Un mois pour découvrir l’expo de Montserrat Duran Muntadas

Mercredi dernier, c’était soir de vernissage au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger du Carré 150 de Victoriaville. Un premier « presque vrai » vernissage depuis plus d’un an à la galerie d’art puisque les gens ont pu découvrir l’exposition (avec masque) et entendre l’artiste confortablement assis (sans masque).

 

C’était l’occasion de découvrir le travail de l’artiste d’origine catalane, Montserrat Duran Muntadas, avec cette exposition qui est en place jusqu’au 16 octobre et qui s’intitule « Engendrer l’impalpable ».

Rencontrée quelques minutes avant le

vernissage, l’artiste a présenté son travail, dont le thème principal est la maternité. « C’est une exposition qui rejoint deux projets. Le premier s’appelle « Mes beaux enfants et autres anomalies » et le second « Le poids de l’inexistant ». Deux projets qui questionnent sur la maternité : vouloir ou pas être mère, pouvoir ou pas être mère », explique-t-elle. Des questionnements auxquels l’artiste a fait face personnellement, étant immigrante au Québec, loin de sa famille et ayant à déterminer si elle fonderait elle-même sa famille.

Des œuvres qui sont formées de verre soufflé en majorité (il y a aussi d’autres techniques) et de tissus. Deux éléments différents, mais complémentaires aussi. 

Dans la vitrine extérieure, de petites pièces, des ovoïdes comme elle les surnomme, faits de verre et de tissus colorés. Des êtres en devenir, en résumé. À l’intérieur, des œuvres aériennes qui représentent des fibromes (qu’on retrouve parfois dans les utérus et qui se nomment en fait léiomyome). Des anomalies qui causent soucis quand elles sont dans le corps, mais lorsqu’on s’y attarde, on voit qu’elles sont, en fait, très jolies. Montserrat a ainsi voulu les reproduire, selon son interprétation, ce qui donne, esthétiquement, un très doux et joli résultat. « Nous, les femmes, on a beaucoup de problèmes et maladies au niveau de notre système reproductif, mais on en parle pas souvent. C’est un thème qu’on dirait tabou. Pourtant, pourquoi pas? », se demande-t-elle. Un sujet dont on parle peu et qu’on aborde encore moins dans le milieu de l’art.

« Ce ne sont pas des représentations réalistes. Il y a un travail sur la forme, avec le verre et avec les tissus qui est assez exceptionnel », indique la commissaire de l’exposition, Pascale Beaudet. Il faut mentionner la grandeur des pièces en verre soufflé, pas évidentes à créer. Montserrat confie qu’elle soufflait les pièces au départ, mais lorsqu’elles sont trop grandes et donc lourdes à manipuler, c’est son conjoint qui s’en occupe, selon ses spécifications. « En verre soufflé, quand on commence une pièce, il faut la terminer. Avec le tissu, c’est tout le contraire. Je peux modifier la pièce si l’idée change. Deux matériaux complètement différents », précise-t-elle.

« Montserrat réussit à transformer une expérience vraiment pas agréable en quelque chose de plus grand, de différent et d’esthétiquement agréable », ajoute la commissaire.

L’exposition propose également un ensemble de six pèse-bébés avec des boules de verre vides dessus. « Ça parle de la perte de l’enfant. Un bébé qui ne va jamais exister, mais qui a tout de même vécu quelques mois dans la personne », indique l’artiste en ajoutant qu’il s’agissait d’un autre sujet dont on parle peu dans notre société. 

Les visiteurs découvriront également, lors de cette exposition, l’œuvre simple et touchante « Pendant que tu dormais ». Il s’agit d’un ancien berceau dont le fond est constitué d’un maillage de verre. Une œuvre fragile qui expose toute la sensibilité et la fragilité de la vie des enfants. Le son d’une berceuse catalane vient compléter l’installation. Suit « psaume », un véritable psaume de la Bible inscrit discrètement dans des boules de verre.

L’exposition se termine avec le revers de la vitrine extérieure qui représente l’autre personnalité de l’artiste. D’un côté, des tissus fleuris pleins de couleurs qui rappellent l’Espagne et, de l’autre, le blanc de la neige apaisant. Bref, les deux vies de Montserrat. Finalement, un propos très fort présenté dans des œuvres délicates et fragiles qui viennent parfaitement appuyer le questionnement que l’artiste souhaite susciter chez les visiteurs.