Langue de travail : Justin Trudeau confirme sa préférence pour les réformes plutôt que la loi 101

Le premier ministre du Canada préfère de nouvelles protections légales du français comme langue de travail dans les entreprises de compétence fédérale au Québec plutôt que de leur imposer la loi 101, au détriment des anglophones de la province.

En conférence de presse, Justin Trudeau s’est montré favorable aux réformes de la loi sur les langues officielles au Québec, accédant ainsi aux multiples demandes sur le besoin de protéger davantage le droit de travailler en français dans les secteurs économiques de compétence fédérale dans la province. Il a rejeté l’idée d’y imposer la loi 101, la Charte de la langue française, qui laisse la primeur au français en milieu de travail.

En effet, la modernisation de la loi sur les langues officielles attendue depuis plusieurs années devrait prendre en considération l’utilisation de la langue française et la protection des travailleurs francophones dans les domaines de la finance, des télécommunications et des transports nationaux et internationaux. Ottawa s’est dit prêt «à défendre la langue française au Québec».

«C’est pour cela que nous regardons cette modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui est certainement due, et qui va avoir des mesures pour protéger le français partout, y compris au Québec», a indiqué M. Trudeau, se montrant également préoccupé par le sort des communautés francophones en dehors de la province.

«En plus de tout ce qu’il faut faire pour protéger le français au Québec, c’est le gouvernement fédéral qui a aussi une responsabilité pour protéger la langue française partout au Canada», a-t-il ajouté.

Sceptiques et déçus

«La pire affaire qui peut arriver au français au Québec, c’est que ce soit Justin Trudeau qui se mette à inventer des mesures de protection», a avancé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Pour le Parti conservateur, aucune entreprise au Québec ne doit être au-dessus de la loi 101, même pas les entreprises de compétence fédérale, dont certaines se sont volontairement soumises à la Charte de la langue officielle.

La fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA) dit être «très déçue» de ne pas voir le gouvernement Trudeau changer la Loi sur les langues officielles en 2020.

«Le gouvernement aurait pu passer rapidement à l’action comme il l’a fait avec le projet de loi C-10 pour moderniser la Loi sur la radiodiffusion. Après tout le travail qui a été mis là-dessus, on termine l’année 2020 avec les mains vides», a déploré son président, Jean Johnson. Dans un communiqué, il a rappelé qu’en 2019, le premier ministre Justin Trudeau s’était engagé personnellement, promettant qu’un projet de loi serait présenté dans les six mois.

De nombreuses sources annoncent le lancement du processus sur le texte vieux de 50 ans en début d’année. La FCFA qui redoute des élections au printemps veut «un engagement sincère des parlementaires à régler ce dossier le plus rapidement possible et non pas après la prochaine élection».

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