Quatre ans de pénitencier réclamés pour un récidiviste

Au palais de justice de Victoriaville, jeudi avant-midi, Me Cynthia Cardinal du ministère public a réclamé quatre ans de pénitencier à l’endroit du Plessisvillois Pierre Jr Rhéaume-Taillon pour ses trois vols par effraction et une tentative dans des établissements entre les mois de novembre 2020 et janvier 2021.

En défense, Me Jean-Philippe Anctil a surtout fait valoir la nécessité d’une longue probation de trois ans avec un suivi durant toute cette durée, considérant que son client, qui a été détenu la majorité de sa vie, nécessite un encadrement pour évoluer dans la société.

L’audience, présidée par le juge Bruno Langelier, a commencé par un rappel des faits survenus dans des établissements de Plessisville, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), la boucherie Thibault, la bijouterie Bellemare et le restaurant La Bamba.

Dans ce dernier cas, l’accusé de 38 ans a été surpris par un témoin et il a alors pris la fuite sans rien dérober, d’où la tentative de vol.

Dans les autres établissements, Pierre Jr Rhéaume-Taillon a subtilisé pour près de 22 000 $ de biens, dont 16 000 $ en bijoux.

Le Plessisvillois a aussi reconnu sa culpabilité à une accusation de possession d’une arme prohibée, un poing américain que les policiers ont découvert et saisi lors de la perquisition à son domicile le 3 février, moment où il a été arrêté.

Un cri à l’aide

L’accusé a tenu à s’exprimer et à s’expliquer devant le juge Langelier. Son incapacité à fonctionner dans la société explique pourquoi il a commis les infractions. « Je ne voulais pas faire de mal. C’était ça ou le suicide, a-t-il confié. Je ne suis pas capable de fonctionner dehors. J’ai été trop longtemps prisonnier. Je suis perdu à l’extérieur. J’ai honte et mon estime est à zéro. J’étais même incapable d’en parler et d’admettre aux agents de libération que ça n’allait pas. »

Les mesures liées à la COVID l’ont aussi anéanti, a-t-il soutenu, lui qui avait obtenu sa libération d’office le 3 avril 2020 après avoir été condamné, en 2017, à 8 ans de pénitencier pour le braquage à domicile survenu en 2014 à Saint-Rosaire. « J’étais dehors, mais c’était (avec le confinement et les mesures) comme si j’étais encore en prison », a-t-il dit.

Pierre Jr Rhéaume-Taillon dit vouloir guérir et apprendre à se sentir bien dans la communauté. Dans une lettre qu’il a lue au magistrat, il dit vouloir offrir un père digne de ce nom à sa petite fille âgée de quelques mois à peine. « J’ai besoin que l’on m’aide à vivre à l’extérieur, à reprendre confiance en moi et en mes moyens », a-t-il souligné, tout en implorant la clémence du Tribunal.

« J’ai confiance que je peux réussir avec l’aide appropriée. J’ai espoir en l’ouverture de la justice face à ma demande d’aide extérieure à ma sortie de prison. J’implore votre clémence pour la durée de la peine. J’espère que vous entendrez mon cri à l’aide. J’ai besoin de réussir pour moi et pour ma fille. Elle a besoin que son père se rétablisse et revienne auprès d’elle le plus vite possible. Je suis conscient que je n’ai plus le droit à l’échec », a-t-il exprimé.

Les observations

Me Jean-Philippe Anctil en défense (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Pour Me Jean-Philippe Anctil, il s’agit du cas particulier d’un homme qui a passé 21 de ses 38 ans en institution, s’étant approprié tôt dans sa jeunesse les valeurs délinquantes de son père.

Il ne présente qu’un seul dossier de violence, celui du braquage à domicile. Tous les autres, a-t-il noté, concernent des vols.

« Il lance un cri du cœur. Il ne sait pas comment fonctionner en société. Il reconnait son besoin d’accompagnement, de suivi. C’est ce qu’il souhaite. On ne doit pas le remettre dans la même situation. Il doit pouvoir avoir accès à l’agent de probation qui peut l’aider à retrouver son autonomie et à l’orienter vers des ressources adéquates. La plus longue probation avec suivi serait appropriée dans son cas », a plaidé Me Anctil.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Cynthia Cardinal (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Pour la poursuite, l’accusé répète le même modèle avec des crimes de même nature. « Ce n’est pas un événement impulsif : quatre infractions distinctes à quatre endroits. Il dit qu’il s’attendait à se faire prendre puisqu’il portait un bracelet de géolocalisation. Il aurait attendu combien de temps? », a questionné Me Cynthia Cardinal, ajoutant que sa réflexion ne s’amorce, comme il l’a fait auparavant, qu’au moment de l’imposition de la peine.

Évoquant les antécédents judiciaires de l’individu et le principe de gradation des peines, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, considérant qu’il avait été condamné en 2011 à trois ans de pénitencier pour quatre infractions de même nature, a fait valoir qu’une peine de quatre ans d’emprisonnement serait appropriée.

Le juge Bruno Langelier a pris l’affaire en délibéré et devrait faire connaître sa décision le 9 juillet.