Le privilège de se mesurer aux meilleurs

Depuis qu’il s’est engagé avec l’Orange de l’Université de Syracuse, le joueur de ligne offensive victoriavillois Matthew K. Bergeron avance tranquillement vers le sommet du football. En cours de route, il affronte une compétition des plus relevées que peu de joueurs canadiens ont la chance d’expérimenter alors qu’ils se retrouvent confrontés aux vedettes de demain dans le monde du football professionnel. Alors, ça ressemble à quoi se mesurer à quelques-unes des vedettes de demain, de futurs joueurs de la National Football League (NFL)?

Cette année, en prenant comme outil le classement des meilleurs espoirs du repêchage 2021 de la NFL selon CBS Sports, il est possible de voir que Bergeron et l’Orange ont affronté 21 des 100 meilleurs joueurs qui se sont mis disponibles pour le prochain encan du circuit Goodell. Du lot, on compte notamment l’espoir numéro un de cette cuvée, soit le quart-arrière Trevor Lawrence. L’intéressant athlète est donc bien placé pour voir que ceux-ci sont au-dessus de la moyenne lorsqu’ils sautent sur le terrain. Bergeron fait d’ailleurs valoir que les équipes sont tellement bien nanties en termes de recruteurs que même si un joueur évolue dans une conférence plus faible de la NCAA, elles sauront dénicher la perle qu’il leur faut.

«Tu vois une différence, c’est certain. Évidemment, chaque équipe a son nombre de joueurs qui se démarquent. Quand tu es dans notre conférence, soit l’ACC (Atlantic Coast Conference), et que tu te démarques, c’est vraiment bien, car tu es contre plein de gars qui sont très talentueux à la base. Tu dois donc être encore un échelon meilleur pour ressortir du lot. Pour être attrayant, tu dois avoir un bon jeu, mais également de belles qualités athlétiques et un bon gabarit. Il y a de très bons joueurs que j’ai affrontés qui ne sortiront pas dans les premières rondes, donc il y a une différence marquée même entre les joueurs de l’élite», explique l’ancien porte-couleurs des Vicas de Victoriaville.

Comme dans tout autre sport, ces athlètes supérieurs font notamment partie des plans de match des entraîneurs à ce niveau. Les équipes doivent donc établir différentes tactiques afin d’enrayer ces joueurs qui terrorisent les formations adverses. Et dans le football, qui se joue à 11 contre 11, ça peut parfois demander un bon casse-tête.

«Il y a plusieurs stratégies qui sont élaborées pour éviter d’avoir à confronter tel ou tel joueur. Par exemple, si l’athlète à éviter est un demi de coin comme Jalen Ramsey, il y a des stratégies qui sont mises en place pour éviter d’avoir à lancer dans sa direction. Si c’est un secondeur ou un gros joueur de ligne défensive, tu vas tenter de courir dans la direction opposée. Tu vas mettre toutes les chances de ton côté pour que ton jeu puisse fonctionner.»

Parmi les espoirs de haut niveau, plusieurs évoluent en défensive, notamment sur la ligne de mêlée, cela fait donc en sorte qu’à chaque match ou presque, Bergeron se retrouve aligné contre un joueur qui risque fort bien d’évoluer dans la NFL dans un avenir assez rapproché. Et il n’y a pas si longtemps, en 2017, le jeune homme jouait avec les Filons du Cégep de Thetford.

Des coéquipiers talentueux

En plus de devoir croiser le fer avec des espoirs de haut niveau, Bergeron n’a pas de répit lorsqu’il se retrouve à l’entraînement avec ses coéquipiers. Cette année, il s’est notamment aligné avec le maraudeur Andre Cisco et le demi de coin Ifeatu Melifonwu. L’année précédente, Bergeron, qui était alors une recrue, avait également eu la chance de partager le vestiaire avec le joueur de ligne défensive Alton Robinson, choix de 5e tour des Seahawks de Seattle en 2020. Bien qu’ils n’évoluent pas sur le terrain en même temps, Bergeron estime apprendre beaucoup de ses coéquipiers qui frappent aux portes de la NFL.

«Des joueurs de cette trempe, ça sert d’exemple pour des gars comme moi qui aspirent à atteindre ce niveau. Tu tentes d’apprendre le plus d’eux. Ce n’est pas seulement sur le terrain que nous voulons faire ça. Moi, je ne suis pas un demi de coin, mais je regarde leur éthique de travail. Cisco est reconnu pour son excellente éthique de travail. C’est ce que j’ai mis en application de lui. Il savait bien prendre soin de son corps et il n’hésitait pas à faire du temps supplémentaire. Au prochain niveau, tu ne peux pas te fier uniquement à ton talent. C’est ce que j’ai appris de Cisco.»

Également, en côtoyant ces joueurs qui vont faire le saut dans la NFL, cela amène donc les fameux Pro Day, soit cette journée où les recruteurs ont la chance de voir les espoirs effectuer de nombreux tests physiques. Puisque cela se fait au complexe d’entraînement de l’Orange, Bergeron a eu l’occasion de voir de très près le fonctionnement de ces journées lorsque Melifonwu et Cisco, notamment, se sont exécutés devant les recruteurs.

«Tu vois vraiment comment ça se passe. C’est une ambiance très différente. C’est très silencieux. Les recruteurs sont là et ils prennent des notes. Tu entends les chronos partir. C’est quand même stressant pour les gars, car c’est leur avenir qui est en jeu. J’étais sur place pour vivre et je dois dire que c’était saisissant de penser que, bientôt, ce sera mon tour. Le temps passe vite. Je pense déjà à mon futur, mais on dirait que je viens d’arriver à Syracuse.»