Hubert Labrie et les joueurs de la LAH dans l’incertitude

Alors que la saison de la Ligue nationale de hockey (LNH) bat son plein, la Ligue américaine de hockey (LAH) et ses joueurs, dont fait partie le Victoriavillois Hubert Labrie, nagent dans l’incertitude.

Cette année, dans la LAH, à l’instar de la LNH, il y doit y avoir une division canadienne, cependant, la santé publique de l’Ontario n’a toujours pas donné son aval pour la reprise des activités. C’est donc dire que les Marlies de Toronto et les Sénateurs de Belleville, équipe pour laquelle s’aligne Labrie, n’ont pas encore l’assurance qu’elles pourront jouer cette année. Il y a également le fait que des équipes de la LNH comme les Oilers d’Edmonton, les Flames de Calgary et les Canucks de Vancouver ont habituellement des clubs de la LAH aux États-Unis, soit les Condors de Bakersfield, le Heat de Stockton et les Comets de Utica respectivement.

Avec les restrictions de voyage, ces clubs tentent donc de déménager leur club-école au Canada pour avoir un accès plus facile à leurs joueurs. Les Flames ont réussi à amener le Heat à Calgary, mais les Oilers et les Canucks n’y sont toujours pas parvenus. Le calendrier de la division canadienne doit être dévoilé prochainement, en théorie. «Je crois que nous allons jouer dans la LAH cette année, mais ça va prendre des dates à un moment donné. Là, avec le gouvernement ontarien, nous n’avons pas de dates. Il y a déjà des dates sorties pour les équipes américaines et certaines d’entre elles ne vont jouer que 24 rencontres. Si nous repoussons encore et encore, est-ce que ça va vraiment valoir la peine de jouer? La LAH, c’est la relève, donc les jeunes doivent jouer. Mais en ce moment, c’est un peu le néant pour nous», a fait valoir Hubert Labrie.

Des enjeux financiers importants

Il y a aussi des enjeux importants sur le plan financier. Initialement, les joueurs devaient être payés au prorata du nombre de parties jouées par rapport à une saison normale. «Au début, nous pensions pouvoir jouer une cinquantaine de parties. Au prorata, ce n’était pas si pire. Là, plus que les jours passaient, plus nous voyions que nous allions perdre de l’argent. C’est notre vie quand même, notre travail. Il faut se souvenir que notre dernier chèque de paye remonte à avril 2020. Nous allons bientôt entrer en février et nous n’avons pas encore eu de paye.»

Cela a donc incité l’Association des joueurs de la LAH à se rasseoir avec les dirigeants afin de s’assurer qu’ils allaient au moins recevoir un minimum de leur salaire afin d’éviter une situation potentiellement problématique, où les joueurs perdraient trop. Finalement, grâce aux efforts déployés par l’Association des joueurs, ces derniers devraient recevoir au minimum 40% de leur salaire annuel, et ce, même si la ligue ne devait pas disputer une seule rencontre en cette saison 2020-2021. Si la saison reprend, ils auraient au minimum 48% de leur salaire.

«Si nous reprenons nos activités dès demain matin, c’est certain que les équipes ne vont pas faire de l’argent avec nous. Ils vont en perdre. C’est une question d’argent toujours. Est-ce que ça vaut la peine de jouer? Même si nous n’avons que 40% de nos salaires, les équipes perdent de l’argent. Et avec toutes les règles sanitaires entourant la COVID-19, ça fait en sorte que les équipes doivent débourser encore plus pour notre sécurité. Nous attendons depuis septembre pour des développements. […] Si nous jouons, nous avons 48% de notre salaire, mais il y a plusieurs dépenses que nous devons faire pour nous installer. Le 8% supplémentaire pour jouer est rapidement dépensé.»

Cette entente entre les dirigeants et les joueurs qui assurerait un minimum de 40% d’un salaire annuel n’est cependant pas optimale, loin de là. Pour les joueurs qui avaient la chance d’aller jouer en Europe, là où il est possible de jouer, mais qui ont préféré demeurer en Amérique du Nord, cela représente des pertes financières importantes. Puisqu’il avait déjà une entente avec Belleville, Labrie n’a pas eu à se poser ce questionnement, mais pour certains joueurs, c’est une vive frustration.

«C’est pour ça que les gars sont un peu fâchés. Ce n’était pas mon cas, mais il y en a qui ont reçu des offres durant l’été pour aller en Europe. L’offre semblait peut-être meilleure ici, en Amérique du Nord, mais avec tout ce qui se passe, les gars vont perdre de l’argent. Ils doivent se dire qu’il auraient dû mettre le cap en Europe en sachant ça.»

Malgré toutes les frustrations que peut engendrer cette situation chez les joueurs, ceux qui ont le gros bout du bâton, ce sont les dirigeants du circuit. «Nous n’avons pratiquement pas le choix d’accepter. S’ils nous disent que c’est la seule chose qu’ils peuvent faire, nous devons l’accepter. Sinon, ils n’auront qu’à dire que nous ne jouons pas cette année et c’est terminé. Nous sommes un peu pris entre l’arbre et l’écorce. S’ils me disent que nous ne jouons pas et que je retourne chez moi, je ne suis pas plus avancé.»

Présentement, Labrie est seul à l’hôtel à Ottawa en attendant de voir ce qui se passe. Sa conjointe et son petit garçon de 2 ans sont demeurés à Victoriaville. Il ne veut pas leur imposer une quarantaine en ne sachant pas si la saison va reprendre. Il y a aussi le fait que l’équipe de Belleville pourrait déménager à Ottawa pour la saison pour utiliser les installations du gros club de la LNH afin de faciliter la tenue de leur saison.