Étude Parcours : 46% des nouveaux demandeurs d’aide alimentaire vivent une insécurité grave

La Chaire de recherche du Canada Approches communautaires et inégalités de santé (Chaire CACIS), en collaboration avec les Banques alimentaires du Québec, dévoile les premières données de l’étude PARCOURS, une étude longitudinale qui suit la trajectoire de 1 000 nouveaux usagers d’organismes d’aide alimentaire, recrutés entre septembre 2018 et janvier 2020, soit juste avant la pandémie mondiale. Cette dernière révèle la fragilité de la situation de plusieurs bénéficiaires alors que près de la moitié d’entre eux (46%)sont en situation d’insécurité alimentaire grave au moment où ils ont recours pour la première fois à l’aide alimentaire. L’insécurité alimentaire grave se caractérise par un niveau extrême de privation, tel que se priver de nourriture une journée entière, menant parfois même jusqu’à une perte de poids non désirée.

De nombreux usagers en situation de grande vulnérabilité

Les premiers constats de l’étude PARCOURS sont très évocateurs et démontrent que plusieurs usagers sont en situation de vulnérabilité importante lorsqu’ils bénéficient d’aide alimentaire pour la toute première fois. L’étude soulève que les trois quarts des nouveaux demandeurs d’aide alimentaire ont des revenus de moins de 20 000 $ par an. Elle démontre aussi que leur santé mentale et physique est significativement inférieure à celle de la moyenne de la population.
L’étude PARCOURS révèle également que l’insécurité alimentaire se vit de manière différente en fonction du milieu de vie. On note en effet une plus grande fragilité dans les environnements ruraux, alors que 50 % des ménages composés de nouveaux usagers sont en situation d’insécurité alimentaire grave, contre 39 % en centres urbains.

L’étude PARCOURS indique également que les banques alimentaires constituent pour 86% des nouveaux demandeurs, une porte d’entrée vers d’autres services communautaires offrant différents types de soutien pour combler leurs besoins.

Une première au Canada

L’étude PARCOURS constitue une première du genre au pays en raison de son aspect longitudinal. Elle retrace la trajectoire de mille nouveaux bénéficiaires d’aide alimentaire dans 106 organismes communautaires du Québec, répartis dans des régions urbaines, périurbaines et rurales, et permet un accès à des données jamais encore observées sur le parcours de ces nouveaux usagers, à savoir notamment comment et s’ils retrouvent leur sécurité alimentaire. L’étude a débuté en 2018 et en est actuellement à sa troisième phase de collecte de données. Avec celles-ci, l’équipe de chercheurs pourra étoffer le portrait des nouveaux demandeurs et leur parcours d’utilisation de services communautaires visant l’amélioration de la sécurité alimentaire.

«Contrairement à certaines idées préconçues, les gens qui reçoivent de l’aide alimentaire pour la première fois ne sont pas inactifs : la moitié d’entre eux travaillent, sont à la recherche d’un emploi ou étudient! D’ailleurs, pour la presque totalité des usagers que nous suivons, il s’agit aussi de leur première expérience dans un organisme communautaire. Nos résultats montrent que le visage de la faim est diversifié, que ce soit en ce qui a trait au type de ménage, au niveau de scolarité, à la situation d’emploi ou à l’origine ethnoculturelle. Sachant que ces premières observations proviennent de données colligées avant la pandémie, alors que le Québec était dans une situation économique enviable, cela nous laisse croire que les politiques publiques sont nettement insuffisantes pour aider les gens à se sortir de la précarité», explique Geneviève Mercille, Dt.P., Ph.D, co-chercheuse principale, Université de Montréal.

«Les premiers constats de l’étude PARCOURS nous permettent de mieux comprendre la réalité des usagers lorsqu’ils ont recours à l’aide alimentaire pour une première fois. Ces observations sont d’ailleurs en adéquation avec ce que les organismes membres de Banques alimentaires du Québec observent sur le terrain. Alors que la pandémie a exacerbé les besoins en aide alimentaire et entraîné une hausse de la demande d’environ 30%, nous nous attendons à ce que les besoins continuent d’augmenter, puisqu’historiquement, les effets d’un ralentissement économique se font sentir à plus long terme sur la demande d’aide alimentaire. Les conclusions qui suivront lors des prochaines phases de l’étude seront d’autant plus pertinentes dans ce contexte et nous permettront d’être encore plus agiles sur le terrain», ajoute Véronique Beaulieu Fowler, directrice communications & philanthropie, Banques alimentaires du Québec