Centre-du-Québec : un certain rebond économique à prévoir pour 2021

Après une année 2020 bouleversée par l’arrivée de la crise de la COVID-19, les perspectives économiques s’éclaircissent pour 2021 alors qu’un rebond de toutes les économies régionales devrait être enregistré, attribuable surtout à l’accélération de la vaccination à grande échelle et au début du relâchement de certaines mesures sanitaires.

L’économiste senior Chantal Routhier de Desjardins a rendu publique la mise à jour de l’étude économique qu’elle a réalisée concernant la région du Centre-du-Québec. Son travail d’analyse et de recherche se base sur différents indicateurs portant sur l’emploi, la démographie, les investissements des entreprises et le marché de l’habitation.

L’économiste senior fait notamment savoir que l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre demeureront un défi de premier plan dans la région du Centre-du-Québec, notamment dans le secteur manufacturier qui peine à embaucher de la main-d’œuvre ainsi que des travailleurs étrangers en raison des contraintes qui restent sur le plan international.

Elle souligne de plus que la multiplication attendue des départs à la retraite au cours des prochaines années sera aussi un enjeu majeur pour pourvoir les postes vacants et assurer la poursuite des activités des entreprises ainsi que leur expansion.

Le PIB appelé à rebondir en 2021

L’économie du Centre-du-Québec a enregistré une baisse notable de son PIB en 2020 liée à la récession due à la crise sanitaire. Mme Routhier estime que le PIB de la région est appelé à rebondir en 2021. La réouverture partielle de l’économie depuis le 8 février et l’accélération de la vaccination à grande échelle soutiennent ce pronostic. Pour 2022, l’économie restera en expansion, mais à un rythme moindre, croit-elle.

Toutefois, des inquiétudes demeurent, selon elle, car l’évolution de la crise sanitaire constitue toujours le plus grand risque aux scénarios de prévisions. Après s’être améliorée au Québec, la situation s’est détériorée à la fin du mois de mars avec le début de la troisième vague. L’évolution de la crise de la COVID-19 restera à surveiller de près.

Construction et démographie

L’économiste senior chez Desjardins constate que le marché de la construction a rebondi au Centre-du-Québec en 2020, alors qu’une hausse de 10,4% a été enregistrée, pour un total de 1130 mises en chantier, ce qui correspond au plus haut niveau atteint depuis 2011 (1155 unités). Cette année, la construction neuve s’accélérera de nouveau, alors qu’un repli est attendu pour 2022, estime-t-elle.

De son côté, le revenu disponible par habitant au Centre-du-Québec se situe sous la moyenne québécoise (31 265 $ par rapport à 34 911 $), mais il a progressé dans toutes les MRC de la région. Il faut noter ici que c’est dans la MRC de L’Érable qu’il a connu la hausse la plus forte entre 2013 et 2018, mais que c’est la MRC de Nicolet-Yamaska qui a continué d’afficher le revenu le plus élevé de la région en 2018, soit de 28 771 $ versus 27  685 $ dans L’Érable et  27 141 $ dans Arthabaska.

Le prix de vente moyen des maisons tourne pour sa part autour de 206 091 $ comparativement à une moyenne de 337 394 $ ailleurs au Québec.

Selon les nouvelles perspectives d’accroissement démographique établies par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) en 2019, la population du Centre-du-Québec devrait atteindre 257 037 personnes à l’horizon de 2026 ce qui représente une augmentation de 2,3% en regard de 2021 (3,1% au Québec).

L’économiste indique que c’est l’apport de la migration (arrivées moins départs) qui soutiendra principalement la hausse de la population dans la région au cours de cet horizon de prévisions, car l’accroissement naturel (naissances moins décès) restera sur sa tendance baissière. Ce dernier entrera en territoire négatif en 2023, année où le nombre de décès surpassera celui des naissances. Toutefois, la crise sanitaire, qui amène beaucoup de personnes à revoir leur lieu et leur choix en matière d’habitation, pourrait faire en sorte que les projections présentées pourraient être revues à la hausse si les gains migratoires observés en 2020 continuaient sur une trajectoire ascendante.

Investissements

Dans ses prévisions, Mme Routhier indique que la croissance des sommes injectées dans l’économie est appelée à être modeste cette année, alors qu’une embellie est escomptée à partir de 2022 et dans les années subséquentes puisque d’importants projets en cours s’accéléreront et que d’autres devraient voir le jour.

Parmi ces derniers, Mme Routhier note que le gouvernement du Québec injectera 155,4 millions $ de 2021 à 2023 afin d’entretenir et d’améliorer le réseau routier dans le Centre-du-Québec. Elle évoque également parmi les projets celui de l’agrandissement et de réaménagement de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, estimé aux coûts de 202 millions $, qui devrait aller de l’avant sous peu, alors que selon l’échéancier prévu, le projet d’agrandissement serait terminé à l’automne 2024 et les travaux de réaménagement à l’été 2025.

Par ailleurs, sept ans après sa mise sur pied, les entreprises peuvent continuer à soumettre des projets dans le cadre du Fonds de diversification économique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, auquel il reste plusieurs millions $ disponibles pour stimuler le développement de projets ainsi que soutenir leur virage vers l’innovation.

Ce Fonds, mis sur pied à la suite de la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 en décembre 2012, se poursuivra jusqu’en 2023 ou jusqu’à ce que les sommes allouées soient épuisés. Depuis sa mise sur pied, c’est 173 millions $ qui ont été investis dans 580 projets. Cela a créé un effet multiplicateur qui a permis d’engranger des investissements de 950 millions $ de la part des entreprises, générant du même coup 5044 emplois.

Par ailleurs, la fabrication de machines et celle des produits métalliques devraient relativement bien faire. Les perspectives sont également positives pour l’industrie de la fabrication du papier alors que la demande devrait rester assez soutenue du côté de l’industrie du meuble.

Dans le secteur des services, les soins de santé et d’assistance sociale ainsi que les services d’enseignement devraient réussir à bien tirer leur épingle du jeu. Pour sa part, l’industrie de l’hébergement et de la restauration continuera à subir les conséquences de la crise de la COVID-19. Dans son ensemble, l’industrie touristique a d’ailleurs subi un dur coup en 2020.

Il est possible de consulter toutes les données de l’étude au https://www.desjardins.com/ressources/pdf/21Centre-du-Quebec-f.pdf