personne ».

Même que, croit-il, l’accès au service s’en trouve amélioré. « On évite les déplacements, le trafic,  les stationnements. Pour plusieurs, cela constitue un gros plus, ça simplifie les choses. Par exemple, je vois des gens tôt le matin avant le boulot », fait-il remarquer.

Patrice Bécotte, malgré que la consultation en ligne fonctionne très bien, ne ferme pas complètement la porte, dit-il, à un certain retour en présentiel. « Je n’ai jamais fermé la porte, mais je ne pense pas que ce soit en présence à temps plein du lundi au vendredi », souligne-t-il, tout en précisant qu’en fonction de la demande, il n’exclut pas ouvrir un bureau à raison d’une ou deux journées par semaine. « Cela pourrait peut-être mieux satisfaire les suivis de couples. Un tel suivi, en télépratique, est assez particulier », constate-t-il.

Les problématiques

Les gens consultent en sexologie en raison de problématiques très variées. Et les consultations, signale le sexologue Bécotte, vont bien au-delà de l’aspect génital et des troubles sexuels, comme l’érection et les enjeux liés au désir, aux inconforts ou à la baisse d’excitation. « Oui, cela fait partie des interventions. Mais il y a tous ces enjeux relationnels, la communication, la connexion intime, la communication sexuelle, soit la capacité de bien partager nos envies, nos besoins à notre partenaire, en plus des enjeux d’estime de soi, corporelle et personnelle, sans oublier le vieillissement et la sexualité. Ça peut poser certains questionnements et préoccupations », expose-t-il.

Le spécialiste fait aussi valoir ces malaises en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Dans sa pratique, il rencontre bien des personnes issues de la communauté LGBTQ+, notamment. « C’est que, durant mon baccalauréat, j’ai travaillé dans un organisme communautaire s’adressant à la diversité sexuelle. Ainsi, mon nom a peut-être davantage circulé à ce niveau. Beaucoup de gens vont me contacter pour avoir un espace pour partager, se permettre d’explorer, de faire des introspections vis-à-vis leurs besoins et désirs autant intimes, sexuels que relationnels en lien avec les enjeux que peut amener le fait de faire partie de la diversité sexuelle », explique-t-il, tout en ajoutant que ses services s’adressent à tous, peu importe le genre ou l’identité, même si, dans sa pratique, sa clientèle est davantage masculine. « Peut-être qu’il est plus facile pour certains d’aborder leur sexualité avec un autre homme », laisse-t-il tomber.

Patrice Bécotte, par ailleurs, au fil du temps et de sa pratique, a développé un champ plus spécifique pour les individus qui, dit-il, présente des enjeux de consommation et de sexualité, ou de consommation en contexte sexuel.

Une consultation avec le sexologue dure 50 minutes pour les rencontres individuelles et 75 minutes pour les couples. Quant à la fréquence, Patrice Bécotte ne propose que des rencontres hebdomadaires ou bihebdomadaires. « Aux trois semaines ou au mois, on manque de suivi entre les rencontres. Car au fil des discussions, on s’oriente vers un objectif assez clair. Il faut donc être assidu pour travailler, faire des exercices ou adopter des stratégies qu’on met en pratique dans la vie courante et observer si un changement s’opère », formule-t-il.

Quant au nombre de rencontres nécessaires, il varie beaucoup. « Parce que le but de la sexologie, ou de la relation d’aide en sexologie, consiste à outiller suffisamment l’individu pour qu’il devienne autonome face à l’enjeu ou à la problématique qu’il vit », mentionne le sexologue, tout en affirmant que la fin du suivi ne survient pas quand tout est parfait ou résolu. « Peut-on vraiment y parvenir, peu importe le domaine? Je ne crois pas. Mais une fois que nous avons un sac à dos rempli de diverses stratégies, d’outils pour bien vivre son intimité, sa sexualité, ses relations, le suivi peut alors prendre fin », signale-t-il.

Et à quel moment devrait-on consulter? Le plus tôt est le mieux, répond Patrice Bécotte. Il vaut mieux, note-t-il, effectuer un travail de positionnement plus tôt dans la vie que de devoir panser des blessures que laissent certaines problématiques, comme des comportements non désirés ou de la violence psychologique ou sexuelle.

Le sexologue suggère donc d’y voir dès qu’un malaise se pointe, qu’un inconfort survient ou une difficulté à identifier ses besoins ou à communiquer. « Je pense qu’à ce moment, il faut chercher de l’aide, que ce soit auprès d’organismes communautaires ou de professionnels dans le secteur public ou privé pour obtenir un soutien. »

Non seulement Patrice Bécotte considère important les cours de sexualité à l’école, mais prêchant pour sa paroisse, il verrait d’un bon œil la présence de sexologue dans les établissements. « Ce professionnel est un spécialiste de l’intimité et de la sexualité. Il y a un degré de confiance qui s’installe quand on sait que la personne devant soi est un spécialiste dans ces domaines. Oui, en groupe, les cours qui se donnent, c’est très positif. Mais de pouvoir compter ponctuellement ou de façon plus récurrente sur un sexologue, ce serait un très grand plus pour outiller nos jeunes afin de les aider à vivre dans le respect d’eux-mêmes et des autres et leur faire prendre conscience de l’aspect affectif, émotionnel qui entre en ligne de compte au niveau de l’intimité et de la sexualité », a-t-il soutenu.

Les intéressés peuvent consulter le site Internet du sexologue à l’adresse www.patricesexologue.com.