Des installations sonores monumentales lancent le 37e FIMAV

Après avoir pris une pause l’an dernier (COVID-19 oblige), le Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) est de retour. L’événement a été lancé, lundi, par les installations sonores qui ont repris leur place dans l’environnement du parc Sainte-Victoire et ses alentours pour la semaine.

Autant les organisateurs, les bénévoles que les passants étaient bien contents de voir ces installations reprendre leurs aises dans l’environnement. Et une tournée des neuf œuvres sonores, avec le commissaire Érick d’Orion, a permis de constater que tout avait été mis en place afin de respecter les règles sanitaires en vigueur.

Érick a justement indiqué que son mandat, cette année, était bien particulier puisqu’il fallait absolument que les installations soient sécuritaires. Ainsi, pas question cette année de manipuler des boutons, activer des choses ou s’approcher trop des œuvres. Mais les artistes ont su relever le défi et les visiteurs n’y perdent rien au change. L’ingéniosité, la poésie, le son et la technique sont toujours au rendez-vous des installations sonores qui sont dans le paysage de Victoriaville, dans le cadre du FIMAV, pour la 11e fois cette année (on avait souligné le 10e en 2019).

Lundi, environ 35 groupes d’élèves avaient réservé leur visite de ces installations sonores qu’ils ont désormais pris l’habitude de découvrir et même d’y revenir une seconde fois avec leurs parents. «Je ne pensais pas qu’on aurait autant de groupes. Mais les professeurs sont contents de pouvoir faire une sortie à l’extérieur», explique Érick.

Le circuit en tant que tel a subi quelques modifications. On oublie cette année la Vélogare et l’Atoll et on ajoute la vitrine de Gérald Musique et la rue de la Gare. Une majorité d’œuvres sont installées à l’extérieur, facilitant la visite pour les spectateurs. Toutes les œuvres sont présentées en première mondiale, sauf la première qui a déjà été exposée puisqu’il s’agit d’un travail de maîtrise.

En suivant l’ordre proposé, le visiteur commencera son circuit à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot avec l’œuvre d’Estelle Schorpp intitulée «écosystème(s)». Dans la salle, une lumière met en vedette le pupitre d’écoute constitué de haut-parleurs. Ceux-ci diffusent des chants d’insectes lorsque l’espace sonore le permet. Donc, la présence du public est considérée et modifie la réponse de la boîte.

Deuxième arrêt du côté de l’agora, où Sonia Paço-Rocchia propose son œuvre «Lames @ FIMAV». L’artiste en est à sa deuxième présence au circuit des installations sonores et présente cette année un quatuor d’égoïnes automatisées. Elle a installé ses instruments puis composé, in situ, l’œuvre qu’on peut entendre.

C’est ensuite aux abords de la piste cyclable que les gens sont invités à découvrir l’œuvre d’Auxauralités, «Le cristal de l’oreille». Réalisée par des chercheurs en acoustique et des artistes, l’installation est constituée de quatre paraboles imprimées en 3D. Le visiteur peut interagir d’un côté et écouter de l’autre sa voix qui vient se mêler aux  compositions.

Le kiosque à musique accueille pour sa part l’œuvre de Tom Jacques intitulée «7 mouvements d’air». Rencontré sur place, l’artiste a expliqué que l’œuvre utilisait les principes de la cornemuse ou de l’orgue. De grands coussins bleus (qu’on met dans les piscines l’hiver) sont gonflés d’air qui est diffusé ensuite dans des flutes qui interprètent ainsi des mouvements musicaux. Chaque jour, l’installation évoluera et l’artiste y viendra afin d’accorder les instruments à vent.

C’est le travail d’Isabelle Clermont, «Auris/À fleur d’oreille», qui s’est installé sur le terrain de pétanque. L’œuvre devait être présentée l’an dernier et s’est adaptée aux mesures sanitaires actuelles. Plutôt que de s’approcher pour écouter la conversation diffusée par les tuyaux (qui se terminent par des céramiques), l’œuvre s’est agrandie pour mieux diffuser les entrevues et anecdotes proposées dans chaque module. Le visiteur prêtant l’oreille devra déterminer l’âge de la voix et ses textures sonores.

Deux installations se retrouvent rue de la Gare. Il y a celle de Nady Larchet, «Flûtocratie», qui propose une structure complexe qui est censée jouer de la flûte traversière. Toutefois, tout comme la bureaucratie, il est difficile de tout coordonner afin de faire sortir des sons de l’instrument. On entend parfois quelques courtes notes et regardons, fascinés, le travail nécessaire pour y arriver.

Un peu plus loin, c’est l’œuvre de Maxime Corbeil-Perron qui est présentée. «La fin du média» vient détourner l’utilisation du lecteur de CD, aujourd’hui désuet. Il explore dans son travail les champs électromagnétiques avec, en fond, des bouts de CD cassés.

La tournée du circuit des installations sonores se poursuit dans la vitrine du magasin Gérald Musique. Ainsi, pour une semaine, les pianos ont laissé leur place à l’œuvre audio-vidéo de Ggroundd, «Cristal métal». Des haut-parleurs ont été installés en hauteur et le son s’intègre à l’image de synthèse projetée à travers la vitre. Une boucle d’une dizaine de minutes emporte le spectateur dans différents extrêmes, avec finesse.

Dernier arrêt au Carré 150, où la galerie d’art Jacques-et-Michel-Auger accueille «Quatuor» de Pascal Audet. «L’œuvre avait été proposée l’an dernier et devait s’installer à la Vélogare. L’artiste a continué à travailler pour finalement la présenter dans une grande salle», indique le commissaire.

Cette œuvre devait originalement être manipulée par les mains afin de mettre en action chacun des quatre musiciens et ajuster le son et la vitesse de leur prestation. L’artiste a adapté le tout aux mesures sanitaires et c’est maintenant avec le pied que le visiteur se fait chef d’orchestre.

Si on cherche un point commun entre les neuf installations sonores, le commissaire Érick d’Orion indique que toutes sont des œuvres monumentales, sculpturales.

En attendant les concerts de musique actuelle, qui seront présentés à partir de vendredi (et en personne de surcroît), on peut faire la tournée du circuit toute la semaine (jusqu’au 23 mai) entre 10 h et 20 h.