Les voyages, un an plus tard

L’an dernier, à la même période, la copropriétaire d’Escapade – Voyages et Aventure de Victoriaville, Marie-France Béliveau, avait bon espoir de reprendre ses périples à l’été 2020. Les choses se sont passées autrement, mais elle garde espoir, avec la vaccination, de jours meilleurs pour son domaine.

Elle continue de garder le fort, avec sa partenaire d’affaires Nathalie Grenier. Depuis une année, l’achalandage est très ralenti dans l’entreprise sauf depuis quelques jours où elles doivent s’occuper des dossiers de clients qui avaient réservé des vols avec Air Canada ou Air Transat et qui peuvent désormais obtenir un remboursement. «En une journée et demie, nous avons appelé les clients pour le processus et leur dire que nous étions contentes pour eux. Ça nous a fait du bien et nous donne de l’espoir», explique Marie-France lors d’un entretien téléphonique.

Cet espoir, il vient d’annonces prévues d’ici quelques jours qui rouvriront les frontières de certains pays. Une excellente nouvelle pour ceux et celles qui souhaitent voyager. Et, selon Marie-France, il y a en a beaucoup et elle fait partie du lot.

Malgré toutes les embûches des derniers mois, de la dernière année, pas question pour l’équipe de l’agence de baisser les bras. «Ce serait facile de déposer le bilan puisque les seuls créanciers, ce sont des banques. Mais quand tu es entrepreneur, il faut être prêt à tout perdre. Sinon, tu n’es pas à ta place», estime-t-elle.

De ce côté, la copropriétaire estime avoir beaucoup perdu avec cette pandémie (et ses répercussions), puisque son entreprise n’a plus la valeur qu’elle avait avant mars 2020. «Nous avons fait le choix de perdre de l’argent ainsi lorsque je vois les clients, je ne veux pas avoir à baisser les yeux. C’est fondamental pour Nathalie et moi», indique-t-elle avec détermination. Elles ont donc choisi de continuer à aider les gens, par fierté, mais aussi dans l’espoir que ceux-ci seront de retour lorsque la situation sera un peu plus normale. «C’est un pari moral que nous prenons qui rejoint nos valeurs personnelles», ajoute-t-elle.

En ces temps encore incertains, elle estime qu’il faut une bonne dose de courage et de volonté pour s’en sortir. Chaque dossier demande beaucoup plus de traitement puisque pour les voyages à venir, il faut tenir compte des paliers d’alerte des pays en question. Parce qu’il y a encore, et pour différentes raisons, des gens qui voyagent. Parmi ces raisons, il y a des Canadiens malades, à l’extérieur du pays, qui souhaitent revenir pour mourir auprès des leurs. «Nous avons vécu des histoires qui nous ont brisé le cœur», confie-t-elle.

Il y a également des travailleurs essentiels qui, au bout du rouleau, se sont évadés quelques jours à l’extérieur et qui ne le diront jamais à leur entourage. Des personnes plus âgées ont aussi voulu quitter le pays où ils considéraient que les mesures étaient trop répressives.

«J’ai réalisé en parlant aux clients qui voyageaient avant que l’aspect de liberté perdue pourrait bien avoir un effet «sling shot» lors de la levée des mesures. Les gens voudront aller le plus loin possible pour découvrir de nouvelles choses», souligne-t-elle. Et étonnamment, plusieurs personnes plus âgées (donc plus vulnérables) n’attendent que la levée des restrictions pour voyager. «Dès qu’on va pouvoir partir, il y a une sacrée gang qui va vouloir le faire. Ce besoin d’évasion est grand chez au moins 40% de la population», estime-t-elle.

Marie-France confie aussi avoir quitté le pays au cours de la dernière année. Elle est partie deux fois, 23 jours en tout. «Je voulais voir comment ça fonctionnait ailleurs. La pandémie est partout, mais elle se vit différemment», a-t-elle découvert. Cela lui a permis de constater, notamment au Mexique, un bel esprit de solidarité communautaire qui fait que les gens se protègent naturellement afin de ne pas infecter leur famille et les autres.

Elle déplore un peu toute cette publicité faite autour de fêtards dans les tout-inclus pendant la période des Fêtes, une minorité selon elle. Une situation qui a découragé des gens qui avaient déjà des réservations, étant désormais craintifs d’être lynchés sur la place publique.

Recommencer à voyager

Bien entendu, elle espère que les affaires vont bientôt reprendre. Il faudra, pour les voyageurs, voir pour commencer où ils pourront aller (des pays d’Asie et d’Europe s’apprêtent à rouvrir leurs portes aux visiteurs) et ce qui sera nécessaire pour y arriver, sans avoir à faire de quarantaine (à l’aller). «Le plus difficile à gérer, c’est le retour», considère-t-elle, faisant référence au séjour à l’hôtel puis à la quarantaine obligatoire.

Pour aller dans un autre pays, il faudra un test PCR négatif (passé à Montréal-Trudeau à ses frais bien entendu) ou bien une preuve qu’on a eu la COVID-19 ou encore qu’on a reçu deux doses d’un vaccin.

Selon Marie-France Béliveau, il suffit de repartir la roue du voyage pour redonner le goût aux clients. Des premiers iront et reviendront et en parleront à leurs proches qui, à leur tour, voudront prendre l’avion. Il faudra bien choisir sa destination puisque la capacité des hôtels ou autres pourrait bien être réduite. «C’est là que l’agence entre en ligne de compte», dit-elle en ajoutant qu’elle recommande d’éviter les grandes villes et d’opter pour des hôtels plus petits pour commencer.

Mais peu importe, elle considère primordial que tout se fasse de manière réfléchie. «Quand les gens vont repartir, ils devront suivre les règles pour ne contaminer personne», ajoute-t-elle. Et cela devrait se faire bientôt selon ses estimations puisque plusieurs pays commencent à déconfiner. «Et il y a des résultats probants à la vaccination», dit-elle encore. D’ailleurs, sa plus grande satisfaction, à ce jour, c’est de voir l’engouement pour la vaccination de la majorité de la population, qui fait preuve de solidarité.

Peu importe quand l’industrie reprendra, certains y auront laissé leur entreprise. Marie-France estime à 25% ceux qui ne parviendront pas à redémarrer. «Il y a des mesures transitoires jusqu’en juillet qui seront ensuite dégressives jusqu’en septembre. C’est vers décembre qu’on devrait avoir un portrait réel de la situation», avance-t-elle.

Il faut savoir que l’industrie du voyage a besoin d’un fonds de roulement afin de financer les voyages achetés par les clients qui ne versent, à la réservation, qu’un dépôt. Malgré tout, elle conserve cet optimisme qu’on lui connaît bien. Elle soutient qu’à la reprise, les conditions auront probablement changé et seront avantageuses pour ceux qui sont prêts à partir à la dernière minute.