COVID-19 : les habitudes des recruteurs chamboulées

Gilles Tremblay est reconnu pour assister à des centaines de matchs annuellement. D’épier les meilleurs espoirs à maintes reprises lui permet d’avoir une lecture plus juste de ceux-ci en vue du repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Il va sans dire que la pandémie de la COVID-19 a changé drastiquement ses habitudes. À part quelques tournois et des matchs disputés avec des alignements restreints, il n’a pu voir à l’œuvre les jeunes patineurs admissibles à la prochaine séance de sélection du circuit Courteau.

Comme d’autres dans le contexte actuel, il a dû se réinventer, un mot devenu bien à la mode. Comparativement aux années antérieures, où il voyait les jeunes en action plusieurs fois avant de recueillir de l’information pour conforter ses observations, il doit plutôt récolter de multiples informations sur les espoirs et ensuite espérer dénicher des vidéos où on les voit à l’œuvre. Il souhaite également que certaines activités sur glace puissent se tenir avant le prochain repêchage qui se déroulera, les 25 et 26 juin, en mode virtuel pour une deuxième année successive.

«Je multiplie les échanges avec les entraîneurs en poste cette saison, mais également les entraîneurs des années antérieures», a fait valoir le recruteur-chef des Tigres de Victoriaville. Ce dernier se dit toutefois privilégié d’être bien entouré. Plusieurs de ses collègues recruteurs de l’équipe ont réussi à recueillir une manne d’informations sur les espoirs. Puis, des questionnaires viennent d’être acheminés par courriel à quelque 170 joueurs. Ultérieurement, certaines entrevues seront réalisées sur Zoom ou au téléphone. «Il a fallu apporter des ajustements, mais nous serons prêts. Tout le monde est dans le même bateau», a souligné Gilles Tremblay.

Celui-ci a fait savoir que la prochaine cuvée s’avère fort prometteuse. En première ronde, les joueurs réclamés devraient tous ultérieurement évoluer au sein d’un premier trio ou d’une première paire de défenseurs. À moins qu’ils effectuent une transaction, les Tigres se feront entendre à deux reprises au premier tour.

Avec le départ de plusieurs vétérans à l’issue des présentes séries, les besoins de l’équipe se feront sentir à toutes les positions, à l’exception des gardiens de but. Devant le filet, l’organisation jouit d’une profondeur appréciable.

Et aspect intéressant pour la formation, de nombreux jeunes sélectionnés l’an dernier sont susceptibles de percer l’alignement de l’entraîneur-chef Carl Mallette l’automne prochain. Le recruteur-chef estime que cinq ou six patineurs frappent à la porte de l’équipe. «Ça nous donne une certaine marge de manœuvre en vue du prochain repêchage, a-t-il laissé entendre, ajoutant qu’il demeure néanmoins important que l’équipe de recruteurs continue de faire des choix judicieux afin de permettre à l’organisation de poursuivre sa progression.

En plus du rendement sur la patinoire et des qualités athlétiques, les recruteurs des Tigres ciblent des jeunes reconnus pour leur caractère et leur passion. Ils sont également attirés par des joueurs ambitieux, non seulement pour l’aspect hockey, mais dans les autres sphères de leur vie, notamment les études.

«C’est très important pour nous que les espoirs ciblés soient prêts à s’investir et à déployer tous les efforts pour connaître du succès sur la patinoire, mais aussi à l’extérieur. L’éthique de travail est primordiale. Certains vétérans actuels en sont de bons exemples, entre autres, Conor Frenette et Vincent Sévigny. En plus d’être de bons joueurs de hockey, ils étudient en sciences de la nature. Il faut respecter la capacité et les limites de chaque jeune, mais tous sans exception doivent être prêts à travailler sans relâche pour atteindre leurs objectifs personnels», a insisté l’homme de hockey originaire de Plessisville.

Une maturité impressionnante

L’an dernier, au repêchage 2020 de la LHJMQ, les dirigeants des Tigres ont jeté leur dévolu sur Pier-Olivier Roy, le 7e choix au total. Force est de constater que le produit des Chevaliers de Lévis a répondu aux attentes placées en lui.

Au cours de la saison régulière, en 22 rencontres, le défenseur gaucher a inscrit 1 but et 9 mentions d’aide. Il a de plus affiché un différentiel de +7. Malgré son jeune âge, il s’est rapidement adapté à la vitesse du jeu et en aucun cas on l’a senti intimidé par des adversaires souvent plus imposants.

«Si tu ne sais pas son âge, jamais tu ne crois qu’il s’agit d’une recrue. Il joue avec l’aplomb d’un vétéran. Nous sommes excessivement satisfaits de son rendement et agréablement surpris de sa maturité à un aussi jeune âge», a vanté Gilles Tremblay.

Un autre choix prisé par les Tigres à la dernière séance de sélection, l’attaquant Nathan Morin, aussi un produit des Chevaliers de Lévis, a quant à lui plutôt opté pour l’aventure américaine. Les Félins l’avaient réclamé en première ronde, le 19e au total.

L’année précédente, Guillaume Richard, choisi 7e au total par les Tigres, a lui aussi pris le chemin des États-Unis. Gilles Tremblay et son groupe ne regrettent néanmoins pas de les avoir sélectionnés. «Au premier tour, il faut y aller avec les meilleurs joueurs disponibles. Les choix compensatoires, désormais offerts par les autorités du circuit si un joueur ne se rapporte pas à l’équipe, permettent de réclamer les meilleurs. Encore cette année, des jeunes manifestent leur désir d’opter pour la voie américaine. Certains sont fermes dans leurs intentions, alors que d’autres se servent de cette option pour choisir leur destination au sein de la LHJMQ», a conclu le recruteur-chef des Tigres.