La vaccination, une nécessité contre la COVID-19

Revenir à une vie normale passe par l’immunité collective, d’où l’importance de la vaccination contre la COVID-19. Une nécessité même, affirme la Dre Alyson Baker, spécialiste en médecine interne à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

Dre Baker fait partie de ces ambassadeurs, médecins et pharmacien, recrutés pour la campagne régionale Comptez sur moi, afin de sensibiliser à l’importance de la vaccination et d’inciter la population à se faire vacciner.

«La seule façon d’avancer, selon moi, c’est de procéder à une vaccination massive. Si on veut s’en sortir, il faut qu’on se fasse vacciner et qu’on ait l’immunité collective. De cette façon, la COVID disparaîtra progressivement», a-t-elle soutenu, en entrevue téléphonique avec le www.lanouvelle.net.

L’effort de tous compte pour beaucoup. «Si tout le monde attend que le voisin se fasse vacciner, on ne reprendra jamais une vie normale. On sera coincé en confinement encore pendant des mois. Pour retrouver une vie normale, il faut faire un effort collectif», a fait valoir la spécialiste, tout en évoquant les dommages collatéraux causés par le coronavirus, comme les effets néfastes sur la santé mentale, la recrudescence de la violence conjugale et autres.

Interrogée sur le pourcentage requis pour l’obtention d’une immunité adéquate, l’ambassadrice répond qu’idéalement, tous devraient recevoir le vaccin. «Même vacciné, on demeure un vecteur. Le vaccin me protège, moi, faisant en sorte que j’aurai moins de chances d’être hospitalisé et d’en mourir. Mais je peux tout de même le transmettre aux personnes non vaccinées», a-t-elle précisé.

Et le virus s’attaque aussi à des jeunes en santé. «Généralement, les gens qui en meurent, ce sont des personnes plus âgées et plus malades. Mais on constate de plus en plus le syndrome du long COVID chez les jeunes. On en voit qui ont contracté le virus il y a des semaines et des mois et qui  éprouvent encore des difficultés à fonctionner, qui n’arrivent pas à retourner au travail. Même si on n’en meurt pas, on peut quand même avoir des séquelles. Le risque demeure», a-t-elle prévenu, ajoutant que des jeunes se retrouvent aux soins intensifs.

Sur la durée des séquelles, la science, pour le moment, ne peut y répondre. «On ne sait pas encore combien de temps ça peut durer», a confié la Dre Alyson Baker. Ça varie d’un cas à l’autre, de presque rien à quelques semaines jusqu’à des mois…

L’interniste se fait, par ailleurs, rassurante quant au risque de thrombose associé au vaccin. Un risque très minime, d’à peine 1 cas sur 250 000, ce qui équivaudrait à environ 34 cas si on vaccinait les 8,5 millions de Québécois.

De plus, on s’assure d’un processus très rigoureux de suivi une fois l’opération de vaccination mise en place. «C’est d’ailleurs de cette façon qu’on a pu déceler les effets secondaires qui sont excessivement rares», souligne-t-elle.

Aux personnes doutant de la sécurité du vaccin en raison de sa production trop rapide, Dre Baker explique que les scientifiques travaillent depuis des années déjà avec les vaccins. «Ce qui est long habituellement, c’est la paperasse, c’est d’avoir les approbations. Actuellement, avec cette pandémie mondiale, tous les pays, les gouvernements, ont mis ensemble leurs ressources. Ce qui fait que le développement a été plus rapide du côté de la bureaucratie. Mais côté science, tout a été fait dans les règles de l’art», a-t-elle signalé.

Les personnes vaccinées, par ailleurs, doivent demeurer vigilantes et continuer d’observer les mesures en vigueur. «Tant qu’on n’a pas atteint une immunité collective, on se doit de suivre les règles sociosanitaires du gouvernement.»

La Dre Baker affiche-t-elle un certain optimisme pour la saison estivale à venir? «Au Centre-du-Québec, les gens sont respectueux des mesures. Si on fait un effort, si on se fait vacciner et si on suit les mesures à la lettre, je m’attends à une diminution des cas durant l’été et peut-être qu’on pourrait avoir un petit relâchement. Mais on ne doit pas tout relâcher et recréer des éclosions. La ligne d’arrivée s’en vient. On a l’espoir que ça finisse. Il faut juste atteindre notre vaccination», a-t-elle exprimé.

Alyson Baker se réjouit de voir qu’actuellement, les hôpitaux tiennent le coup. Heureusement parce que le personnel est à bout de souffle. «On manque de personnel, on a recours au temps supplémentaire. Il ne faudrait surtout pas que surviennent des éclosions. Ce serait terrible que les infirmières ne puissent prendre de vacances cet été», a-t-elle confié.

Elle-même reconnaît que la situation «gruge». «Ça vient nous chercher, c’est comme une torture à petit feu. Il nous faut trouver des façons de se ressourcer», a-t-elle dit.

Questionnée sur une possible récurrence du vaccin, la science n’apporte pas de réponse pour l’instant. «On ne sait pas encore si ce sera une maladie récurrente comme la grippe ou si le virus disparaîtra comme le H1 N1. J’ai l’impression que cela dépendra de notre vitesse de vaccination avant qu’il y ait trop de mutants, de variations», a-t-elle exposé.

D’où l’importance de faire vite. Le plus vite possible, selon Dre Baker. «Plus on attend, plus le virus peut muter et moins la vaccination sera efficace et plus il faudra de temps avant de reprendre le contrôle.»

À propos des femmes enceintes, l’Ontario recommande que les femmes ayant plus de 20 semaines de grossesse soient vaccinées prioritairement.

Au Québec, elles n’entrent pas dans les groupes prioritaires. «Mais j’encourage les femmes à en parler avec leur médecin. Une femme enceinte perd la réserve pulmonaire et devient plus à risque vis-à-vis les virus qui peuvent atteindre les poumons. Ça vaut encore plus la peine de se faire vacciner», a-t-elle observé.

La deuxième dose

L’objectif d’une deuxième dose, un «booster», dans le jargon médical, vise à renforcer encore davantage le système immunitaire, pour qu’il soit plus prêt encore à combattre l’ennemi. «On voit un peu plus d’effets secondaires à la deuxième dose parce que le corps est rendu prêt à se défendre, il réagit», a expliqué la Dre Baker.

Idéalement, il est préférable d’injecter le même vaccin à la deuxième dose. Mais un vaccin différent ne présente aucun danger. Un vaccin différent ne développera pas les mêmes anticorps. «Il n’y a pas de limite au nombre de vaccins que peut recevoir le corps humain», a précisé l’interniste.

Une analyse d’ailleurs s’effectue sur la scène provinciale afin d’évaluer si justement l’injection d’un vaccin différent pouvait être plus efficace, a signalé Kellie Forand, agente d’information au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Enfin, la Dre Alyson Baker s’enthousiasme de voir la réponse des citoyens dans la région. «Ici, en Mauricie-Centre-du-Québec, les gens ont vraiment répondu présents. Nos plages de rendez-vous sont presque toutes comblées. Ça va très bien. Je pense que la majorité des gens ont hâte et sont prêts à se faire vacciner», a-t-elle signalé, estimant que les complotistes et antivaccins constituent une minorité. «Mais une minorité qui parle bien fort», selon elle.