Équipes municipales : les deux côtés de la médaille

Les équipes municipales dans les municipalités de moins de 5000 habitants sont de plus en plus populaires. Dans les plus grandes villes, c’est le contraire : les partis politiques perdent des plumes.

En 2005, dans les plus petites villes, seulement 1,2% des candidats faisaient partie d’une équipe municipale, alors que ce chiffre grimpe à 10,7% en 2017.

Dans les plus grandes villes, au milieu des années 2000, 54% des candidats s’alignaient pour un parti en 2005, tandis que 42,6% se sont présentés sous une bannière aux dernières élections.

La situation chez les candidats est le reflet de la tendance des élections. En 2005, 0,9% des élus faisaient partie d’une équipe dans les petites municipalités, un chiffre qui atteint 10,1% en 2017. Dans les villes de 5000 habitants et plus, 53% des élus de 2005 représentaient un parti, contre 43,2% en 2017.

Du bon et du mauvais 

Les partis et équipes municipales sont bons pour la démocratie à court terme, estime le chargé de cours à l’Université Laval, Jérôme Couture, puisqu’ils confirment des alliances déjà formées dans les conseils municipaux. Cependant, gare aux répercussions à long terme.

Selon la loi, la différence entre un parti et une équipe politique est surtout une question de financement. Au-delà de la théorie, d’autres différences existent entre les deux modèles.

«Le parti politique va survivre au départ de son dirigeant. Évidemment, il est peu probable qu’Équipe Labeaume survive au départ du dirigeant [dans le cas échéant]», cite M. Couture en exemple, ajoutant cependant que les membres d’un tel parti peuvent en former un autre après le départ du maire.

Des raccourcis sont utilisés par les électeurs lorsqu’ils sont appelés aux urnes. «Lorsque les systèmes politiques sont bien en place et qu’il y a des systèmes partisans, c’est souvent des raccourcis comme la gauche et la droite. Au municipal, étant donné qu’il n’y a pas de système partisan structuré, l’idéologie joue un rôle pas mal moins important, surtout dans les plus petites villes. La notoriété est le principal raccourci. Cette personne, je la connais, je lui fais confiance», explique-t-il.

Cette notoriété peut donc aider ou nuire aux candidats qui se présentent pour une bannière. «C’est utile en démocratie d’avoir des équipes politiques, car les électeurs peuvent punir ou récompenser les élus en place. Il y a plein d’indépendants qui sont probablement déjà en coalition», dit celui qui a déjà été conseiller municipal indépendant et qui dit avoir eu des alliances solides.

«Ça vient formaliser ce qui existe déjà», précise Jérôme Couture, saluant cette sortie de l’amateurisme.

«Mais le danger est à long terme, décrit-il. Est-ce que ça étouffe totalement l’opposition? Le bassin de candidats possibles dans une petite municipalité est assez faible. La dynamique dans les petites villes est de gagner sans opposition, pas tant de proposer un meilleur projet.»

Monopole politique 

Il serait plutôt rare de voir des villes où deux équipes sont en place, selon Jérôme Couture. «Il y a souvent une équipe et quelques élus indépendants. Souvent, les sept élus vont être de la même équipe», analyse-t-il, soulignant que cela peut créer des monopoles politiques.

«Quand ça fait 10 ans que tu es au pouvoir, que tu as étouffé complètement l’opposition, il est possible que tu sois moins sensible aux besoins et aux problèmes des gens. Tu es au-dessus de tout ça. Tu as tellement étouffé l’opposition que la démocratie devient moins effective», résume-t-il, ajoutant qu’en Colombie-Britannique, il existe des partis antipartis, qui promettent de ne pas avoir de ligne de parti après l’élection.

La Tribune