Quand le droit civique devient numérique

Du 3 au 11 mai, le gouvernement du Canada a lancé sa campagne pour le Recensement de 2021. La mention de droit civique inscrite dans les textes de présentation met en évidence le caractère essentiel pour la vie communautaire au pays du recensement.

Après une courte recherche, l’on comprend assez bien que le gouvernement canadien a bien saisi l’influence qu’une campagne numérique peut avoir. En effet, une page entière est dédiée à du contenu, qu’en tant qu’influenceur, vous pouvez utiliser sur vos réseaux sociaux. Des vignettes publicitaires, des hashtags, même des vidéos à intégrer à votre story ou à publier sur votre compte Tik Tok. Sans aucun doute, le tournant numérique pour le gouvernement du Canada est enclenché.

Il ne faut pas négliger leur effort pour inclure l’ensemble de ses citoyens dans ce devoir civique. Des lignes d’appel ont été mises en place pour les personnes aveugles ou en pertes de vision, pour les personnes malentendantes et celles qui ont de la difficulté à lire. Nous pouvions également demander une version papier de ce recensement. De plus, le gouvernement canadien affirme que les citoyens n’ayant pas répondu au recensement seront contactés vers la fin mai et début juin.

Les agents du recensement s’identifieront clairement, est-il mentionné. Les citoyens, en cas de doute, pourront trouver le numéro de téléphone sur le site Web du recensement, afin de vérifier l’identité de l’agent qui les contacte.

Avec le nombre grandissant de fraudes téléphoniques, il n’est pas exclu que ces appels deviendront un terrain de jeux pour des gens malveillants. Statistiques Canada a donc émis une liste, sur son site Web, de ce qu’un agent du recensement ne vous demandera jamais. Voilà, une boucle bien bouclée pour les personnes exclues numériquement. Ces citoyens seraient dès lors exposés à un plus grand risque d’être victimes d’une fraude puisqu’ils n’auront pas eu un accès égal à l’information disponible. L’idée ici n’est pas de faire le procès du tournant numérique du Recensement 2021, mais plutôt de rappeler l’urgence d’agir sur la fracture numérique.

La fracture numérique renvoie autant à l’inégalité d’accessibilité aux technologies qu’à l’écart qui se creuse entre ceux qui possèdent les connaissances et les compétences pour jouir d’un capital numérique et ceux qui ne les possèdent pas. Plusieurs auteurs s’entendent pour dire que le numérique est une forme d’inégalité en société qui vient s’ajouter aux autres inégalités à caractère social, territorial et économique.

Bien que l’on parle davantage de ce problème par rapport à la COVID-19, il ne faut pas s’y méprendre; cette pandémie n’a pas créé la fracture numérique, elle n’a fait que l’exacerber.

Pour terminer, l’AGÉPA (Association des groupes d’éducation populaire autonome Centre-du-Québec) voudrait vous rappeler que si vous recevez un appel de Statistiques Canada, un agent ne vous demandera jamais :

  • votre numéro d’assurance sociale;
  • vos numéros de compte bancaire ou de carte de crédit;
  • de l’argent ou des dons, quels qu’ils soient;
  • quoi que ce soit au nom d’un parti politique.