Ton p’tit nombril

Aujourd’hui, j’ai envie de m’adresser à toi, la maman qui ne veut pas payer trop cher sur son compte de taxes municipales. La maman qui dit qu’elle n’a pas à payer pour ça, les frais de non-résidents, parce que tes enfants ne jouent pas au hockey.

Mon voisin, il n’a pas d’enfant. Pourtant, il paie des taxes scolaires et des impôts pour que tes enfants aient une éducation de qualité.

Le tien, ton voisin, il n’a pas le cancer. Pourtant, il paie des impôts pour que mon père puisse recevoir des soins de santé pendant qu’il mène le plus grand combat de sa vie.

Je sais, tu te dis que jouer au hockey, ce n’est pas aussi important que l’éducation ou la santé. Que fais-tu du petit Jérémy ? Laisse-moi te le présenter! C’est un enfant charmant et attachant. Son beau sourire ne laisse aucunement voir qu’il a un trouble d’apprentissage sévère. À l’école, bien qu’il travaille excessivement fort, le défi est trop grand et il accumule les échecs. Sa valorisation, lui, il va la chercher dans le sport. Parce qu’au hockey, il est vraiment bon!

Ses parents sont toujours très émus de le voir aussi heureux sur la glace. Ça fait du bien à un cœur de parents de voir son enfant reprendre confiance en lui et trouver enfin une source de motivation.

La maman du petit Jérémy ne dort pas bien ces jours-ci. Elle a perdu son travail à cause de la pandémie et elle vient d’apprendre que la Ville de Plessisville augmente ses frais de non-résidents pour les loisirs. Le petit Jérémy, il n’habite pas du bon côté du boulevard des Sucreries. La Paroisse ne remboursera que 1300 $ des 1960 $ chargés par la Ville. Sa mère devra également avancer l’argent en attendant son remboursement. Ces frais s’additionnent aux frais d’inscription. C’est donc au final 660 $ que la maman de Jérémy devra payer de plus que la mère du petit Paul, le voisin d’en face. Elle n’a pas les moyens…mais ça lui brise le cœur juste de penser d’enlever à son fils ce qui avait réanimé la flamme éteinte dans ses beaux yeux d’enfant. Parce que son fils…c’est la prunelle de ses yeux!

Tu as raison, ce n’est pas à toi de payer l’inscription au hockey de Jérémy. Sa maman aussi le sait et elle l’avait bien prévu dans son budget déjà trop serré. Ce que tu dois comprendre, c’est que les frais supplémentaires que la maman de Jérémy doit payer, ce ne sont pas des frais d’inscription. C’est parce qu’elle n’habite pas du bon côté de la rue. Ce qui devrait te déranger, ce n’est pas de payer pour que Jérémy puisse jouer au hockey…c’est de payer parce que deux municipalités voisines n’arrivent pas à collaborer ensemble pour le bien de leur communauté. C’est contre ça que tu devrais chialer!

Tu sais, mes enfants non plus ne jouent pas au hockey. Mes parents n’habitent pas non plus en résidence. Pourtant, ça me fait plaisir que mes taxes et mes impôts servent à aider Jérémy et à prendre soin de tes parents. Ça s’appelle vivre en société!

Tant que tu regarderas juste ton p’tit nombril, ce sera difficile d’améliorer la société dans laquelle on vit.

Toi, le papa dont les enfants font du karaté. Tu te dis : «Mais pourquoi encore le hockey ?». Parce que ce sont les sports pratiqués à l’aréna qui sont le plus impactés. Parce que tu n’as pas de frais de non-résident à payer pour le karaté, puisque ce n’est pas un sport offert par la Ville. Tu paies les frais d’inscription de tes enfants au karaté, tout comme la maman de Jérémy paie ceux de son fils pour le hockey.

Toi, douce grand-maman…tu ne comprends pas pourquoi ce débat prend autant d’ampleur. Tes enfants à toi, quand ils étaient jeunes, ne pratiquaient pas d’activités spécifiques. Ils jouaient dehors…tout le temps! Je sais…je fais partie de cette génération. Quelles belles années c’étaient! Aujourd’hui, tout a changé. Les parents font face à un adversaire de taille…l’écran! La pratique de ces sports et loisirs offerts par la communauté les aide à donner à leurs enfants le désir de bouger davantage. Inculquer à notre jeunesse de saines habitudes de vie est primordial. Nous avons une responsabilité collective à l’égard de nos enfants, parce que cette belle jeunesse, ce sont les décideurs de demain.

Toi qui lis ceci…je ne t’ai pas convaincu ? Tu es un irréductible gaulois, défendant fièrement sa position ? Je te dirai seulement que le petit Jérémy, c’est lui qui décidera de ton sort quand tu seras une personne âgée! Laissons tomber nos enfants aujourd’hui, ils nous rendront la pareille demain…parce que c’est ce que nous leur aurons enseigné! Comment exiger d’eux qu’ils règlent leurs conflits de façon adéquate si ceux qui nous gouvernent n’arrivent pas à le faire ? Nos enfants apprennent par l’exemple.

Qui doit-on blâmer ? Qui est le «pas fin» de l’histoire ? La Ville qui charge des frais exorbitants aux non-résidents ? La Paroisse qui ne les rembourse pas entièrement ? Le débat va bien au-delà de ces questions. Cette triste situation est le résultat d’une mésentente perpétuelle entre les deux municipalités. Certains élus n’arrivent pas à mettre de côté leur ego et à prendre des décisions en ayant une vision de l’avenir… ils demeurent enchaînés aux vestiges du passé.

Vous tous qui lisez ceci et qui aimeriez aider le petit Jérémy, rappelez-vous qu’en novembre auront lieu les prochaines élections municipales. À ce moment, vous aurez entre vos mains le pouvoir de changer le futur. Ensemble, construisons l’avenir dont nous rêvons…car seuls, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin.

Annick Héon

Candidate aux élections municipales (District 2)

Paroisse de Plessisville