Kevin Poulin roule sa bosse en Europe

De 2006 à 2010, les Tigres de Victoriaville ont eu la chance de compter sur le gardien Kevin Poulin pour défendre leur filet. Un peu plus de dix ans plus tard, le natif de Montréal, après avoir disputé 50 parties dans la Ligue nationale de hockey (LNH) avec les Islanders de New York, continue de rouler sa bosse en Europe, où il profite pleinement de cette expérience outre-mer.

Cette saison, c’est avec l’IF Björklöven dans la ligue Allsvenskan, deuxième meilleur circuit suédois, que Poulin évolue. Là-bas, la saison régulière vient de se terminer. Les équipes sont prêtes à livrer bataille en séries. Pour en arriver à cette étape, Poulin a cependant dû traverser quelques embûches sur le plan de la santé. Au cours des derniers mois, il s’est fracturé un doigt, s’est séparé l’épaule et a contracté la COVID-19. Cela ne l’a toutefois pas empêché de disputer 30 matchs, signant au passage 20 victoires et affichant une moyenne de buts alloués de 2,23 et un pourcentage d’arrêts de 91,5%. Il a de plus réalisé trois jeux blancs. «Ça va quand même bien, mais ça a quand même été difficile côté blessures. Nous commençons les séries à compter du 22 mars. Pour ce qui est de la COVID-19, nous avons eu seulement deux parties reportées. Moi, j’ai contracté la maladie ainsi que deux de mes coéquipiers. Sinon, la vie en général en Suède est assez relax en ce qui concerne les restrictions», a raconté le médaillé de bronze des Jeux olympiques de 2018.

Sur le plan du calibre de jeu, Björklöven évolue dans l’Allsvenskan, le second niveau suédois du hockey professionnel derrière la fameuse Svenska Hockeyligan (SHL). Poulin se dit agréablement surpris par la qualité du niveau de jeu qu’offre ce circuit. «Il y a plusieurs autres joueurs nord-américains qui sont venus ici en pensant que ce serait possiblement facile, mais non, ce n’est pas le cas. C’est un bon calibre de jeu. Ça patine bien et ça joue un bon système. C’est une bonne ligue.»

Un rythme de vie qui lui convient

Après avoir passé six saisons à faire la navette entre la LNH et la Ligue américaine de hockey (LAH), principalement dans l’organisation des Islanders, Poulin a décidé en 2016 qu’il était temps pour lui de mettre le cap sur l’Europe afin de donner un second souffle à sa carrière. Cela l’a tout d’abord mené avec le Barys d’Astana au Kazakhstan, puis avec le Medvescak de Zagreb en Croatie, l’EHC Klöten en Suisse, l’Eisbären de Berlin en Allemagne puis avec l’IF Björklöven en Suède après un hiatus d’une saison dans la LAH en 2019-2020.

Pour une vaste majorité de hockeyeurs québécois qui s’exilent sur le Vieux Continent, l’expérience européenne s’avère une véritable bénédiction. Le calibre de jeu et les conditions sont excellents, mais le rythme de vie est surtout plus convivial. Pour ces raisons, Poulin est du nombre des joueurs qui adorent leur expérience à l’étranger.

«Quand j’ai joué à Astana (dans la KHL), c’était plus intense qu’en Amérique du Nord. La Suède, c’est également fort intense, les équipes étant très sérieuses par rapport à l’entraînement. La Croatie, l’Allemagne et la Suisse, c’était un peu plus tranquille comme rythme. C’était une belle vie de jouer au hockey en Suisse. En Allemagne, j’étais à Berlin, une ville riche en histoire, ce qui me permettait de toujours avoir quelque chose à faire en dehors du hockey. C’était vraiment fantastique.»

Poulin a notamment profité de son temps en Europe pour visiter d’autres pays comme la Grèce et l’Italie lors de voyages familiaux pendant les pauses de la saison.

De bons souvenirs avec les Tigres

Réclamé au 3e rang du repêchage 2006 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) par les Tigres, Poulin a passé l’entièreté de son stage junior dans les Bois-Francs. Il a eu la chance de progresser, d’être repêché au 5e tour de l’encan 2008 de la LNH par les Islanders et de signer son premier contrat professionnel. Les souvenirs marquants liés à Victoriaville sont donc nombreux. «Pendant de nombreuses années, je suis retourné à Victoriaville pour revoir ma pension et pour voir des amis, dont Phillip Danault lorsqu’il y demeurait encore. J’avais également l’école de hockey de Daniel Fréchette à Victoriaville et Plessisville. J’ai toujours gardé une belle image de cette ville. J’ai vraiment aimé ces quatre années.»

À l’époque, les amateurs victoriavillois se demandaient notamment pourquoi les Tigres avaient opté pour Poulin au 3e rang quand, à ce moment, un produit local, Antoine Tardif de Daveluyville, était disponible. Poulin confie avoir été au courant que certains amateurs ne comprenaient pas sa sélection, mais il assure que cela n’a pas engendré une rivalité avec Tardif. Les deux gardiens avaient notamment joué avec les Hounds de Notre-Dame en Saskatchewan à l’âge de 14 ans et ils étaient devenus de bons amis. «Nous avons toujours eu une belle relation tous les deux. Je sais cependant que quand les Tigres m’ont repêché, il y a plusieurs personnes qui se demandaient pourquoi il m’avait sélectionné plutôt qu’Antoine. Nous n’avons cependant jamais eu de rivalité. Il était à Bathurst et moi à Victoriaville. Ce que je souhaitais pour lui, c’est qu’il performe. Ça ne m’enlevait rien qu’il soit bon.»

Poulin a finalement disputé un total de 169 parties sous les couleurs des Tigres. Il a notamment connu ses meilleurs moments lors du printemps 2010, année où Victoriaville a atteint la demi-finale des séries de la coupe du Président. «Je suis fier du parcours que j’ai connu à Victoriaville. À 16 ans, nous avions une bonne équipe, mais je ne jouais pas beaucoup. L’année suivante, ça avait été assez difficile pour la formation. C’était mon année de repêchage, donc ça m’avait fait mal un peu, mais j’avais pu voir beaucoup de lancers. Ça m’a permis de me développer et d’atteindre un autre niveau. À 18 ans, j’ai été blessé et ça avait été une autre saison plus difficile. Pour ma dernière campagne, nous avions un bon club et nous avions été loin en séries.»

Une relation spéciale avec Daniel Fréchette

Au cours de ses années avec les Félins, Poulin a eu le privilège de travailler avec l’entraîneur des gardiens Daniel Fréchette. Au cours des quatre années qu’ils ont passées ensemble, les deux hommes ont développé de forts liens, Poulin considérant pratiquement Fréchette un peu comme son oncle. Lorsque Daniel Fréchette est décédé à l’été 2016, emporté par un cancer, Kevin Poulin a notamment porté son cercueil, preuve indéniable du lien qui les unissait.

«Il m’a vraiment aidé. C’était mon entraîneur des gardiens, oui, mais également mon psychologue. Il était là pour prendre soin de moi. Il y a des années où ça n’allait pas toujours bien, donc pour un jeune gardien de 17 et 18 ans, ce n’est pas toujours évident. J’étais content de l’avoir à mes côtés. J’avais aussi essayé de l’amener avec moi chez les Islanders. J’essayais d’y retourner l’ascenseur pour tout ce qu’il a fait pour moi.»