Victoriaville se prépare à implanter une Zone d’innovation en agriculture durable et circulaire

La Ville de Victoriaville pilote, depuis plusieurs mois, l’élaboration d’un plan d’affaire afin d’implanter dans la municipalité une Zone d’innovation en agriculture durable et circulaire qui sera désignée par le nom «Le Terreau, culture d’innovation». Cette Zone pourrait générer, avec l’apport des gouvernements, du privé, du scolaire et de différents projets, près d’un quart de milliard $ d’investissements et de retombées. On parle également de la création d’environ 200 emplois au cours des deux prochaines années.

C’est mercredi matin (14 avril) que le maire de Victoriaville, André Bellavance, accompagné du directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Vincent Guay, ainsi que de nombreux autres partenaires au projet, a annoncé le dépôt, auprès du ministère de l’Économie, du projet régional afin de répondre à l’appel de projet lancé.

«Mais c’est vraiment un travail d’équipe. La Zone est appuyée par des entreprises, des établissements de recherche et d’enseignement et des organismes à vocation économique», a indiqué d’entrée de jeu le maire Bellavance. En fait, ils sont plus de 70 (multidisciplinaires et intersectoriels) à collaborer à ce projet. On peut nommer parmi eux le Cégep de Victoriaville et son Institut national d’agriculture biologique (INAB), la Chaire de recherche municipale pour les villes durables, l’Union des producteurs agricoles (UPA), la Corporation de développement durable, ainsi que l’Université du Québec à Trois-Rivières et celle de Sherbrooke, l’entreprise Sani Marc, etc. «L’agriculture et l’agroalimentaire représentent une force économique en région (un emploi sur trois). Ce qui nous distingue aussi, c’est l’innovation sociale (CISA, CFER), l’économie circulaire Arthabaska-Érable. Victoriaville a déjà jeté des premiers jalons avec des partenaires internationaux sur bien des sujets», soutient le maire en précisant que la Ville était également prête à offrir un terrain, du côté de l’Écoparc industriel, pour l’établissement de ce carrefour «agro-industrio-scientifique», dont la mission sera d’accélérer la transition de l’agriculture et du monde agricole élargi vers des pratiques innovantes et plus durables. «Si le gouvernement nous octroie une Zone d’innovation, nous serons prêts à déployer nos forces vives», a ajouté M. Bellavance.

Ce grand projet est coordonné par la CDEVR et son directeur général, Vincent Guay, a indiqué de son côté être très heureux d’annoncer cette proposition qui a nécessité beaucoup de travail. C’est en novembre dernier que le projet a été déposé et celui-ci vise, comme l’a dit simplement M. Guay, à rendre l’agriculture du Québec plus rentable, plus résiliente, plus propre, plus autonome, connectée, plus humaine et plus engagée.

Dans cette zone, on pourrait réaliser plusieurs projets, dont certains sur les plastiques agricoles, les eaux usées, les pratiques aux champs, la biodiversité, la revalorisation des terres en friche, le soutien au développement de nouvelles cultures émergentes, etc. «Bref, nous travaillons sur une foule d’éléments qui sont porteurs et qui nous permettront de définir et dessiner l’avenir», ajoute-t-il.

Du côté des bénéfices, M. Guay évalue que la Zone entraînera une activité économique accrue. «Nous visons l’augmentation de la richesse collective. Nous voulons proposer des emplois à valeur ajoutée alors que nous sommes en déficit présentement, particulièrement au Centre-du-Québec. Nous voulons bien sûr contribuer et participer à la relance de cette économie qui est largement éprouvée par la pandémie», souligne-t-il. Cette économie, selon lui, pourrait être relancée avec trois valeurs : être plus humaine (humaniste), inclusive et verte.

La Zone serait un lieu pour développer des connaissances et une belle façon de développer le savoir-faire régional et le faire rayonner en tissant des liens à l’international comme l’indiquent les nombreux partenaires.

Du côté des chiffres, M. Guay annonce que le plan d’affaire demande un montant total de 67 M $ sur 5 ans au gouvernement du Québec. «Pour les cinq prochaines années, les investissements du privé généreraient 170 M $ (avec six gros projets). On anticipe de nombreux projets dans le monde agricole et le milieu de la recherche serait sollicité pour un montant de 2,5 M $».

Le Terreau aura également comme caractère unique de favoriser le rapprochement de l’agriculture avec les secteurs industriels, municipaux, institutionnels et de la recherche afin de construire de nouvelles chaînes de valeurs.

«Avec cette Zone, Normand Maurice, notre pionnier du recyclage et de l’économie circulaire, doit être fier de voir son héritage se transmettre au milieu agricole et faire le lien avec le secteur manufacturier. C’est avec cette inspiration que nous propulserons ce projet.», a souligné de son côté Simon Barnabé, responsable de la Chaire de recherche municipale pour les villes durables.

Pour ce qui est de l’Union des producteurs agricoles (UPA), elle contribue également au déploiement de cette Zone. Daniel Habel, son représentant, a indiqué que ce nouvel outil contribuera à réaliser le but des actions de l’organisme.

Même si la Zone n’a pas encore été reconnue et financée par les instances gouvernementales, tous les intervenants sont confiants qu’elle le sera. «Rien ne nous empêche de faire, déjà, différents projets dont certains sont déjà en cours. On est en action dans différentes sphères d’activités et on continue. Si notre projet était retenu, et je n’ai aucune raison de croire le contraire, ce sera le coup de pouce pour accélérer l’ensemble des initiatives qui sont mises de l’avant à l’heure actuelle», note M. Guay.

C’est le gouvernement qui annoncera où se retrouveront les zones d’innovation, on ne sait à quel moment pour l’instant. «Mais le gouvernement a dit qu’il y avait tellement de projets emballants, et le nôtre en est un, que de toute façon il y aura accompagnement pour plusieurs projets même s’il n’y a pas de désignation officielle de zone d’innovation», a terminé André Bellavance.

Actuellement, la Zone est installée dans les bureaux de la CDEVR. «Quand on aura plus de fonds, nous allons ériger un bâtiment», a indiqué Vincent Guay.