Frappe de la SPAA : «Ce n’était pas beau à voir!»

Près de 300 chiens et chats dans des conditions très négligentes et inadéquates, une odeur pestilentielle, certains animaux déjà morts et d’autres gravement blessés, voilà notamment ce qui attendaient, vendredi matin, les intervenants de la Société protectrice des animaux d’Arthabaska (SPAA) dans une propriété du rang 7 à Saint-Christophe-d’Arthabaska.

«Ce n’était pas beau à voir», commente la directrice générale de la SPAA, Gabrielle Monfette.

Accompagnés de policiers de la Sûreté du Québec du poste de la MRC d’Arthabaska, les gens de la SPAA, munis d’un mandat, ont investi les lieux vers 9 h pour cette saisie qui constitue la plus importante opération du genre de l’histoire de l’organisme sylvifranc. Et parmi les plus importantes saisies au Québec, estime Gabrielle Monfette.

La SPAA a entrepris la saisie vers 9 h, vendredi. (Photo www.lanouvelle.net)

Parmi tous les animaux recensés, on a dénombré plus de chiens que de chats. Les intervenants en ont retrouvé dans la résidence, dans le bâtiment principal et dans une autre bâtisse.

«On a constaté que certains animaux étaient déjà morts, d’autres gravement blessés ou amaigris. Il y en avait qui étaient enchaînés avec une courte chaîne», précise la DG.

Il a fallu que le personnel sur place agisse délicatement en raison du comportement des animaux. «On aurait pu s’attendre à ce qu’ils soient plus agressifs. Mais ils étaient très nerveux, stressés. Ils tournaient en rond, note-t-elle. Personne, heureusement, n’a été mordu.»

Les animaux n’ont pas connu, pense-t-on, la lumière du jour, ni ce que l’amour d’un humain. «Ils ne savent pas ce que c’est d’être flattés», souligne Gabrielle Monfette.

Les intervenants, au fur et à mesure qu’ils les sortaient, les identifiaient par priorité. On indiquait ceux qui nécessitaient des soins d’urgence. Certains animaux ne pouvaient plus marcher. Le recours à une civière devenait alors nécessaire.

Plusieurs cages et camions ont été mobilisés pour transporter les animaux en différents lieux où les attendaient des équipes de vétérinaires avec du personnel soignant. «La réhabilitation de ces animaux sera longue», affirme la directrice générale de la SPAA.

Ce dossier a nécessité une longue préparation. On le connaissait d’ailleurs depuis un bon moment. «C’est un dossier qui remonte à quelques années, souligne Gabrielle Monfette. Ces derniers mois, une gradation a été observée au niveau des avis remis. Dans les dernières semaines, la préparation s’est intensifiée. Il fallait agir.»

Peut-on qualifier ce cas de cruauté animale ou de négligence? À cela, Gabrielle Monfette répond que plusieurs articles de la règlementation sont enfreints. D’ailleurs, il semble que le juge n’a aucunement hésité à signer le mandat permettant la saisie.

L’installation démantelée se voulait un élevage en vue de la vente de chiens, notamment. D’ailleurs, la nouvelle de cette opération s’est rapidement répandue et le téléphone s’est mis à sonner à la SPAA. Des gens, ayant fait affaire avec la propriétaire, se demandaient ce qui allait survenir avec le dépôt effectué.

La SPAA, explique Mme Monfette, s’assurera d’étoffer son dossier qu’elle présentera à la cour dans le but d’obtenir la responsabilité des animaux pour s’assurer ensuite de leurs bons soins et éventuellement de leur trouver une famille.

Plusieurs aussi ont contacté, presque en panique, la SPAA, cherchant à savoir s’il s’agissait de chiens qui pouvaient avoir été volés, un phénomène répandu, signale la DG, en raison de la valeur des animaux. «C’est un marché très lucratif, fait-elle remarquer. Voilà pourquoi il existe beaucoup d’élevages de fond de cours.»

Mais Gabrielle Monfette a voulu se faire rassurante, précisant qu’il s’agirait d’un élevage de chiens de même race. «C’est, du moins, ce qu’il semble pour le moment.»

Un bilan, sans doute plus complet, pourra être dressé, lundi. Pour la SPAA, il s’agit de la quatrième saisie en un an, les autres étant de moindre envergure.