Nouvelle ferme avicole au Centre-du-Québec

Il y a des gens qui n’attendent pas trop longtemps pour passer du rêve à la réalité. À 27 ans, le couple de Félix Pépin et d’Éliane Dionne réussit un coup de maître et lance son entreprise avicole à Manseau.

La ferme d’Aviparc va abriter dans ses installations près de 9500 poules pondeuses dès le mois de novembre prochain. Le duo devenu quatuor avec ses deux enfants âgés de 18 et de deux mois cherchait depuis déjà quatre ans à lancer ce projet sur la terre familiale dont les parents et beaux-parents, eux-mêmes propriétaires d’une ferme laitière voisine, ont fait l’acquisition.

Leur chance, ils la font. Le couple va pendant quatre ans cogner aux portes du concours annuel de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. Déterminés, ils peaufinent leur argumentaire et plan d’affaires chaque année et complètent leur formation pour bonifier leur candidature. L’enjeu : un prêt à vie de 6000 unités de quotas de poules pondeuses. Toute une économie, quand on sait que le coût du quota est de 245 $ par poule pondeuse.

Pour le duo de Manseau, la 15e édition du Programme d’aide au démarrage de nouveaux producteurs d’œufs sera la bonne. Ils font partie des deux finalistes qui raflent la mise du quota parmi une trentaine de candidatures. «C’est pour aider les jeunes à démarrer», nous dit Félix Pépin. «Ça fait cinq ans qu’on y pense tous les jours. C’est comme un rêve qui se réalise», de dire Éliane Dionne.

«Plusieurs aspects sont évalués, comme la formation des promoteurs, l’environnement, la localisation, le plan financier. La Fédération sélectionne ses finalistes et procède ensuite au tirage au sort», se réjouit Félix.

Convaincre en donnant l’exemple

Avant d’en arriver là, le couple a trimé dur pour monter son projet et son plan d’affaires. «L’idée m’est venue dans le cadre de mon bac en agronomie», nous dit Mme Dionne. C’est là qu’elle visite un poulailler pour la première fois. C’est un coup de cœur. Elle fera un détour par la canneberge avant d’atteindre son objectif. Elle suit aussi plusieurs stages avec différents producteurs aviaires.

Félix aussi «a un peu orienté ses choix de carrière en fonction de ce projet», affirme Éliane. M. Pépin complète sa technique en gestion et en exploitation d’entreprises agricoles à Victoriaville. Il part ensuite travailler sur les fermes de volaille d’Agri-Marché à St-Isidore en Beauce. «On a essayé d’avoir le meilleur bagage possible pour avoir la meilleure candidature [au concours de la Fédération]», précise Félix Pépin. «On n’est pas tout seul là-dedans. Beaucoup de ressources externes nous ont aidés.»

Manseau, l’incontournable

En 1823, la municipalité de Manseau portait le nom de Saint-Joseph-de-Moose-Park en raison des nombreux chevreuils et orignaux présents dans la région. L’industrie papetière et notamment la Moose Park Lumber y employait de nombreux bûcherons. Le village est rebaptisé en 1922 en l’honneur du curé du village, Manseau. «On voulait honorer les bâtisseurs du village», précise Éliane. «On voulait relier cette histoire à notre entreprise et faire un parallèle avec les bâtisseurs d’autrefois et le type d’entrepreneurs qui nous décrit». Avi pour avicole et Parc pour Moose-Park. C’est le retour aux bercails. «Ça nous tient à cœur.»

D’autant que la famille d’Éliane exploite une ferme laitière à Manseau depuis 1908. Félix Pépin y travaille d’ailleurs aujourd’hui. «Notre village est important et on voulait qu’il y ait un regain entrepreneurial», affirme Mme Dionne. Le village est collé sur l’autoroute 20, ce qui facile le transport de leur production vers Saint-Zotique, où les œufs seront classés par la firme Burnbrae Farms et ensuite emballés.

La ferme Aviparc en chiffres

Leur intention est de mettre sur pied une ferme avicole durable. «Tant sur le plan social, qu’environnemental ou économique. On veut produire des œufs de qualité et élever nos enfants sur la ferme en leur transmettant notre passion pour l’agriculture.»

On a conçu le bâtiment pour accueillir au moins 12 000 poules. Le couple n’exclut pas à terme d’exploiter une production de 16 000 têtes, selon la disponibilité future des quotas qui pourraient être accordés à la ferme Aviparc. La ferme sera lancée avec les 6000 poules pondeuses permises par le quota à vie qu’Aviparc a remporté et 3500 poules en location.

La construction de la ferme débutera au printemps. Le poulailler fera 65 mètres de long par 13 mètres de large. «À cela s’ajoutent la salle de ramasse, des bureaux, la chambre froide et une salle de réception pour la vente directe en libre-service à la ferme», explique Félix Dionne. L’achat local est important pour eux.

Chaque poule pond une moyenne de 27 douzaines d’œufs par année. La ferme Aviparc pourrait produire près de trois millions d’œufs sur une base annuelle. «On est contents, c’est l’aboutissement de notre projet. On y pensait tous les jours. On était prêts à foncer. C’est vraiment une belle production», estiment Félix Pépin et Éliane Dionne.

La ferme va s’installer sur une terre de 70 acres en culture, acquise en 2017 par les parents d’Éliane et située juste à côté de la ferme laitière familiale et dont Aviparc deviendra sous peu propriétaire.

Éliane Dionne et son conjoint Félix Pépin seront aux commandes de la ferme. «On achète les poussins qui vont être élevés par un éleveur qu’on a sélectionné et vont arriver à Manseau à l’âge de 19 semaines. Les poules restent dans le pondoir un an et chaque année, on renouvelle le lot», nous dit Éliane. «Si des poules meurent en cours de production, on ne les remplace pas.»

Le fumier des poules est séché directement dans le poulailler, explique Félix Pépin. «On enlève ainsi la source d’odeur d’ammoniac. Dehors, ça ne sent pratiquement rien. Notre fumier sera entreposé dans une fosse couverte. On respecte toutes les normes par rapport à la gestion des odeurs. Le fumier sera valorisé et servira de fertilisant pour les cultures.»

Le couple compte investir près d’un million de dollars dans le projet. La Financière agricole du Québec et Desjardins Entreprises les soutiennent.

Le couple tenait à remercier Lionel St-Onge et ses enfants pour leur confiance lors de la transaction liée à l’achat de la terre agricole qu’ils habitent  et sur laquelle la ferme sera construite. Aussi, les agronomes Nathalie Beauchemin  et Manon Demers et, bien sûr, les parents Annie Moreau et Daniel Dionne qui ont cofinancé une partie du projet. «C’est eux qui y ont cru et c’est grâce à eux  qu’on peut le réaliser ».

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