«Je me lance» pour favoriser l’engagement des femmes en politique municipale

À sept mois des élections municipales au Québec, la Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) lance sa campagne Je me lance! visant à encourager davantage de femmes à briguer les suffrages dans leur municipalité.

Une campagne nécessaire puisqu’il y a encore du chemin à faire en la matière. «Au Centre-du-Québec, lors des dernières élections municipales, 29% de femmes ont obtenu un poste de conseillère et 19% de femmes ont accédé à la mairie. Des résultats en deçà de la moyenne provinciale qui se situe à 34%», a indiqué la directrice de la TCMFCQ, Francyne Ducharme.

Avec sa campagne Je me lance! et le programme d’activités proposées, la Table vise minimalement l’atteinte de la moyenne provinciale, sinon la dépasser. «À chaque élection, depuis 2013, on observe une progression constante, mais cette augmentation se fait à doses homéopathiques. C’est très lent. Et on est loin de la parité», a-t-elle observé.

Francyne Ducharme, directrice de la TCMFCQ (Photo capture d’écran)

Sur le territoire centricois, seulement 20 des 79 conseils municipaux présentent une parité ou se situent dans une zone paritaire, dont 4 seulement dans la MRC d’Arthabaska. «On doit donc redoubler d’efforts pour atteindre cette fameuse parité. Il s’agit d’une question de justice sociale puisque les femmes représentent plus de 50% de la population. Il est donc important qu’elles soient représentées», a souligné Mme Ducharme.

Les activités

La TCMFCQ et ses partenaires, le Secrétariat à la condition féminine du Québec, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et les MRC d’Arthabaska et de Nicolet-Yamasla, ont donc élaboré un programme d’activités dans le but d’améliorer la représentativité des femmes.

À la programmation figurent, notamment, trois formations pour préparer les futures candidates.

La première formation intitulée Démystifier le pouvoir municipal sera proposée en mode virtuel sur la plateforme Zoom le 27 avril à 19 h. «Dans cette formation, on définira le rôle et les responsabilités d’une élue, le fonctionnement d’un conseil municipal, les compétences et les habiletés. La mairesse Julie Pressé de Fortierville témoignera aussi de son expérience», a fait savoir Maryse St-Arneault, agente de projet et des communications à la TCMFCQ.

Une formation gratuite, mais les intéressées doivent s’inscrire à l’avance en raison des places limitées.

Une deuxième formation viendra expliquer la façon de lancer sa campagne électorale, surtout en temps de pandémie.

Et la troisième formation prendra la forme d’un webinaire. «On compte réunir un panel d’élues pouvant répondre aux questions de la population, pour susciter des échanges sur l’expérience vécue par les élues et constater ce qu’il y a d »enrichissant», a précisé Mme St-Arneault.

Les sites Web de la TCMFCQ et des partenaires proposent également différents outils, comme le parcours de la candidate, de même que le guide du parcours simplifié pour les instances décisionnelles. «On proposera, de plus, des capsules vidéo comprenant des témoignages d’élues, sans compter notre programme de mentorat. Des élues se rendent disponibles pour accompagner et répondre aux questions des futures candidates», a confié l’agente de projet, ajoutant qu’une infolettre Femmes de pouvoir sera acheminée mensuellement aux femmes inscrites.

Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet, préfète de la MRC de Nicolet-Yamaska et présidente de la Table des préfets du Centre-du-Québec (Photo capture d’écran)

À tout cela se greffera une campagne promotionnelle dans les journaux, à la radio, ainsi que sur les réseaux sociaux.

Témoignages

Préfète de la MRC de Nicolet-Yamaska, mairesse de Nicolet et présidente de la Table des préfets du Centre-du-Québec , Geneviève Dubois reconnaît que le contexte actuel ne semble guère propice à la promotion de l’implication en politique municipale. «Les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, le climat de travail parfois tendu au sein de certains conseils, les nombreuses réunions, les dossiers parfois chauds à régler, peuvent en décourager plusieurs», a-t-elle observé.

Pourtant, la mairesse Dubois invite les femmes, de tous horizons, avec ou sans expérience, à s’engager. «On a besoin de vous. Si nous souhaitons faire bouger les choses, si nous voulons que ce monde change, vos communautés ont besoin de votre engagement, de votre courage, de vos idées, de votre détermination et de votre leadership», a-t-elle plaidé.

Geneviève Dubois se désole de la présence de peu de femmes dans les conseils municipaux. «Au Québec, on dénombre quatre maires pour une mairesse alors qu’on représente 50% de la population. La parité ne doit plus être un simple objectif, mais doit devenir réalité. C’est pourquoi chaque candidature compte», a-t-elle soutenu.

L’élue de Nicolet n’a jamais regretté son choix de s’engager. «La politique municipale n’est pas de tout repos. Mais elle apporte beaucoup, notamment le plaisir des débats d’idées, des liens tissés extrêmement serrés avec des collègues et la communauté, la satisfaction du service et surtout le sentiment de travailler à rendre ce monde un peu meilleur à une échelle humaine», a-t-elle exprimé. «Rien de mieux qu’un conseil diversifié pour qu’aucun angle de vue ne passe sous le radar», a-t-elle ajouté.

Selon elle, il faudra, pour faire face aux nombreux enjeux, «des idées neuves pour soutenir la relance verte, durable et inclusive de l’économie, pour poursuivre la lutte aux changements climatiques, pour rendre nos villes et villages plus attrayants et accueillants, pour garder nos jeunes et moins jeunes chez nous et pour préserver les richesses de nos milieux naturels. «Ce ne sont là que quelques défis qui n’attendent qu’à être relevés. Nous ne serons jamais trop nombreuses pour y arriver», a-t-elle confié.

Pour sa part, Noëlla Comtois, conseillère à la Ville de Warwick, a toujours cru à l’importance de la présence des femmes autant que celle des hommes. «Je trouve qu’ensemble, nous avons des idées qu’on apporte de manière différente. De voir l’angle des deux, c’est important», a-t-elle fait valoir.

Les femmes engagées dans quelconque domaine et qui n’hésitent pas à exprimer leurs opinions ont leur place en politique municipale, a-t-elle signalé. «Nous sommes fières de notre municipalité, on veut l’embellir», a-t-elle mentionné.

La directrice de la TCMFCQ, Francyne Ducharme, en conclusion, a tenu à lancer un message aux femmes. «Souvent celles-ci hésitent, craignant ne pas avoir les qualifications nécessaires. En fait, la seule qualification qu’il vous faut pour devenir conseillère municipale, c’est de vivre dans votre municipalité, de l’aimer, de vouloir faire quelque chose pour que la communauté assure le bien-être à tous les concitoyens et concitoyennes.»