CPE : le personnel toujours au front après plus d’un an

Les gestionnaires du regroupement local de 11 services de garde à l’enfance, Pro-Enjeux Arthabaska-Érable, ont voulu, par l’entremise de leur coordonnatrice, Marie-Ève Croteau, mettre en lumière tout le travail effectué par le personnel des CPE depuis plus d’une année, et ce, malgré tous les défis.

«Les éducatrices (ce sont en majorité des femmes) et les gestionnaires sont fatigués. Ils ont de lourds horaires notamment avec les bulles», explique Marie-Ève. En effet, elle souligne que les nouvelles façons de faire, entraînées par la pandémie, et la pénurie de personnel, qui sévissait avant même la COVID-19, ainsi qu’une longue liste d’attente font en sorte que toutes doivent en faire davantage. «Nous sommes près de la rupture de services», estime-t-elle. Même qu’un CPE de la région a dû récemment, faute de personnel, interrompre ses services quelques heures.

Et comme si ce n’était pas suffisant, le personnel a appris qu’il avait dû porter, de mars à décembre 2020, des masques non conformes, fournis par le gouvernement. «Alors elles ont reçu d’autres masques et après quatre mois, on a appris qu’ils peuvent être toxiques», déplore-t-elle. Pas étonnant alors que les éducatrices se soient insurgées de la situation et que la confiance, envers l’équipement fourni par les instances gouvernementales, soit effritée.

Le regroupement déplore également le manque de reconnaissance envers ces travailleuses qui sont au front, jour après jour, depuis le début. «Les CPE se sont revirés de bord rapidement et quand tout était fermé, ils étaient ouverts pour permettre aux travailleurs essentiels d’assurer leurs fonctions. Et les éducatrices sont toujours là. Aucune prime pour elles, ni journées pédagogiques. Aussi, elles sont actuellement en négociations pour leurs conditions de travail, mais on n’en entend malheureusement pas parler», dénonce encore Mme Croteau.

Elle estime, ainsi que Pro-Enjeux, que le gouvernement a fait beaucoup pour les travailleurs essentiels depuis le début de la pandémie, mais bien peu pour celles qui assurent le maintien des services dans les CPE. «Plusieurs ne savent même pas si elles vont pouvoir prendre des vacances durant l’été, à cause de la pénurie de personnel», ajoute la coordonnatrice.

Il y a en effet plusieurs éducatrices qui se retrouvent en congé de maternité ou de maladie. D’autres choisissent aussi de quitter le métier, devenu beaucoup trop difficile. «À cause du port des équipements de protection individuels, mais aussi parce qu’elles trouvent que leur travail est dénaturé», explique-t-elle. Cela est sans compter celles qui changent de branche, souhaitant de l’avancement, difficile à obtenir dans les CPE ou encore de meilleures conditions.

De nouvelles places

Il y a quelque temps, on a annoncé la création de 222 nouvelles places en CPE dans Arthabaska. Une bonne nouvelle pour les familles, mais Marie-Ève s’interroge à savoir d’où viendront les éducatrices (même si le processus sera assez long). «Il y a le Cégep de Victoriaville qui va offrir la technique d’éducation à l’enfance, mais la première cohorte ne sortira pas avant trois ans», précise-t-elle. Donc de nouvelles places, mais pas suffisamment de personnel. Et parmi les familles qui cherchent désespérément des places, il y a des éducatrices en CPE qui ne peuvent revenir au travail, ne pouvant trouver d’endroit pour faire garder leurs enfants. Une roue sans fin donc.

Le regroupement de 11 CPE à Victoriaville et les environs (centres de la petite enfance, privés subventionnés et privés) sont formés de 300 éducatrices qui offrent des services à 1122 familles. «Elles font un travail extraordinaire, essentiel. Elles travaillent en temps supplémentaire pour compenser le manque de personnel, pour respecter les bulles, pour assurer les bons soins et la désinfection quotidienne. Elles doivent aussi s’adapter constamment aux nouvelles mesures et les expliquer régulièrement aux parents. Malgré tout, elles demeurent garantes de la qualité éducative de nos 0-5 ans dans les milieux de garde», termine la coordonnatrice.