Homme Alternative : un premier pas à franchir

Plusieurs l’ignorent peut-être, mais à Victoriaville existe un organisme dédié aux hommes (ou adolescents) aux prises avec des comportements violents en milieu conjugal ou familial. En ces temps où la violence faite aux femmes est proéminente, plusieurs auraient intérêt à communiquer avec l’équipe afin d’obtenir de l’aide avant de commettre des gestes regrettables.

La directrice, Roxane Van Der Meerschen indique, d’entrée de jeu, que la solution réside toujours dans la sensibilisation et la prévention. «Malheureusement, les investissements vont à des mesures de contrôle pénal», déplore-t-elle.

Les huit féminicides en huit semaines au Québec, depuis le début de l’année, sont dramatiques et démontrent qu’il y a du travail à faire auprès de la gent masculine. Cette situation a d’ailleurs amené un grand nombre de personnes à consulter l’organisme. Il s’agit d’un point positif malgré les drames qui ont été vécus par les femmes touchées, puisque le simple fait de se mettre en action pour changer ses comportements est un grand pas dans la bonne direction pour les hommes qui reconnaissent leur problème.

C’est donc pour leur venir en aide qu’Homme Alternative, qui existe à Victoriaville depuis 1986, est là. Mais malgré son âge, l’organisme, qui   dessert une clientèle masculine avec des comportements violents (qui peuvent prendre différentes formes) ou en difficulté, est encore trop peu connu.

Pour recevoir les services de soutien ou de thérapie, l’homme doit communiquer lui-même avec l’organisme. «Ça survient souvent lorsqu’il se rend compte qu’il crie ou qu’il a de la difficulté à gérer sa colère», note la directrice. En d’autres temps, également, il peut avoir été référé par la DPJ, la cour, des amis ou sa conjointe.

Lors des rencontres, on aborde différents thèmes, dont la socialisation. Que doit être un homme dans la vie d’aujourd’hui? Quelle place lui revient? On s’attend à quoi de lui? Autant de questions, parfois un peu taboues, qu’il faut démêler. «Il faut identifier nos émotions, nos besoins, tout en respectant ceux des autres», note Mme Van Der Meerschen.

La pandémie et les féminicides

Chez Homme Alternative, le début de la pandémie a nécessité des ajustements. Pour les suivis, il a fallu remplacer les rencontres face à face par des appels téléphoniques ou de la visioconférence. «Et puisqu’il y a du bon en tout, nous avons remarqué que certains se sont adaptés à merveille avec la nouvelle façon de faire», fait-elle remarquer. Pour des gens qui avaient de la difficulté à s’ouvrir en personne, la distance du téléphone ou de la visioconférence a facilité les choses. Mais le contraire est également vrai puisque certains voudront attendre de pouvoir parler directement (en personne) à quelqu’un et ainsi retarder tout le processus. «Mais on continue le travail», ajoute la directrice.

Au début de la première vague, au sein de l’organisme, on n’a pas remarqué de hausse significative du nombre de personnes qui ont demandé des services. Mais, depuis le début de l’année 2021 (et les huit féminicides), la directrice qualifie d’importante l’augmentation des demandes. Et cela créé malheureusement une liste d’attente qui peut avoir des répercussions sur la suite des choses.

En effet, le premier pas étant le plus difficile, si l’homme a le courage de téléphoner et qu’on lui annonce qu’il se retrouve sur une liste d’attente, il n’aura peut-être pas la même volonté lorsqu’on son tour viendra. Mais c’est le réel portrait de la situation, autant chez Homme Alternative que dans les 30 autres organismes du genre au Québec.

La directrice rappelle que la violence est une escalade et qu’il ne faut pas attendre d’être arrivé au bout pour demander de l’aide. Mais souvent les hommes vont attendre plus longtemps que les femmes avant d’en demander. «Ils se disent que ça va passer. Et quand ils le font, ils sont en crise, au bout du rouleau. C’est alors que l’accueil de la demande est crucial», fait-elle savoir.

La pandémie aura également fait en sorte qu’il a fallu suspendre les rencontres de groupes pour les hommes violents, ceux en difficulté et ceux en rupture. Celles-ci devraient toutefois reprendre l’automne prochain (si la situation sanitaire le permet bien entendu). Même chose pour les activités de sensibilisation chez les adolescents sur la violence amoureuse qu’on faisait dans les écoles secondaires et qui ont dû être annulées. Cela pourrait avoir un effet pernicieux que ce manque de sensibilisation et de prévention qui, rappelle la directrice, reste la base de tout.

Il faut ajouter qu’Homme Alternative offre également des services d’intervention psychosociale à tout homme éprouvant des difficultés relationnelles ou vivant une crise transitionnelle. Ça peut être des difficultés conjugales, à la suite d’une perte d’emploi, d’un deuil, etc. Ce service permet d’obtenir de l’aide avant que la situation ne se détériore ou qu’apparaisse la violence.

L’organisme continue donc  d’être bien présent et encourage les hommes à téléphoner pour obtenir de l’aide, à se mettre en action pour changer les choses et devenir la meilleure version d’eux-mêmes. Le numéro de téléphone pour joindre Homme Alternative est le 819 357-5757.