Retour à la serre pour Sonia Cantin

Après une carrière de 18 ans dans la finance, la Victoriavilloise d’origine Sonia Cantin fait un retour à la serre (ou à la terre) en reprenant l’entreprise familiale bien connue dans la région, les Serres Oasis.

Comme Obélix qui est tombé dans la potion magique quand il était petit, ce sont dans les fleurs et les légumes que Sonia baigne depuis qu’elle est petite. «Mon père a parti ça (Serres Oasis) quand j’avais 14 ans. Pour moi, à cette époque, les serres signifiaient le travail la fin de semaine plutôt que d’aller jouer avec mes amis», dit-elle en riant. Mais cela ne l’empêche pas, depuis toujours, et même si elle s’est éloignée de l’entreprise familiale, d’aimer jardiner. On pourrait même dire que c’est inscrit dans son ADN. «J’ai acheté un condo à Québec à condition de pouvoir changer les abords en jardin», confie-t-elle.

L’énergique femme, qui a délaissé la région plusieurs années, est donc maintenant de retour. Elle a les deux mains dans la terre et souhaite avoir du plaisir dans cette entreprise qui, en quelque sorte, sème le bonheur autour d’elle.

Après des séjours à Montréal et Québec, elle prend d’assaut Victoriaville et la relève de ses parents, Lisette et Serge Cantin, les fondateurs de l’entreprise qui fêtera bientôt ses 40 ans et qui est située à l’intersection de la route 116 et de l’avenue Pie X à Saint-Christophe-d’Arthabaska.

Dans les serres, elle passe d’une rangée à l’autre, s’émerveillant de la pousse de cette fleur ou de cette fine herbe. Elle s’arrête même au passage pour effleurer une feuille. Sonia semble avoir trouvé sa place, son x.

Sa reprise de l’entreprise familiale lui permettra de continuer à mettre en valeur son sens des affaires (un trait familial) qu’elle développe depuis longtemps. Il faut savoir qu’à 22 ans, elle gérait les Halles Dame Nature de Victoriaville (intersection Bois-Francs et route 116), dont certains se souviennent peut-être, avant de déménager et de relever d’autres défis dans le domaine financier. «J’ai adoré la finance, mais en dedans de moi, ici c’était plus fort», ajoute-t-elle. Et puisque ses parents étaient prêts pour la retraite, les choses se sont placées d’elles-mêmes et elle est venue tout naturellement prendre le relais.

Il faut dire que l’an dernier a été difficile pour le couple propriétaire, même si les serres ont été prises d’assaut dès les premiers jours du printemps. «Il y a eu un manque de personnel (les travailleurs étrangers notamment), etc.», mentionne-t-elle. Aussi, ils envisageaient depuis quelques années de prendre une retraite bien méritée.

Une équipe aguerrie

Elle arrive donc en renfort, mais bénéficie de l’appui d’une équipe aguerrie et passionnée dans laquelle on retrouve Sonia Bédard. «Une fille extraordinaire. Elle est ici depuis 20 ans et s’occupe de toute la production», apprécie-t-elle. Un pilier pour Sonia qui n’aurait peut-être pas pris la relève sans son apport. Il y a également dans cette belle équipe Daniel Perreault. «Il est ici depuis quelques années et est responsable des opérations. Quand j’ai un projet dans ma tête, je lui en parle et il le réalise», dit-elle avec enthousiasme.

Cela est sans compter ses parents qui ne sont jamais bien loin si elle a besoin de conseils ou d’aide. Elle peut donc bénéficier de leur longue expérience dans le domaine. Sonia Cantin a l’intention d’ajouter son grain de sel, tranquillement à l’entreprise familiale, tout en conservant les valeurs sûres comme la production locale de plants de légumes et de fleurs de qualité, à bon prix. Parmi ses nombreux projets (elle en a vraiment plusieurs), elle compte, et c’est déjà en partie commencé, ajouter des variétés un peu moins connues.

Avec l’engouement des gens au jardinage, depuis le début de la pandémie, elle souhaite notamment faire découvrir de nouvelles pommes de terre ou encore des herbes telles que la salicorne (bien difficile à obtenir) ou le thym citron doré (pour ne nommer que ceux-là). «Je veux m’amuser. Ici, on est la région de la poutine. Faut faire honneur à ça. J’ai acheté des patates pour que les gens découvrent de nouvelles sortes», mentionne-t-elle. Le tout sera bien exposé dans le commerce et présenté de façon sympathique et joyeuse, question de faire sourire les gens, tout simplement. «Mon intention, c’est de mettre du beau, de la joie et de la santé aussi dans la vie des gens», souhaite-t-elle.

Donc, les clients pourront, au fil de leur visite, découvrir une multitude de variétés de plants qu’ils pourront faire pousser à la maison. Elle a même préparé des ensembles de semences variées qui permettront d’éviter d’acheter une multitude de sachets différents qui traineront dans un tiroir des années.  «Puisqu’on ne peut pas voyager dans d’autres pays, les gens pourront voyager dans leur potager.» Elle a même ajouté de la musique dans les serres pour ajouter à l’expérience client, voulant créer une ambiance positive pour ces gens qui sont coincés chez eux depuis longtemps. Adepte du marketing, elle veut offrir une valeur ajoutée et répondre aux attentes de la clientèle.

Elle prend la relève dans des circonstances particulières alors qu’elle fait face à des augmentations de prix pour les produits, dont les pots. Une hausse de 20%. «Moi je ne veux pas trop augmenter les prix. Nous avons toujours été en dessous des prix puisqu’on produit et vend directement», indique-t-elle. Il lui faut également jongler avec les achats qui ne sont pas évidents cette année alors que l’engouement pour le jardinage est encore très fort.

Aller plus loin

Sonia Cantin veut faire bénéficier de toutes ses connaissances à sa nouvelle entreprise. Elle fait actuellement son cours en alimentation vivante et aimerait bien inclure cela à son commerce. Aussi, elle a plein de projets (dont en transformation alimentaire) qui permettraient d’aller plus loin et même d’appuyer la communauté. «Il y a plein d’améliorations à faire», dit-elle. La propriétaire veut mettre sa touche personnelle chez Serres Oasis. Mais elle doit aussi répondre aux attentes de la clientèle qui ne manquera pas de comparer son administration à la précédente, celle de ses parents.

Avec son œil extérieur, elle souhaite amener différentes améliorations pour continuer de satisfaire la clientèle qui est fidèle depuis près de 40 ans. «C’est un honneur pour moi de prendre la relève de l’entreprise familiale.»