Alain St-Pierre tournera la page sur la politique municipale

Après vingt ans d’engagement en politique municipale, Alain St-Pierre, maire de Saint-Albert et préfet de la MRC d’Arthabaska, estime que le moment est venu pour lui de laisser sa place. Il ne sollicitera pas de nouveau mandat aux élections municipales de novembre.

Une décision mûrement réfléchie au cours des derniers mois. Il quittera au terme de son mandat avec le sentiment du devoir accompli, lui qui, en tout temps, a prôné le respect et favorisé le travail d’équipe.

Questionné par le www.lanouvelle.net sur sa décision, le maire de Saint-Albert mentionne vouloir consacrer davantage de temps à sa famille. «J’aurai 60 ans en juillet, j’ai trois enfants, deux filles et un garçon, et quatre petits-enfants. J’ai le goût de passer plus de temps avec eux. Je veux leur donner du temps de qualité», confie-t-il.

Ce n’est certes pas un manque d’intérêt qui a joué dans sa décision de passer le flambeau. «J’ai toujours la passion et l’énergie. J’aurais pu faire 100 milles à l’heure un autre mandat de 4 ans. Mais mon choix repose aussi sur la santé. Personne n’est à l’abri. En 2020, des choses se sont passées dans ma vie et m’ont fait réfléchir, dont le décès de ma mère», exprime-t-il.

Alain St-Pierre, maire et préfet, tirera à l’automne un trait sur sa carrière politique, s’accordera quelques mois de repos et prendra le temps de laisser retomber la poussière avant de décider de la suite des choses. «Je ne connais pas l’avenir. Peut-être que je ferai ce qui me tentera à raison de deux jours, deux jours et demi par semaine. On verra où la vie va me mener», laisse-t-il entendre.

L’engagement politique

Les premiers balbutiements en politique d’Alain St-Pierre remontent, en fait, à son adolescence alors qu’il fréquentait la polyvalente de Victoriaville. À l’âge de 15 ou 16 ans, il présidait le conseil étudiant. «J’y ai fait mes premiers discours devant un auditorium bondé. C’était stressant», se rappelle-t-il.

Victoriavillois d’origine, Alain St-Pierre a déménagé ses pénates à Saint-Albert où demeurait son épouse Louise.

Approché par des citoyens, il tente l’aventure de la politique municipale et obtient, en 2001, un siège au conseil municipal qu’il occupera jusqu’en 2005. «Comme conseiller, j’ai d’abord observé les rudiments et appris comment ça se passait. Puis j’ai eu le goût de passer à une autre étape, de pousser plus haut l’expérience», raconte-t-il.

Il vise donc la mairie à l’élection de 2005 avec une équipe, à cette époque, l’équipe St-Pierre. «On n’avait pas eu d’opposition», se remémore-t-il.

Par la suite, le maire St-Pierre sera réélu sans opposant aux élections de 2009, 2013 et 2017.

Mais, souligne-t-il, sa carrière aurait pu être de très courte durée. Trois mois après son élection à la mairie, en février 2006, Alain St-Pierre est durement éprouvé par le décès de sa conjointe. «J’aurais pu tout lâcher, relate-t-il. Mais je me suis donné du temps tout en me disant aussi que la décision de me présenter en 2005 en était une familiale.»

Avec le recul, le maire de Saint-Albert croit qu’il a bien fait, qu’en continuant, qu’en étant impliqué dans des projets avec le désir de changer les choses, cela lui a permis de traverser plus facilement cette période difficile.

D’avoir été au service de ses citoyens constitue pour Alain St-Pierre une source de grande fierté. «Les gens ont mon numéro de téléphone, mon courriel et savent où j’habite. J’ai toujours été disponible en tout temps, le jour, les soirs et les week-ends. Durant toute ma carrière, quand un citoyen voulait me joindre, il a toujours été capable de le faire.»

C’est ce qu’il affectionne en politique municipale, la proximité avec la population et la possibilité de changer des choses.

Des réalisations

Alain St-Pierre, fier d’avoir pu côtoyer, au fil des ans, toutes ces personnes qui, a-t-il dit, l’ont fait grandir. (Photo gracieuseté)

Longue est la liste des réalisations, des actions menées et des projets réalisés. Le maire St-Pierre, certes, en est bien fier, mais, précise-t-il d’emblée, il n’en est pas l’unique artisan. «C’est un travail d’équipe. Heureusement, durant toute ma carrière, j’ai toujours été entouré de gens de très haute qualité, de bons élus, de très bons employés. Tout seul, Alain St-Pierre n’est rien. Même chose à la préfecture. Les 22 maires et mairesses et les directions générales des municipalités bonifient le travail de la personne. Seul, tu ne peux rien bâtir», observe-t-il.

Pas un seul projet, mais bien plusieurs actions menées afin «de toujours mieux servir notre population», le rendent fier. À commencer par le souci de toujours maintenir très bas le taux de taxation. «Et on n’a jamais coupé dans les services, assure-t-il. Au contraire, on a même créé des postes : directrice générale, directrice adjointe, inspecteur municipal à temps plein et agent des communautés pour travailler avec nos organismes.»

S’il ne peut énumérer tous les projets, le maire St-Pierre signale, au passage, la rénovation de la salle du Pavillon du Général Maurice-Baril, l’achat de la caisse, l’actuel projet de développement résidentiel qui en est à la deuxième de trois phases et la création de Saint-Albert en fête et de la Fête des bénévoles. «Les bénévoles, pour moi, c’est sacré. Une municipalité, sans bénévole, n’a pas d’âme», soutient Alain St-Pierre, heureux aussi de l’obtention des accréditations Municipalité amie des enfants et des aînés, et de l’existence de la politique jeunesse. «Cela démontre que Saint-Albert est à l’écoute autant de ses enfants, de ses familles que de ses aînés», souligne-t-il.

La préfecture

Alain St-Pierre reconnaît comme «un grand privilège» d’avoir été choisi par les autres maires et mairesses comme préfet de la MRC d’Arthabaska en 2017.

Jamais il n’avait pensé exercer cette fonction, pas même celle de préfet suppléant qu’il a occupée pendant deux ans. «Honnêtement, dit-il, ça ne m’était jamais venu à l’idée. Mais j’étais très content quand on m’a nommé préfet suppléant.»

Puis on l’a sollicité pour le poste de préfet. «Je n’ai rien demandé à personne, je n’ai fait aucun appel ni adressé aucun courriel. Mais on m’a fait savoir qu’on aimerait que ce soit moi. Je leur ai dit : si vous voulez que je le sois, vous lèverez la main et me proposerez.»

Finir sa carrière comme maire, sa fonction première, «c’est fantastique», affirme Alain St-Pierre. Mais la terminer aussi en tant que préfet ajoute un ingrédient de plus. «Ça m’a apporté une autre dimension. C’est la cerise sur le sundae, note-t-il. D’avoir été préfet m’a vraiment fait voir autre chose, m’a fait côtoyer d’autres préfets, d’autres personnes, comme des ministres et sous-ministres. Cela m’a permis de travailler sur des dossiers régionaux.»

L’homme a beaucoup apprécié ce rôle. «Un préfet doit avoir une vision régionale, faire en sorte que les 22 maires et mairesses puissent notamment réussir à s’entendre de façon générale sur un dossier porteur pour toute la région  et qui bénéficie à tous», explique-t-il.

Alain St-Pierre se considère chanceux d’avoir vécu toutes ces étapes, d’abord conseiller, puis maire et préfet. «Des rôles qui se sont emboîtés l’un dans l’autre, faisant qu’aujourd’hui, je suis vraiment fier de tout le travail accompli tant au niveau municipal que régional. Mais tout cela, insiste-t-il, une fois de plus, grâce à tous ces gens qui ont travaillé avec moi. Seul, c’est impossible.»

Au fil des ans, bien peu d’incidents ont marqué son cheminement politique. «Oui, des divergences d’opinions surviennent, on les exprime, puis la majorité l’emporte. Ensuite, il faut être capable de fermer les livres et de passer à un autre projet», fait-il remarquer, ajoutant qu’en 20 ans, il peut y avoir eu de petites blessures. «C’est normal, on est des êtres humains. Mais sincèrement, une main, c’est trop pour dire le nombre de dossiers qui m’ont peut-être laissé un petit goût amer», signale-t-il.

Alain St-Pierre termine l’entretien en exprimant sa fierté d’avoir pu rencontrer, ces 20 dernières années, toutes ces personnes, maires, élus, directeurs généraux, employés et citoyens qui l’ont fait grandir. Ce contact avec toutes ces personnes, des contacts humains et respectueux, c’est ce qui lui manquera le plus, dit-il. «L’expérience de ces 20 années a fait de moi une meilleure personne à tous les niveaux. J’en suis extrêmement fier.»

Il dit souhaiter que les gens retiennent qu’il a toujours été une personne ayant à cœur les dossiers qu’il pilotait avec passion, en éprouvant toujours un grand respect pour tous. «J’espère qu’ils se souviendront de moi comme une personne de cœur.»

Invitant les intéressés à s’impliquer en politique municipale, une manière de changer les choses, le maire St-Pierre continuera, bien sûr, à suivre la politique, mais s’en tiendra très loin. Il n’interviendra pas, promet-il,  dans aucun dossier. «Je vais simplement encourager les gens en place à demeurer à l’écoute des citoyens et à bien travailler pour que tous en bénéficient»

Alain St-Pierre partira la tête haute, mais vivra avec émotion les mois qui lui restent. «Je veux vraiment remercier la population du grand respect qu’elle m’a témoigné, et remercier aussi mes enfants, ma conjointe Maryse et mes amis de m’avoir supporté toutes ces années», conclut-il.