Un nouveau chapitre à écrire pour Claudette Boutin

La Victoriavilloise Claudette Boutin a appris, il y a quelques jours, que sa plainte devant le Tribunal des normes du travail avait été rejetée. Une grande défaite pour la femme qui se bat depuis plus de cinq ans pour faire reconnaître les séquelles d’une chute faite chez son ancien employeur en février 2016.

Dans tout son cheminement dans les dédales administratifs et de la santé, Claudette Boutin avait voulu partager ce qu’elle apprenait à la dure. Elle avait ainsi écrit un guide intitulé «Cet accident de travail qui a changé ma vie». Aujourd’hui, la défaite au Tribunal est cuisante et dévastatrice pour elle, mais elle souhaite en faire ressortir du positif. C’est pour cela qu’elle ajoutera un chapitre à ce document dont l’objectif est d’aider les gens qui, comme elle, souhaitent faire valoir leurs droits jusqu’au bout. «Vous savez, seulement 1% des accidentés du travail font la démarche jusqu’à la fin», a-t-elle expliqué.

Il faut savoir que dans son cas, la Loi de Murphy (Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal) s’est appliquée. Même pour le jugement de neuf pages rendu le 11 décembre, que la plaignante n’a reçu que la semaine dernière, victime d’un oubli. C’est elle qui a dû relancer le Tribunal, demandant ce qu’il advenait de sa cause.

«Malgré les preuves, les expertises qui ont empiré ma situation, toutes les démarches, j’ai perdu ma cause», explique la femme de 57 ans dont le genou, le poignet et l’épaule (tous du côté droit) sont mal en point.

Rencontrée chez elle, la femme était en larmes déplorant tous les efforts faits pour en arriver à ce dénouement. Elle a voulu faire le bilan de ce parcours et, afin de bien le visualiser, elle l’a écrit. «Avoir su ce que je sais aujourd’hui, j’aurais arrêté avant les expertises», confie-t-elle. Sa chronologie va comme suit : accident, hôpitaux, douleurs, médicaments, physio, expertises, travail, avocats, audiences, débats, CNESST, normes et intimidation.

Elle explique qu’on lui avait, au départ, diagnostiqué de simples entorses alors que finalement, ce sont des fractures qu’elle avait subies. Il avait fallu des mois avant d’en arriver à ce diagnostic. «Je reçois des infiltrations de cortisone régulièrement et, pour mon genou, il ne reste qu’à le changer. Pour mon poignet, il faudrait le recasser. Je suis d’ailleurs en démarches auprès d’un spécialiste et je peux vous dire que lorsqu’on n’est plus avec la CNESST, c’est beaucoup plus rapide pour obtenir des rendez-vous», fait-elle remarquer.

Claudette Boutin estime que les démarches auprès des Normes du travail et de la CNESST lui ont coûté la santé. «J’ai suivi tout ce qu’on m’a demandé de faire parce que je voulais guérir le plus rapidement possible afin de reprendre le travail que j’adorais», se souvient-elle. Mais tout s’est retourné contre elle : dès son accident, elle a appris que malgré qu’elle était à l’emploi de l’entreprise depuis assez longtemps, on avait oublié de l’inscrire pour les assurances. Donc, rien de ce côté pour l’aider. Elle a donc dû se tourner vers la CNESST et toutes les démarches que cela implique.

Aujourd’hui, elle estime que des médecins devraient être formés et attitrés spécifiquement pour traiter les victimes d’accidents comme elle. «J’ai fait confiance, mais j’ai l’impression de m’être fait rouler. Aujourd’hui, je me retrouve bloquée partout et ne peux retrouver du travail puisque j’ai un dossier à la CNESST», déplore-t-elle.

Ainsi en plus de perdre sa santé et sa mobilité, toute cette saga lui a fait perdre des années de sa vie en plus d’une forte somme d’argent qu’elle n’ose même pas évaluer. «Si j’avais abandonné les démarches, j’aurais été mieux traitée», croit-elle.

Elle a la ferme intention de tout faire pour recouvrer la santé, mais aussi de continuer à renseigner les gens qui se retrouvent dans la même situation qu’elle, afin qu’il ressorte quelque chose de positif de toute cette histoire. Elle estime qu’il faut absolument une réforme de la CNESST et des Normes du travail.

Elle invite les gens qui souhaitent avoir de l’aide, dans leurs démarches, à communiquer avec elle par Facebook.