Artha-Récolte : une initiative qui porte fruit

Transformer le gaspillage alimentaire en culture de partage, voilà la mission d’Artha-Récolte, une initiative lancée au printemps 2020 et qui se poursuit pour une deuxième année dans la MRC d’Arthabaska. Une formule gagnante pour tous, citoyens, producteurs et organismes locaux.

«On s’est inspiré d’une initiative de Maskinongé. Depuis quatre ans, ils font de la récupération alimentaire dans les champs», a souligné la chargée de projet, Angèle Martin-Rivard.

Un comité de pilotage, réunissant une dizaine d’intervenants des milieux économique, communautaire et agricole, a été mis sur pied à l’hiver 2020 en vue de démarrer le projet porté par la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR).

«Le projet vise à sauver les surplus de récolte de fruits et légumes dans les champs de nos maraîchers, des produits qui y sont laissés par manque de main-d’œuvre et de temps. Ce sont souvent des légumes de seconde qualité, mais qui sont encore très bons surtout pour la transformation», explique Angèle Martin-Rivard.

L’an dernier, pour une première année, Artha-Récolte a dressé un bilan très positif, avec une récolte de plus de 13 tonnes (13 600 kg) de fruits et légumes dans les champs d’une douzaine de producteurs qui ont ouvert leurs champs aux citoyens-cueilleurs. On évalue à environ 80 000 $ la valeur de ces produits.
Cette année, Artha-Récolte regroupe 14 producteurs répartis un peu partout à travers le territoire de la MRC d’Arthabaska. Le projet a retenu la formule du partage des récoltes au tiers, à savoir un tiers pour les citoyens, un tiers pour les producteurs et un tiers pour les organismes locaux.

Le recrutement de bénévoles ne pose pas de problèmes. «La réponse est bonne. On sent que les gens ont le goût d’aider et de venir cueillir», a fait savoir la chargée de projet, ajoutant qu’elle demeure toujours à la recherche de personnes pour agrandir la banque de bénévoles. Pour s’inscrire, il suffit de cliquer sur l’onglet à cet effet sur le site Web du projet au www.artharecolte.com.

L’expérience citoyenne

Francine Marcoux a vécu l’expérience en 2020 de la première édition d’Artha-Récolte. «Ça a été une belle expérience. En ce temps de pandémie, c’est un moyen de s’impliquer socialement. De plus, on se retrouve en plein air. C’est nos valeurs aussi», a-t-elle exprimé.

Sa participation à Artha-Récolte lui a permis de connaître des maraîchers de la région qu’elle ne connaissait pas. «Ça m’a beaucoup apporté. Oui, on donne de notre temps, mais on reçoit beaucoup. Je suis allée à plusieurs endroits et j’ai découvert plein de petits fruits qui m’étaient inconnus. On apprend donc beaucoup sur la région. Et l’achat local, c’est vraiment important pour moi», a-t-elle fait valoir.

En donnant de son temps dans les champs, Francine Marcoux a pu faire la rencontre de petites familles. «Ça leur permet de venir cueillir leur part de fruits et légumes avec les enfants. C’est une activité intergénérationnelle, valorisante et vraiment intéressante pour ceux qui aiment la campagne et le plein air», a-t-elle souligné.

Le point de vue d’un producteur

Jonathan Daigle exploite la Ferme des Possibles à Saint-Valère. Il y produit une quarantaine de variétés de légumes, des oignons aux tomates en passant par les échalotes, les pois, les poireaux, les piments forts, les choux-fleurs, les carottes, les concombres, les épinards et les citrouilles.

Le producteur a adhéré au projet l’an passé. «J’ai trouvé intéressante l’initiative pour éviter le gaspillage alimentaire. Même avant ce projet, on donnait beaucoup à la Sécurité alimentaire et au restaurant populaire. L’idée d’avoir un coup de pouce de bénévoles, ça faisait bien», a-t-il confié.

Jonathan Daigle a fait part aussi de la qualité de l’organisation, un élément essentiel, selon lui. «Comme producteur, on est toujours pointilleux à faire entrer des personnes dans nos champs par crainte d’amener des maladies ou d’abîmer nos cultures. Il est donc important que les gens qui viennent soient bien formés et encadrés», a-t-il expliqué.

S’il s’engage dans ce projet, ce n’est véritablement pas pour obtenir sa part des récoltes. «Ce n’est pas pour récupérer notre tiers qu’on redonne bien souvent aux organismes et aux gens. C’est vraiment pour que les légumes se mangent et pour éviter les pertes, car il y en a beaucoup. Je trouve important de donner une deuxième vie à tous nos produits», a-t-il signalé.

Des produits transformés

Des organismes communautaires de la région bénéficient d’une partie des récoltes. C’est le cas pour le Carrefour des générations du grand Daveluyville.

«On transforme les nombreux produits reçus des producteurs pour s’assurer qu’il y ait le moins de gaspillage alimentaire possible», a fait savoir Evelyne Crochetière, cuisinière au Carrefour.

Des bénévoles supportent l’organisme, a-t-elle noté. «Le projet aide à faire sortir les gens, à briser l’isolement, à favoriser les contacts intergénérationnels, a-t-elle fait valoir. Il s’agit aussi d’une expérience culinaire. On leur enseigne à cuisiner. On profite de tous les fruits et légumes pour ensuite repartager.»

Le Carrefour des générations transforme les fruits et légumes en divers produits, tartes, galettes, gâteaux, potages, soupes et ragoûts, notamment. Des produits qui bénéficient, entre autres, au projet de boîtes à lunch pour les écoles primaires et secondaires. «Si les bénévoles repartent avec une partie de ce qu’on cuisine, on redonne aussi au partage alimentaire. On organise, par ailleurs, des repas communautaires les mercredis. On en fait profiter également toute la population avec un coût régulier et un coût accommodant pour les personnes éprouvant plus de difficultés», a précisé Evelyne Crochetière.

Une belle organisation, a-t-elle renchéri, qui aide bien des gens. «L’important, c’est de transformer les produits pour être en mesure d’en faire profiter plein de monde.» Au total, c’est une dizaine d’organismes du territoire qui, comme le Carrefour des générations, profitent des retombées d’Artha-Récolte.