Carrefour jeunesse-emploi : savoir s’adapter rapidement

À Victoriaville, l’équipe du Carrefour jeunesse-emploi (CJE) Arthabaska a su s’adapter rapidement dans le contexte de la pandémie. Tout a été vite mis en place pour que l’organisme puisse continuer sa mission, celle d’actualiser le potentiel des jeunes adultes âgés de 16 à 35 ans.

Le CJE a été visionnaire, un peu malgré lui, en quelque sorte. S’il a pu implanter rapidement un bureau virtuel, c’est qu’avant même la pandémie, on avait prévu de remplacer le serveur. «Je m’étais dit qu’on allait faire le mouvement vers le bureau virtuel, tout ce qui est Cloud. Et le meilleur moment pour le faire, c’était durant la semaine de relâche puisqu’il y a moins d’employés. Cela facilite les choses pour changer les installations», explique le directeur général Luc Dastous. C’est ce qui a été fait. «On a terminé le 8 mars, et le 13, on se retrouve confiné», note le DG.

Le CJE Arthabaska avait ainsi une longueur d’avance. «Avec le bureau virtuel, tout le monde avait ses dossiers. Au moment du confinement, les gens avaient leur portail à la maison. On s’est mis à fonctionner rapidement», souligne Luc Dastous. Le DG a agi rapidement, a procédé à l’achat de casques pour le télétravail. Quelques mois auparavant, il s’était procuré la licence Zoom. «On était déjà fonctionnel», note-t-il. Le CJE a adapté ses façons de faire. En vue de la réouverture de son bureau, différentes mesures ont été mises en place : présence de pastilles, installation d’une station sanitaire permanente à l’accueil, aménagement des bureaux en considérant la distanciation de deux mètres. Ainsi, le Carrefour a rouvert ses portes le 11 mai. Depuis, il opère sur rendez-vous. Et tout se passe très bien, de l’avis du directeur général. Les services sont offerts actuellement à 60% en présence et à 40% à distance.

Même chose pour l’équipe, les 16 employés ne se retrouvent pas au bureau tous en même temps. «Je fais l’horaire pour faire en sorte d’avoir cinq ou six personnes sur place, selon les journées. Ça varie», indique Luc Dastous. L’équipe a pu bénéficier, par ailleurs, de diverses formations en lien avec le télétravail et l’animation à distance.

Les projets

Au début d’avril, le CJE Arthabaska a ramené, en mode virtuel, ses ateliers de groupe, tout en réduisant la durée, 30 minutes, plutôt que 2 heures. «C’était important d’avoir un contact avec les jeunes qui vivaient beaucoup de détresse», observe Luc Dastous, précisant qu’au cours des derniers mois, le Carrefour a reçu beaucoup de demandes de jeunes en quête du support. L’équipe, qui tenait des 5 à 7 virtuels, a aussi instauré pour les jeunes l’activité «Viens jaser avec ton CJE» simplement pour susciter des échanges et savoir comment ils allaient. «On jasait de tout, pour proposer un petit côté social. Cela répondait à un besoin, note M. Dastous. Les jeunes étaient contents de se revoir, de socialiser. Même si certains ne parlaient pas nécessairement, ils participaient parce qu’il y avait quelque chose. Ils n’étaient ainsi plus seuls dans leur domicile. Ça a été bien populaire.»

Malgré la pandémie, le CJE a pu mettre de l’avant, l’été dernier, le projet de la coopérative jeunesse. «Un projet de moindre envergure, mais qui a bien fonctionné», fait savoir le DG. En septembre, l’organisme a redémarré, avec le Centre de services scolaires des Bois-Francs, le projet Alternative suspension qui permet l’accueil d’élèves suspendus de l’école.

Pandémie oblige, le Carrefour a dû revoir certains projets, comme celui de la maison hantée organisé depuis plusieurs années. On l’a remplacé par le sentier des lutins dans le parc du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Coeur, tenu jusqu’au 3 janvier, et qui a connu un franc succès. S’il a su adapter certains projets, en revanche, le Projet intimidation et réalité virtuelle a été mis sur pause pour le moment. Ce projet se trouvait sur une belle lancée. «On l’avait déployé juste avant la semaine de relâche dans toute la région Centre-du-Québec. On le déployait aussi partout, notamment à Longueuil et en Abitibi, mais la pandémie nous a stoppés», mentionne Luc Dastous.

Pas que du négatif

La pandémie, fait valoir le DG, n’amène pas que du négatif. Pour Place aux jeunes, on y voit, en effet, des opportunités, selon Luc Dastous qui occupe aussi le poste de président du conseil d’administration de Place aux jeunes en région. «Au niveau national, on a constaté un réel engouement pour les régions. Le télétravail amène des opportunités dans les régions, des emplois, car les bureaux sont vides à Montréal, par exemple. Je trouve que ça va procurer une bouffée d’air à plusieurs régions et je crois que nous pourrons aussi tirer notre épingle du jeu», avance-t-il.

En cette période de COVID-19, une augmentation de demandes pour des projets de prédémarrage d’entreprises a été constatée. «On intervient pour valider, tester, challenger les idées des gens avant que ça n’aille plus loin avec la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR). On a eu tellement de demandes que nous avons organisé, avant les fêtes, une formation avec une comptable afin de répondre aux nombreuses questions des jeunes», confie Luc Dastous.

Le marché de l’emploi

En pleine pandémie, le marché de l’emploi va quand même bien. Les chiffres d’Emploi-Québec en témoignent, note Luc Dastous. Le marché bouge beaucoup. «Presque tous les emplois perdus au printemps ont été retrouvés. On reçoit beaucoup d’offres d’emploi. Si l’impact de la pandémie a été plutôt négatif au printemps, la situation semble maintenant rétablie à 98%», évalue-t-il. Pour 2021, le directeur général de CJE Arthabaska n’entrevoit pas de changement dans son plan de match qui fonctionne bien actuellement. «La manière dont on fonctionne répond à un besoin. On s’adapte en fonction des réalités et des jeunes. La force du Carrefour a toujours été de s’adapter aux clientèles et aux besoins du  marché», expose M. Dastous ajoutant que tous les partenaires financiers ont confirmé le maintien de leur participation.