Crimes sexuels : le juge refuse la suggestion commune

Visiblement mal à l’aise devant la suggestion proposée par les parties dans le dossier de René Bergeron qui a agressé sexuellement deux jeunes femmes, dont une adolescente de 13 ans, le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec leur a fait savoir qu’il ne pouvait y donner suite.
 

Au palais de justice de Victoriaville, vendredi après-midi, la procureure de la poursuite, Me Cynthia Cardinal, et l’avocat de Bergeron, Me Jean-Philippe Anctil, ont proposé une peine globale de 26 mois d’emprisonnement à laquelle on aurait retranché la détention provisoire. 

 

La suggestion a placé le juge Langelier dans une position inconfortable puisqu’il a déjà représenté l’accusé dans le passé comme avocat de l’aide juridique. « C’est la première fois depuis que je siège comme juge (2012) que je n’accepte pas une suggestion commune. Habituellement, je suis à l’aise puisque ce sont des suggestions réfléchies par les parties, a-t-il expliqué. Mais avec les faits qui ont été relatés, et une victime de 13 ans, j’éprouve un réel malaise. »

 

Accepter une telle proposition, selon lui, donnerait « un arrière-goût » concernant  l’administration de la justice, ce qui serait de nature à miner la confiance du public.

 

René Bergeron, le 9 septembre, en disposant de ses dossiers, a permis d’éviter deux procès. Il a reconnu avoir agressé sexuellement, en mai 2020, une adolescente de 13 ans.  

 

En rappelant les faits, Me Cardinal a relaté que René Bergeron, dans son véhicule avec la victime, consommait des stupéfaits. Il s’est arrêté, à un certain moment, dans un endroit isolé où il s’est livré à des contacts sexuels, disant « qu’il allait lui faire découvrir l’orgasme ». Il lui a aussi offert « d’être sa maîtresse », a souligné la représentante du ministère public.

 

Dans le second dossier, le Victoriavillois de 50 ans a plaidé coupable à des accusations d’agression sexuelle armée, de séquestration et de menaces, des événements survenus en février 2021. 

René Bergeron a agressé une jeune femme d’à peine 18 ans qu’il a aussi emmenée en véhicule dans un lieu isolé et boisé.

Me Cardinal a fait état d’altercation physique et de pénétration anale et vaginale à bord du véhicule alors qu’un couteau se trouvait piqué sur le tableau de bord. « Il l’a aussi menacée en lui disant qu’il allait la tuer si elle parlait », a fait savoir la représentante de la poursuite.

Plus tard, chez lui, il l’a frappée, a raconté Me Cynthia Cardinal, en plus de se mettre à l’étrangler. 

 

Les victimes, lors des représentations sur la peine, ne tenaient pas à se faire entendre devant le Tribunal. Mais elles se sont exprimées par écrit.  « Les conséquences ont été désastreuses pour elles », a noté Me Cardinal.

 

Le juge Langelier l’a aussi constaté à la lecture des écrits, parlant d’effets psychologiques importants, d’anxiété, de dépression, même de tentative de suicide, du moins pour l’une d’elles.

 

Pour les victimes, a souligné Me Cardinal, la reconnaissance des crimes par René Bergeron a constitué un énorme soulagement.  L’adolescente de 13 ans a même confié qu’aucune peine ne fera disparaître les conséquences de l’agression.

 

« Même si ce que vous proposez pouvait satisfaire les victimes,  je ne peux pas en fonction d’une saine administration de la justice. C’est trop délicat comme situation », a fait valoir le président du Tribunal.

 

Ainsi, le dossier a été reporté devant un autre magistrat. En fait, c’est la juge Dominique Slater qui entendra les parties le 13 octobre.