Agathe Pellerin : plus de 40 ans à servir la communauté haïtienne

Agathe Pellerin était sur place en 2010 lorsqu’Haïti a été frappé par le séisme meurtrier qui a fait quelque 315 000 morts et qui a laissé de douloureux souvenirs à ses habitants, notamment dans la capitale à Port-au-Prince.

Le 14 août dernier, elle venait à peine de quitter le sol haïtien en direction de Fort Lauderdale lorsqu’elle apprit que le pays était de nouveau secoué par un violent tremblement de terre qui a fait plus de 2000 morts et réduit en poussière plus de 50 000 maisons notamment dans la commune des Cayes et ses alentours situés à 150 km à l’ouest de la capitale.

Dès son arrivée en sol floridien en attendant de repartir vers le Québec, elle a réussi à rejoindre son réseau d’amis via l’application Whatsapp pour apprendre que tous étaient en santé. « J’ai également été rassurée puisqu’il n’y avait aucun dommage à la maison que je loue à Port-au-Prince depuis une vingtaine d’années. »

Mme Pellerin a expliqué que le tremblement de terre a frappé cette fois une région moins dense en population. « Je suis surtout inquiète sur la façon dont on pourra acheminer l’aide dans ces petits villages. »

Loin d’une retraite

Originaire de Sainte-Sophie-d’Halifax, Mme Pellerin a passé les 40 dernières années de sa vie au service de la communauté haïtienne. Elle n’en revient tout simplement pas des malheurs qui continuent d’affliger le pays.

Âgée bientôt de 71 ans (sa fête est le 22 septembre), elle pourrait décider de prendre sa retraite et de rester au pays. « Tant que j’aurai la santé et que je me sentirai utile auprès de la population haïtienne, je continuerai de leur partager mon expérience et mes connaissances », de dire celle qui sera d’un prochain vol en milieu de semaine pour retourner en Haïti après avoir passé les deux dernières semaines dans la région à revoir sa famille et de vieilles connaissances.

Mme Pellerin travaille depuis une dizaine d’années pour le compte du ministère de la Santé d’Haïti comme gestionnaire de projets, mais elle est surtout connue pour son implication bénévole alors qu’elle sert notamment d’intermédiaire pour la Marche du pain Odette-Doyon, Partenaires 12-18 et pour l’AQANU des Bois-Francs qui contribuent financièrement à divers projets d’aide. Elle s’assure que l’aide humanitaire se rende à bon port.

Pour ce qui est de la COVID-19 et de ses variants, les Haïtiens ne croient pas qu’elle existe, avance Mme Pellerin. Elle n’aurait fait que 580 victimes sur une population de 12 millions de personnes. « Le pays a reçu un don de 500 000 doses et seulement 25 000 personnes se sont fait vacciner en deux mois. Je crains qu’il y ait un fort gaspillage de vaccins à leur expiration en novembre. Pourtant, elle existe bien puisque j’ai connu une femme médecin qui en est décédée. »

Selon Mme Pellerin, les Haïtiens sont beaucoup plus préoccupés par les gangs de rue qui font du kidnapping en retour de rançons et… les tremblements de terre que par la COVID. « Moi-même, je limite mes déplacements au minimum, soit pour le travail (situé à quelques minutes de sa maison) et à l’épicerie une fois par semaine. C’est un ami qui se charge de toutes mes autres commissions. »

Comme elle le fait chaque fois, ce sont les valises remplies de vêtements, de livres (grammaires et dictionnaires) et de jouets pour les enfants, notamment des ballons de soccer et cordes à danser, qu’elle retournera auprès de la communauté haïtienne.

Aux gens de la région, elle les invite à supporter les initiatives locales tout en ne jamais oublier les gens plus pauvres que nous.