Robert Carrier : la bougie d’allumage de la carrière de Pierre Verville

Le comédien, humoriste, imitateur et ornithologue, Pierre Verville, a tenu à témoigner à la suite du décès de Robert Carrier, propriétaire de l’ancien cinéma Laurier de Victoriaville où il a fait ses premières armes.

C’est que pour M. Verville, originaire d’Arthabaska, Robert Carrier a été la bougie d’allumage de sa carrière et ça a été un choc pour lui d’apprendre son décès. «Je venais justement de parler de lui il y a quelques jours. Je me rappelais des shows de Noël du cinéma Laurier», a-t-il partagé en entrevue téléphonique.

Pierre Verville indique que cet homme a eu une grande importance pour lui. C’est d’ailleurs au cinéma Laurier, entre deux films le samedi, qu’il est monté sur scène pour la première fois, participant au concours d’imitations que proposait M. Carrier à l’époque. «Les jeunes arrivaient et imitaient des vaches. Moi je faisais Yvon Deschamps, Sol et Robert Charlebois», se souvient-il. Dès lors, Robert Carrier avait remarqué le talent du jeune imitateur et a voulu tout faire pour lui donner l’expérience de la scène. D’ailleurs, par la suite, le concours s’est arrêté et c’est le jeune Pierre Verville qui animait entre les deux films, chaque semaine. «Il me donnait 10 $, ce qui me permettait d’acheter un disque par semaine. J’apprenais une chanson que je présentais le samedi. Cela m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience», se souvient-il.

C’est aussi M. Carrier qui l’a accompagné et déniché ses premières émissions de télé à Sherbrooke et à Trois-Rivières. L’imitateur se souvient aussi d’un été, alors qu’il était en vacances avec ses parents à Rivière-du-Loup, que son beau-frère et sa sœur sont entrés au motel lui disant que M. Carrier lui avait obtenu un passage avec Réal Giguère à l’émission «Parle parle, jase jase», où il avait fait un numéro d’imitations. Tout un honneur à l’époque.

Un peu plus tard, quand il a eu l’expérience suffisante (à 14 ans!), Pierre a voulu monter son propre spectacle et encore une fois Robert Carrier a été là pour l’appuyer financièrement. «Je le remboursais par bouts», a-t-il dit. Ainsi, le 10 juin 1977, c’est au cinéma Laurier qu’il a présenté son premier spectacle. L’affiche, d’ailleurs, a été réalisée par Robert Carrier, faut-il le préciser. «Il y avait eu 250 billets vendus, mais ça a fini avec 700 personnes», se souvient-il encore.

Le propriétaire du cinéma Laurier devait beaucoup croire au potentiel artistique du jeune Verville, l’ayant présenté à de nombreuses célébrités, dont Jean-Guy Moreau, Jean Lapointe et Paul et Paul. «Je lui dois beaucoup. Il m’a permis d’avoir du métier. Pour moi, c’est un mécène dans tous les sens du mot», apprécie-t-il.

Et bien entendu, Pierre Verville est revenu régulièrement sur les planches du cinéma Laurier afin d’y présenter ses nouveaux spectacles, autant à sa famille et ses amis, qu’à M. Carrier lui-même.

Au fil des ans, les deux hommes se sont rencontrés à quelques reprises. «La dernière fois, c’était lors du spectacle Lemire-Verville à Victoriaville il y a deux ans. Alors que je saluais les gens, je l’ai vu au loin qui me regardait avec un grand sourire.»

À quelques reprises aussi, M. Carrier a témoigné des débuts de Pierre Verville, à la demande de l’imitateur, lors de différentes émissions de télévision. C’était très important pour lui de montrer à quel point Robert Carrier avait été important dans sa carrière. «S’il n’y avait pas eu cette rencontre avec lui, je ne sais pas ce qui serait arrivé. Il m’a appuyé dès le départ et c’était important pour moi d’en témoigner aujourd’hui», a terminé l’artiste.