Les microdistilleries étouffées par une injustice réglementaire

L’Union québécoise des microdistilleries (UQMD) dénonce la réglementation injuste qui force ses membres à payer une majoration (l’équivalent d’une taxe de 52%) sur les spiritueux qu’ils vendent à leur propriété. L’État perçoit ainsi des revenus sur des ventes, sans assumer les frais associés à la main-d’oeuvre, à la gestion d’une boutique ou à la manutention des bouteilles lorsque vendues sur les lieux de production des microdistilleries, les privant ainsi d’importants revenus qui menacent leur développement.

Malgré une hausse des ventes de 87% des spiritueux provenant des microdistilleries québécoises entre 2019 et 2020, du jamais vu dans les autres catégories de produits alcoolisés, les microdistilleries sont aux prises avec une barrière les empêchant de se développer à leur plein potentiel : les majorations perçues pour les bouteilles vendues en propriété engloutissent les profits qui devraient leur revenir. En moyenne, les ventes à la propriété ne représentent que des revenus négligeables pour le gouvernement alors que ces mêmes montants pour une petite entreprise sont essentiels pour son développement d’affaires.

L’industrie en attente d’une action du gouvernement

Alors qu’ils pourraient profiter de l’effervescence et de l’engouement que connait le secteur des spiritueux québécois et de la captivité touristique engendrée par la pandémie, de nombreux microdistilleurs sont à bout de souffle et peinent à embaucher de nouveaux employés, à se procurer l’équipement nécessaire ou à investir dans leurs entreprises pour développer de nouveaux marchés en étant privés de ces revenus. Bien que le gouvernement s’était engagé à agir à temps pour la saison estivale, l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD) et ses membres ont dû se contenter d’un bien maigre 2 $ par bouteille plutôt que d’un beau 20 $ de moyenne à laquelle ils auraient droit comme les autres producteurs d’alcool. Une autre occasion manquée de soutenir le développement régional et la créativité de nos artisans québécois.

Rappelons que leurs produits sont les seuls produits alcoolisés pour lesquels il est prélevé une majoration sur la vente à la propriété, et que le Québec est la seule province canadienne où les revenus des producteurs, pour leurs ventes sur place, sont en dessous de la barre des 50%. 

En effet, sur chaque dollar de vente, seulement 30 sous reviennent aux microdistilleurs pour les ventes à la propriété.

Des solutions simples à portée de main

Les microdistilleurs, au même titre que les autres producteurs d’alcool, devraient pouvoir mettre en place leur vision de croissance pour l’industrie et avoir l’ambition de voir le Centre-du-Québec s’imposer sur la scène internationale. Des solutions simples et équitables pourraient facilement être mises en place pour pallier cette iniquité. En ce sens, l’UQMD et ses membres ont proposé au gouvernement plusieurs solutions et approches différentes pour permettre une distribution plus équitable des revenus, tout en laissant une marge de manoeuvre aux producteurs et la liberté de toucher les marges qui leur reviennent.

Le portrait des microdistilleries au Québec 

⎯ Plus de 60 établissements répartis dans la province, dont quatre au Centre-du-Québec ;

⎯ Plus de 250 produits différents vendus, un nombre 12 fois plus élevé qu’en 2015 ;

⎯ Augmentation des ventes de 87% entre 2019 et 2020 ;

⎯ 30% seulement des revenus générés par la vente sur place reviennent directement aux microdistilleries québécoises, alors que la moyenne canadienne se situe en haut de 85%.

« Les microdistilleries sont maintenant partie intégrante du paysage de producteurs de boissons alcoolisées au Québec. Le gouvernement doit mettre fin à l’injustice s’il souhaite préserver l’industrie et son potentiel de développement économique et touristique. Plusieurs de nos membres sont à bout de souffle. La réglementation en place freine carrément leur développement et compromet leur avenir. Nous demandons au gouvernement d’agir pour que nous puissions toucher les revenus qui nous reviennent. Au-delà de ses belles paroles, le gouvernement doit passer à l’acte », a souligné Jonathan Roy, président de l’Union québécoise des microdistilleries.