Un rêve qu’elle réalise depuis plus deux décennies

Son amour des animaux, Isabelle Fortin de Warwick l’a développé dès l’enfance. Pas étonnant qu’elle soit devenue technicienne en santé animale. Et de fil en aiguille, son parcours l’a menée à réaliser son rêve, celui de travailler au Zoo de Granby. Ce qu’elle fait depuis bientôt 22 ans.

«Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours baigné dans le monde animal. Mes grands-parents et parents possédaient une petite ferme. Cela explique mon amour des animaux», confie-t-elle. Et cela peut expliquer ce rêve qui l’habite depuis longtemps, celui de travailler avec les animaux. «Par la suite, j’ai rêvé de travailler avec de gros animaux», note-t-elle. Rêve devenu réalité puisqu’elle travaille avec ses animaux préférés, les éléphants.

Son cheminement, Isabelle Fortin ne le considère pas plus particulier qu’un autre, tient-elle à spécifier, insistant plutôt sur l’importance de croire en ses rêves et de persévérer. «Les gens se fixent des objectifs, mais parfois ils abandonnent rapidement parce qu’ils voudraient atteindre leur but directement alors que bien souvent, on doit emprunter au préalable différents chemins», observe-t-elle.

Elle en est elle-même un parfait exemple. «Je n’ai pas été engagée du premier coup au Zoo. J’ai envoyé des CV plus d’une fois. À un moment donné, ça a été mon tour, raconte-t-elle. Le fait d’avoir vécu sur une ferme m’a aidée. Mais j’avais d’abord vécu d’autres expériences, comme travailler dans une production avicole et dans une clinique vétérinaire.»

On lui demande parfois conseil pour pouvoir dénicher tel ou tel emploi.

«Faire, par exemple, des stages d’observation peut grandement aider. Ça permet d’entrer dans la place et d’observer comment ça se passe. Des fois, juste ça montre que la personne est intéressée», fait-elle remarquer.

Son travail

Voilà déjà 20 ans qu’Isabelle Fortin a été formée pour travailler avec ces mastodontes que sont les éléphants. «Au départ, je ne travaillais pas seulement avec eux. Maintenant, je suis vraiment attitrée à la savane africaine en tant que technicienne ressource depuis plusieurs années déjà. Je travaille presque les journées complètes avec les éléphants. Je ne fais presque juste ça et c’est aussi ce que je voulais faire», souligne-t-elle.

Le Zoo de Granby compte trois éléphants : un mâle de 22 ans et deux femelles âgées de 30 et 37 ans. En moyenne, les éléphants vivent entre 35 et 60 ans.

Comme travail, la Warwickoise voit à l’entretien des habitats, à la nutrition, mais consacre une bonne partie de la journée à l’entraînement et à l’enrichissement des pachydermes. «Ils connaissent entre 20 et 30 commandements, comme se coucher, lever les pattes dans les airs. On travaille avec eux tous les jours pour leur faire faire de l’exercice», explique Isabelle Fortin.

Ces grosses bêtes ont également besoin de soins quotidiens. «On doit vérifier beaucoup de choses pour s’assurer de leur bien-être et de leur santé», précise-t-elle.

Ainsi, chaque jour, on vérifie les coussinets plantaires sous les pieds pour s’assurer d’aucune blessure ni de corps étranger. On procède aussi à un examen général, les yeux, l’intérieur de la gueule et les défenses. «Toutes les semaines, on effectue une prise de sang pour vérifier l’état de santé. On peut ainsi prévenir quelque chose qu’on ne voit pas à l’œil nu», dit-elle.

Tous les mois, par ailleurs, se fait la taille sous les pieds, de même que le limage des ongles. «Les éléphants, en général, sont très résistants, mais on veut prévenir les problèmes», souligne la technicienne en santé animale.

Les activités d’enrichissements, d’un autre côté, visent à stimuler les éléphants dans le but aussi, explique Isabelle, «de reproduire les comportements qu’ils auraient dans la  nature». «Il existe plein de trucs en guise de stimulation. On leur cache de la nourriture pour augmenter leur période de nutrition», exemplifie-t-elle.

Il faut savoir qu’un éléphant ingurgite en moyenne 120 livres de foin par jour. «On leur donne 10 repas quotidiennement entre 5 h et minuit. Il y a aussi des distributeurs automatiques», précise-t-elle.

Des boyaux utiles

Les vieux boyaux de pompiers, dont la Ville de Warwick a fait don et qui ont fait jaser dans l’actualité, sont bien utiles. «Ce n’est pas d’hier qu’on en utilise. Cela fait plusieurs années. Ce qui est intéressant, c’est que ces boyaux sont résistants et très malléables», relève-t-elle.

Les gens du zoo s’en servent notamment pour fabriquer des objets d’enrichissement pour les éléphants. On peut confectionner, par exemple, un grand panier pour y placer des pneus et bidons et y inclure de la nourriture, des fruits et légumes. «L’éléphant devra le secouer beaucoup pour obtenir sa récompense», souligne Isabelle Fortin. Les boyaux profitent aussi aux primates qui les emploient comme lianes. On peut en faire des hamacs également pour les félins.

Des animaux coopératifs

Questionnée sur le caractère de ces animaux, Isabelle Fortin fait savoir que les éléphants sont très coopératifs et intéressés aux humains. «Ils sont gentils, mais avec leur grosseur, s’ils se fâchent, ça devient plus dangereux», mentionne-t-elle.

Isabelle se souvient de son mentor, Michel Jutras, à ses débuts avec les éléphants. L’homme savait détecter des traits de comportement ou d’humeur. «Je ne comprenais pas à ce moment. Mais à force de les côtoyer, on finit par cerner les petits détails. Aujourd’hui, je les connais tellement ces animaux. Je le vois tout de suite s’ils sont nerveux, pas contents ou fatigués», relate-t-elle.

Mais aucun accident malheureux n’a été déploré à Granby, affirme-t-elle, tout en se rappelant le temps où elle entrait directement en contact avec les éléphants en s’infiltrant dans leur habitat. «J’ai eu cette chance d’être à proximité avec eux dans l’enclos.»

Les règles ont changé depuis quelques années. La proximité demeure, mais les employés se trouvent protégés. «On peut être très près quand même, on peut les toucher, effectuer les prises de sang et tout. Mais on observe une certaine distance par mesure de sécurité et ainsi respecter une exigence de l’Association des zoos et aquariums du Canada», spécifie-t-elle.

Ce qu’Isabelle préfère le plus, dans son travail, c’est de pouvoir se concentrer sur les éléphants. «Comme ils ont une longévité assez longue, je peux travailler sur une longue période. Comme la femelle, je la suis depuis 20 ans. Une complicité se développe, une confiance aussi. C’est un lien très particulier que j’estime beaucoup, exprime Isabelle Fortin. Avec elle, je suis très confiante. Même tout près, je sais qu’elle ne me ferait aucun mal.»

Bref, la technicienne en santé animale se trouve à la bonne place, dans le bon environnement. Elle savoure sa chance, mais surtout, dit-elle, la chance d’avoir pu savoir tôt ce qu’elle voulait faire dans la vie. «J’ai eu la chance d’avoir ce déclic que j’aimais les animaux et que c’est un travail avec les animaux que je souhaitais faire», confie-t-elle.

Aux jeunes qui caressent différents rêves, Isabelle Fortin les invite à continuer d’y croire et à persévérer. «Il faut y croire, parfois y croire longtemps et poser de petits gestes, se mettre en action. C’est bien d’en parler aussi, ajoute-t-elle, car les contacts peuvent aider à l’occasion.»

Elle en a réalisé un autre rêve en 2010, celui d’acquérir une terre avec son conjoint pour y aménager une fermette. Il aura fallu, parce que la propriété n’était pas à vendre, que son conjoint aille cogner à la porte et manifester leur intérêt. «Si les gens y croyaient plus à leurs rêves, cela ferait une bonne différence», conclut-elle.