Des femmes inspirantes et porteuses d’espoir

Inspirantes ces neuf femmes immigrantes, originaires de huit pays, qui ont témoigné de leur histoire, mardi soir, à l’occasion d’une table ronde virtuelle placée sous le thème «Arriver et vivre au Québec».

Ces femmes aux parcours différents ont accepté de prendre la parole à l’invitation des trois citoyennes organisatrices,  Maria Helena Albornoz Vasquez, Mariela Grubert Martinez et Sonia Gagnon, chapeautées par la Table de concertation du mouvement des femmes du Centre-du-Québec (TCMFCQ).

«Cette activité s’inscrit dans le cadre du 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale tout en étant en lien avec la troisième des cinq grandes revendications de la Marche mondiale des femmes concernant les droits des femmes immigrantes et racisées», a rappelé, d’entrée de jeu, Mia Guillemette, agente de développement à la TCMFCQ, avant de céder la parole à l’animatrice de la rencontre, Maria Helena Albornoz Vasquez.

L’animatrice de la rencontre, Maria Helena Albornoz Vasquez. (Capture d’écran)

Les participantes, regroupées en trois blocs, se sont exprimées sur différents sujets, certaines abordant leur parcours migratoire et les défis rencontrés. D’autres prenant la parole sur leur parcours scolaire, les défis, les réussites et les déceptions. La recherche d’emploi a aussi fait l’objet des discussions.

La table ronde a donc réuni Sonia Milord (Haïti), Catherin Leon (Colombie), Luz Escobar (République dominicaine), Yeremy Kim Ramos Rodas (Pérou), Ishene Ben-Tekaya (Tunisie), Maria del Mar Hernandez (Costa Rica), Farida Zenati (Algérie – Khabil), Teresa Saldana (Pérou) et Cecile Sawadogo (Burkina Faso).

Différentes raisons expliquent leur venue au Québec. Sonia Milord, elle, se retrouve ici depuis 1982 après avoir rencontré son conjoint en Haïti.

Catherin Leon, pour sa part, qui habite Victoriaville depuis 2011, est arrivée comme demandeur d’asile après avoir quitté la Colombie en raison de menaces de mort reçues.

Luz, une architecte, voulait offrir à sa famille une meilleure qualité de vie. Elle aussi réside à Victo.

La barrière de la langue a représenté un défi de taille pour bon nombre. Même un peu pour Sonia Milord qui parlait déjà français, mais qui a dû s’adapter au joual québécois.

Elles ont pu compter sur des aidants, des personnes ou des groupes, pour les aider dans leur intégration. «J’ai joint un regroupement de chrétiens évangéliques qui partageaient les mêmes valeurs et convictions. Ça m’a permis de briser l’isolement», a confié Sonia qui invite les futures immigrantes à ne pas demeurer dans l’isolement. «Il ne faut pas rester dans le silence. On ne doit pas craindre de demander de l’aide aux organismes, aux regroupements», a-t-elle précisé.

Sonia Milord arrivée d’Haïti en 1982 (Capture d’écran)

Catherin, de son côté, a insisté sur l’importance d’être persévérant. «Allez cogner aux portes sans gêne. On doit persévérer, s’intégrer dans la culture, dans la communauté. Il y a plein de belles opportunités pour tous», a-t-elle lancé.

Même son de cloche chez Luz. «Il faut faire preuve de patience. Si on prend le temps, tout arrive. J’ai trouvé beaucoup de personnes pour m’aider. Les gens sont gentils», a-t-elle confié.

Des femmes qualifiées

Au Pérou, Kim était avocate. L’orthophoniste Maria, au Costa Rica, possède même une maîtrise et une spécialisation, tandis qu’en Algérie, Ishene est devenue ingénieure.

Mais au Québec, le parcours est complexe et ardu pour l’obtention des équivalences. «Le parcours est vraiment difficile», a soutenu Kim qui a fait face à des difficultés pour pouvoir améliorer son français. «Mais on ne doit pas abandonner notre rêve. Il faut continuer à se battre», a-t-elle exprimé.

Si Maria a obtenu la reconnaissance de son baccalauréat, son défi pour travailler dans son domaine consiste à accéder à son ordre professionnel.

Kim Ramos Rodas originaire du Pérou (Capture d’écran)

L’ingénieure Ishene, quant à elle, se dit amplement satisfaite par son travail de technicienne de laboratoire qu’elle occupe et ne semble pas envisager des démarches pour obtenir la reconnaissance de sa formation.

Aux femmes d’autres pays qui envisagent émigrer au Québec, Kim les invite aussi à la patience. «On a la persévérance de faire notre chemin. Il faut faire preuve de patience et ne pas laisser tomber notre motivation», a-t-elle mentionné.

«Même si des portes se ferment, beaucoup d’autres vont s’ouvrir, a renchéri Maria. Il ne faut jamais lâcher.  Nous sommes des femmes fortes, capables de réussir et d’atteindre nos objectifs.»

Maria del Mar Hernandez du Costa Rica (Capture d’écran)

Teresa, de son côté, invite les futures immigrantes à se préparer le plus possible concernant la langue. «Pour moi, ça a été la plus grande barrière à franchir. Il est normal de se décourager, mais il ne faut pas lâcher.»

«Patience et détermination, soyez persévérante, a clamé Cecile. Il faut voir le côté positif. Il y a du bon monde. Foncez, allez de l’avant. Les employeurs vous feront confiance. On est capable de montrer le meilleur de nous-mêmes.»

La recherche d’emploi

Pas simple pour les femmes immigrantes de dénicher un boulot dans leur terre d’accueil. Farida, qui a travaillé en ressources humaines dans une entreprise portuaire en Algérie, a mis six mois à trouver un travail de caissière. «Mais une fois trouvé un premier travail, ça débloque ensuite avec les contacts qu’on établit», a-t-elle dit.

Cécile, qui occupait un poste de secrétaire de direction dans son pays, a dû se résoudre à un emploi de préposée en entretien ménager dans le milieu de la santé, ce qui lui a permis, par la suite, d’obtenir un poste de secrétaire médicale, puis secrétaire aux ressources humaines.

Au sujet de leurs défis actuels, Teresa plaide à l’effet que les femmes doivent prendre leur place. «On doit se sentir bien où on est, sinon on cherche d’autres alternatives», a-t-elle signalé.

Kim déplore, pour sa part, les délais pour la francisation et la complexité du processus de reconnaissance des acquis. «On doit foncer. Il faut travailler à simplifier, à améliorer la situation. C’est le moment de faire une différence», a-t-elle lancé.

Sonia Gagnon a adressé le mot de la fin. (Capture d’écran)

À savoir ce qu’elles feraient de différent si elles le pouvaient, Cecile a fait savoir qu’elle viendrait directement à Victoriaville sans passer par Montréal. «On y a perdu beaucoup de temps. On profite mieux de la vie en région et on sauve beaucoup de temps», a-t-elle noté.

Mot de la fin

Une soixantaine de personnes ont assisté à la table ronde. Plusieurs ont fait part de commentaires élogieux, saluant notamment le courage, la ténacité, la persévérance de ces femmes inspirantes.

«Je suis vraiment touchée après ces partages, a confié Sonia Gagnon, une des organisatrices citoyennes. Dans ces histoires, il y avait peut-être des moments tristes, de frustration, des défis difficiles à surmonter, mais il y avait aussi de la joie, de la réussite, de la persévérance, mais surtout de l’espoir. L’espoir d’une vie meilleure, d’avoir plus d’opportunités de grandir, de s’épanouir, d’être reconnues à leur juste valeur. Cet espoir qui pousse à continuer chaque jour.»