La Maison Marie-Pagé a su naviguer en eaux troubles

Comme bien d’autres, la Maison de fin de vie Marie-Pagé de Victoriaville, son personnel, ses bénévoles et ses résidents ne l’ont pas eu facile en 2020-2021 avec la pandémie. « Avec le recul, on peut dire qu’on a saprément bien réussi », commente Daniel Mercier, président du conseil d’administration.

La Maison Marie-Pagé peut se targuer de n’avoir connu aucun cas de contamination à la COVID-19. Il faut dire que toutes les mesures imposées par la santé publique ont été suivies à la lettre, et même plus. « On en a mis un peu plus que n’en demandait le client. Et ça a été payant. On n’a enregistré aucun cas », souligne M. Mercier.

Le respect des mesures, parfois, faisait bien mal au cœur. « Ce qui a été le plus difficile, c’était la restriction des visites pour les familles. On était restreint à un ou deux visiteurs. Pour nous, ça allait à l’encontre de nos valeurs. Ici, habituellement, les portes sont ouvertes à tout le monde », signale la directrice générale Nathalie Provencher. Malgré la situation, les familles ont bien coopéré. « Elles ont, en général, compris le message », note le président du CA.

Les statistiques

La pandémie a fait en sorte que la Maison Marie-Pagé a accueilli en ses murs un peu moins de résidents, 85 cette année, comparativement à 110 en moyenne en temps normal.

« On se souviendra qu’en avril, l’an dernier, il a fallu demander à nos bénévoles de demeurer à la maison. Il n’y avait que nos employés », indique Nathalie Provencher. Le nombre d’heures de bénévolat a ainsi chuté, passant de 17 000 heures en temps normal à 10 655 heures au cours de la dernière année.

En raison du grand nombre de règles et de mesures à observer, le nombre d’admissions a donc dû être revu à la baisse. « Le personnel en place avait plus de tâches à effectuer », observe la directrice générale. Parmi les 53 hommes et 32 femmes qui ont terminé leur vie à Marie-Pagé, la grande majorité, 61, provenant du territoire de la MRC d’Arthabaska et 19 autres de la MRC de L’Érable.

Ces hommes et femmes, dont la moyenne d’âge s’élève à 76 ans, ont séjourné 16 jours en moyenne dans l’établissement, ce qui se situe dans la moyenne provinciale.

Pour honorer la mémoire des disparus, on espère bien cette année pouvoir tenir, comme on le fait habituellement, une commémoration, ce qui n’a pas été possible cette année. « Les familles nous disent que ça les aide à boucler la boucle. Ça leur a manqué cette année », mentionne Nathalie Provencher.

Depuis son ouverture en novembre 2013, en sept ans et demi d’existence, le personnel et les bénévoles de la Maison Marie-Pagé ont pu côtoyer environ 800 familles.

Une nouvelle venue

La Maison Marie-Pagé a recruté Julie Godbout pour occuper, à raison de trois jours par semaine, le poste de coordonnatrice en communication et en philanthropie afin de l’aider à faire connaître ses réalisations et à supporter la réalisation des activités de financement.

Avec la pandémie, les activités de financement, comme le golf et la pièce de théâtre, ont été mises sur pause. « Pour relancer nos activités, il était essentiel d’avoir quelqu’un pour nous appuyer. Avec Julie, on relancera ces activités essentielles, le golf et le théâtre, qui génèrent des revenus nécessaires », fait valoir Daniel Mercier.

Le financement de la Maison Marie-Pagé provient à 75% du gouvernement, mais elle doit donc combler la balance dans le milieu. La nouvelle venue se dit vraiment heureuse de joindre l’équipe. « C’est un beau cadeau pour moi, d’autant que j’ai été bénévole, ici. J’ai aussi participé aux pièces de théâtre. J’avais déjà la Maison tatouée sur le cœur », exprime Julie Godbout.

Son ajout porte à 32 le nombre d’employés, dont 31 permanents, à savoir 8 infirmières, 8 infirmières auxiliaires, 10 préposées aux bénéficiaires, une directrice générale, une directrice de soins, une adjointe à la direction, une coordonnatrice des bénévoles et une comptable.

Depuis les débuts, la Maison Marie-Pagé compte également, dans ses rangs, trois médecins, trois femmes, qui, à tour de rôle, assurent une visite aux résidents à raison de deux ou trois fois par semaine.

Réalisations et projets

Si les principales activités n’ont pu être tenues en raison de la pandémie, la Maison Marie-Pagé a pu tout de même tenir son tirage annuel qui a connu un franc succès, sans compter la vente de chocolat de Pâques.

L’établissement a mis en place, par ailleurs, un programme d’aide aux employées avec une physiothérapeute pour leur permettre notamment d’échanger entre elles.

Pour la prochaine année, la Maison Marie-Pagé ne chômera pas avec la relance des principales activités de financement. On ne ménagera pas les efforts non plus pour le recrutement de bénévoles et d’employés. On a observé un bon roulement d’employés dans la dernière année pour diverses raisons, dont la pandémie.

« Il y a bien sûr la course aux salaires. Tout le monde s’arrache les gens. En janvier, on a donné un coup de barre en haussant les salaires pour tous les postes. On commençait à perdre du monde. Il était essentiel de se montrer intéressant », explique Daniel Mercier.

Le recrutement constant est le propre de la vie d’aujourd’hui, fait-il remarquer, tout en précisant bien que jamais une fermeture n’a été envisagée. « On a déjà pensé à réduire, toutefois, mais tout s’est replacé. Ça va bien », assure-t-il.

Chez les bénévoles, on recrute étonnamment beaucoup de jeunes. « C’est beau à voir », exprime Nathalie Provencher. Les bénévoles s’activent à plusieurs niveaux, de l’accueil aux soins des résidents en passant par la cuisine, l’entretien ménager et l’aménagement et l’entretien extérieur.

Par ailleurs, l’achat d’équipements spécialisés demeure une priorité à la Maison Marie-Pagé. « Les achats, ici, ça n’arrête jamais. On prévoit cette année de beaux lits neufs à la fine pointe », fait savoir le président du conseil d’administration.

À l’ère de l’électrification des transports, l’établissement, conscient de la nécessité du virage vert, procédera à l’installation d’une borne électrique double à l’intention des employés et des visiteurs.

Bref, la Maison Marie-Pagé, qui approche de sa huitième année, poursuit sa même mission, celle d’offrir des soins de qualité et gratuits. « Les gens en sont reconnaissants et n’en reviennent pas de la qualité et de la gratuité. Et rappelons que nous accompagnons autant la famille que le résident », conclut la directrice générale Nathalie Provencher.

La Maison Marie-Pagé a une capacité d’accueil de 10 personnes. Son taux d’occupation se situe habituellement à 80%.