La crise du logement : pas juste dans les grands centres

Rareté des logements, forte hausse du coût des loyers, la région de Victoriaville vit aussi une crise du logement. «On pense que c’est juste à Montréal, mais ce n’est pas la réalité», souligne Evelyne Heeremans, coordonnatrice par intérim de l’Association des locataires Centre-du-Québec.

À l’occasion de la Journée des locataires du 24 avril, l’organisme tient à faire état de cette situation préoccupante. «On reçoit beaucoup d’appels de gens qui n’ont pas renouvelé leur bail et qui ne sont pas en mesure de se reloger», signale la coordonnatrice qui s’attend, malheureusement, à voir des locataires à la rue en juillet. «Non seulement les logements sont rares, mais ils sont dispendieux», note Evelyne Heeremans.

Selon les chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation des logements locatifs à Victoriaville a chuté de 3,1% à l’automne 2019 à 1,8% à l’automne 2020.

La coordonnatrice déplore aussi le manque de ressources en matière de recherche de logement. Les locataires sont laissés à eux-mêmes. «Et s’ils n’ont pas accès à Internet, oublie ça. Même avec un tel accès, c’est difficile», souligne la coordonnatrice.

Le logement disponible se fait donc rare, ce qui crée une énorme pression pour les locataires en recherche de loyer. Cette pénurie a contribué à une augmentation en flèche du coût de loyer moyen qui a bondi de 7,9% en un an, soit 10 fois plus que l’indice des prix à la consommation.

L’Association des locataires Centre-du-Québec joint ainsi sa voix au RCLALC, un regroupement de comités de logement, pour la campagne «Les loyers explosent, un contrôle s’impose» et réclamer ainsi du gouvernement une intervention en ce sens. «Qu’il y ait, au moins, une limite, fait valoir Evelyne Heeremans. Quand c’est justifié, les locataires ne se plaignent pas généralement. Ils seront prêts à payer l’augmentation si, par exemple, les rénovations ont été faites et qu’ils en bénéficient un peu.»

Mais, les appels que reçoit l’Association des locataires tendent à démontrer des hausses abusives. «Les augmentations sont plus élevées que dans les dernières années. L’augmentation moyenne étant de 25 $ par mois pour des immeubles de plus de cinq ans, mais on en voit beaucoup des hausses de 40 $ et 50 $», signale la coordonnatrice.

Et pour les immeubles de moins de cinq ans, les locataires ne peuvent refuser les augmentations qu’imposent les propriétaires. «Ils doivent les accepter ou bien déménager», indique Mme Heeremans.

Pourtant, le tribunal administratif du logement (anciennement la Régie du logement) a fixé, cette année, le taux d’augmentation à 0,8%. Toutefois, il n’est que symbolique. «Le tribunal suggère ce taux, mais il ne le rend pas obligatoire. Je dirais qu’un seul propriétaire sur 10 le respecte», avance la coordonnatrice par intérim qui invite les intéressés à consulter le lien suivant : https://rclalq.qc.ca/campagne/controledesloyers/.

Pour les locataires victimes de discrimination, le RCLALQ procède actuellement à une collecte de témoignages via le lien suivant : https://forms.gle/9KhjMiNsUT8LtrHH9.

Demande à la Ville

L’Association des locataires Centre-du-Québec fait siennes aussi les revendications du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui demande aux villes la mise en place d’un service d’aide d’urgence local pour les locataires dont le bail ne peut être renouvelé et qui risquent de ne pas trouver de logement en raison de la pénurie de logements locatifs.

«J’ai adressé une demande en ce sens à la Ville de Victoriaville», confirme Evelyne Heeremans. Le service d’aide, souhaite-t-on, viendrait assurer gratuitement l’hébergement temporaire des sans-logis, le déménagement et l’entreposage de leurs biens, le temps de l’hébergement.

L’Association des locataires signale aussi un manque du côté des logements sociaux. «Il n’y en a pas assez, indique Mme Heeremans. Les listes d’attente sont longues.»

D’autres problématiques, par ailleurs, se dressent devant les locataires. Si les cas d’insalubrité peuvent être plus nombreux qu’on le pense, les locataires font aussi face à la discrimination. «La discrimination est très présente. Certains propriétaires prennent avantage de la crise actuelle. La demande est tellement forte qu’ils ont le choix. Ils peuvent choisir leurs locataires et imposer leurs conditions. Sur 10 appels, ils ne prendront pas la personne sur l’aide sociale, même s’il peut s’agir d’un très bon payeur», exemplifie-t-elle, ajoutant que la discrimination se fait aussi sentir chez les nouveaux immigrants.

Un grand travail de sensibilisation reste encore à faire. «Parce qu’avoir un toit, ce n’est pas un luxe. C’est un droit d’avoir une place, un endroit où on se sent bien et en sécurité. Chaque être humain a le droit de vivre dans la dignité», exprime Evelyne Heeremans.

L’Association et sa mission

L’Association des locataires Centre-du-Québec veut profiter de la Journée des locataires du 24 avril pour rappeler sa mission, celle de défendre les droits des locataires. «Nous sommes dans l’éducation populaire. Nous existons pour éduquer, informer les gens, leur rappeler qu’ils ont des droits et les accompagner aussi», explique la coordonnatrice par intérim.

L’organisme a officiellement vu le jour en mai 1982 sous le vocable L’Association des locataires des Bois-Francs. Elle a modifié son nom et élargi son territoire en juillet 2018 en devenant l’Association des locataires Centre-du-Québec.

L’organisme a pignon sur rue à la Place communautaire Rita-St-Pierre de Victoriaville. En ce temps de pandémie, des rencontres sur rendez-vous sont possibles pour des cas urgents. Mais le travail se fait principalement par téléphone et courriel.

On peut contacter l’association au 819 758-3673 et à l’adresse ass.loc@cdcbf.qc.ca. L’organisme a aussi sa page Facebook : https://www.facebook.com/Association-des-locataires-Centre-du-Qu%C3%A9bec-106328101434934.