Plombs tirés : l’accusé condamné à la prison

Raphaël Ringuette, ce Victoriavillois qui a fait des siennes le 11 mars avec un pistolet à air comprimé à l’intersection des rues Tourigny et Saint-Jean-Baptiste, a été condamné, mardi avant-midi, à une peine de deux ans moins un jour à laquelle la juge Dominique Slater de la Cour du Québec a retranché la détention provisoire équivalant à huit mois.

Détenu depuis les événements, l’homme de 35 ans doit donc demeurer derrière les barreaux pour une période de 16 mois moins un jour.

Avant l’imposition de la peine, Raphaël Ringuette a disposé de ses dossiers, plaidant coupable aux accusations d’utilisation d’une arme en vue de commettre une infraction, à savoir des méfaits, d’entreposage non conforme d’une arme que les policiers ont retrouvée sur une table chez lui. Il a aussi reconnu sa culpabilité à l’accusation d’avoir possédé une arme alors que celui lui était interdit.

Le Victoriavillois a aussi admis ses torts en lien avec d’autres événements, à savoir une entrave à deux policiers le 28 juillet 2020, une possession de cinq comprimés de méthamphétamine le 10 septembre 2020, des menaces proférées le 27 février 2021 en plus du non-respect de certaines conditions.

Concernant le 11 mars, en fin de journée, des images vidéo montrent Raphaël Ringuette à l’intersection des rues Tourigny et Saint-Jean-Baptiste. À un moment, il vise, avec son pistolet à air comprimé, un véhicule en mouvement dans lequel trois personnes prenaient place. Il a aussi, avec son arme, fait voler en éclat la vitre de la porte d’un logement de la rue Saint-Jean-Baptiste. 

Avant de recevoir sa peine, le Victoriavillois a pu s’exprimer et a dit regretter ses gestes commis alors qu’il était intoxiqué. « Je n’ai jamais voulu viser personne. Je visais le véhicule. Je voulais leur faire peur parce que je croyais qu’ils riaient de moi. Je n’ai pas réfléchi, j’étais en état de consommation. Je regrette amplement mes gestes. C’était un mauvais move. Je réalise l’impact et le danger que cela a pu occasionner », a-t-il dit.

Les représentations

Le procureur de la poursuite, Me Michel Verville, a plaidé pour l’imposition d’une peine de deux ans moins un jour, faisant valoir les critères de dénonciation et de dissuasion. « Mais surtout pour susciter la conscience de la responsabilité de ses actes. Des gestes dangereux, l’usage de violence en plein jour, au centre-ville, sans se soucier de la vie d’autrui », a-t-il souligné.

Il a évoqué, de plus, la dissuasion générale pour éviter que quiconque soit tenté d’imiter de tels gestes. « Les gens n’ont pas conscience que la vélocité des projectiles peut amener à considérer une telle arme comme une arme à feu, ce qui conduit à des peines minimales sévères d’emprisonnement de quatre ou cinq ans », a exposé Me Verville.

En défense, Me Jean-Philippe Anctil a fait valoir la consommation abusive de substances de son client qui, a-t-il noté, n’est pas un être intrinsèquement violent. « C’est la consommation qui l’a amené devant les tribunaux au fil des ans. Détenu depuis cinq mois, il est sevré et sobre. Ça paraît dans son discours. De plus, il reconnaît entièrement sa responsabilité et il a collaboré à l’enquête », a observé Me Anctil, tout en suggérant une peine d’emprisonnement de 15 mois. « C’est une peine sérieuse qui envoie un message à la société comme quoi on ne peut utiliser une arme à air comprimé sans avoir de conséquence », a-t-il terminé.

Décision de la Cour

Après avoir pris l’affaire en délibéré un court moment, la juge Slater a repris place dans la salle d’audience pour expliquer notamment qu’en matière d’arme à feu, les objectifs de dénonciation et de dissuasion doivent primer. « La société ne tolère pas que les gens se promènent avec des armes. Et vous, vous l’avez utilisée en plein jour de façon aléatoire. La suggestion du ministère public me semble tout à fait appropriée. Même qu’elle aurait pu être plus sévère. On ne peut tolérer ce genre de comportement. Je sais qu’il n’est pas facile de se défaire d’une dépendance, mais il est grand temps, Monsieur, de vous reprendre en main », a fait savoir la présidente du Tribunal à l’accusé.

À sa sortie du centre de détention, Raphaël Ringuette se trouvera sous le coup d’une période de probation de deux ans. Il lui sera interdit également de posséder des armes pour une durée de 15 ans.