Vaccination : privilégions les plus vulnérables

Je m’appelle Martin Houle. Je suis le père d’une jeune femme handicapée. Elle aura bientôt 19 ans. Elle est atteinte de déficience intellectuelle, d’un trouble du spectre de l’autisme et son manque de compréhension face à toutes les mesures de distanciation la met à risque. J’ai vraiment hâte qu’elle soit vaccinée. 

Ma fille me demande beaucoup de temps. C’est pour ça que je travaille sous un programme du gouvernement qui s’appelle le chèque emploi service. Le chèque emploi service est un programme qui nous permet de recevoir un salaire afin de s’occuper d’un enfant lourdement handicapé et qui a plus de 18 ans.

Afin d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs, les employés du chèque emploi service ont accès au vaccin pour leur propre personne au même titre que les travailleurs de la santé. Étrangement, j’ai le droit d’obtenir le vaccin pour être protégé du coronavirus même si j’ai seulement 45 ans et que j’ai relativement un bon état de santé. Je me retrouve à être privilégié sur la liste de vaccin alors que mon enfant, qui vit avec des limitations, elle, sera vaccinée avec la population générale.

Je me retrouve alors devant un grand dilemme : est-ce que je prends le vaccin afin de me protéger et continuer à m’occuper d’elle sans craindre les effets secondaires que le coronavirus apporte lorsque l’on en est atteint ou est-ce que je laisse mon tour en espérant que ma fille sera vaccinée plus vite et en me disant que tous les gens dans la même situation feront comme moi. C’est difficile de se positionner alors que je sais que je dois être en forme pour m’occuper d’elle, mais en même temps, si elle attrape ce foutu virus, je ne sais pas à quel point les médecins seront en mesure de la soigner si elle est hospitalisée. Sa collaboration ne serait pas là du tout, sa compréhension encore moins.

Je demande aujourd’hui au gouvernement de réviser sa position et d’inclure toutes les personnes handicapées, mentales et physiques, ainsi que toutes les personnes qui ont des problèmes de santé mentale afin qu’elles puissent être vaccinées.  Il est important de protéger les plus vulnérables et d’autres provinces du Canada l’ont compris. Faisons que le Québec soit sensible au sort des personnes en situation de handicap.

Martin Houle