Provencher les maraîchers, première génération

Étudiant de la première cohorte de l’attestation d’études collégiales (AEC) en Production maraîchère biologique et actif dans le monde de la restauration depuis une quinzaine d’années, Charles Provencher vante la noblesse de cultiver des légumes, de beaux légumes, pour nourrir son monde. C’est entouré de sa conjointe, Geneviève Charest-Proulx, partie prenante du projet, tant pour la planification, la récolte que la vente et de leurs deux enfants qu’ils ont démarré leur micro ferme maraîchère.

Charles n’est pas ce qu’on appelle communément une relève apparentée, il est issu du nouveau modèle de relève, celle qui découvre un intérêt et une passion pour l’agriculture à force d’expérience de vie sans jamais y avoir vraiment baigné. C’est un coup de foudre avec une maison du rang 4 à Warwick (à la limite de Victoriaville tient-il à souligner), son terrain de 1,5 hectare et sa grange de trois étages que le déclic se fait. Après quelques courtes formations terrain sur la ferme Les Allées Champs et au Jardin des funambules, le projet prend forme.

Le hasard faisant en quelque sorte bien les choses, Geneviève en congé de maternité et Charles en arrêt de travail forcé à cause de la pandémie, ils commencent à cultiver leur 12 000 pi2 de potager au printemps 2020. Dans leurs 9 jardins de 6 planches de 50 pieds et leur serre maison de type tunnel froid, ils produisent tous les légumes leur permettant de rencontrer leur engagement de 14 paniers hebdomadaires et de s’autosuffire pour une bonne partie de l’année en plus d’offrir leurs surplus en vente libre les dimanches après-midi.

Le rythme se complique lorsque les deux partenaires recommencent à travailler dans leurs emplois réguliers en juillet en plus d’être confrontés à des problèmes d’approvisionnement en eau en pleine sécheresse, à la gestion des ravages causés par les insectes et à quelques pépins techniques notamment avec la culture des tomates. C’est autour d’un verre à la microbrasserie l’Hermite, où il était encore gérant à ce moment, que Charles se laisse convaincre par des enseignants du Cégep d’entamer une formation en agriculture.

«J’ai appris que j’aurais avantage à apprendre», s’exclame-t-il. «Lancer sa petite entreprise en agriculture, c’est faisable, c’est gratifiant, mais c’est difficile», il ne le cache pas. Il choisit l’attestation d’études collégiales en Production maraîchère biologique offerte par le Service de la formation continue du Cégep de Victoriaville. Dispensée à raison de deux jours par semaine d’octobre à avril, la formation lui permet de concilier travail, vie familiale et études.

«On vit beaucoup d’incertitude cette année, mais j’ai la conviction d’avoir un projet viable pour ma famille et moi. En étant déjà en action sur mon petit bout de terre, ça me permet de mettre rapidement en application ce que j’apprends dans les cours et mon réseau se développe encore davantage.»

Charles et Geneviève ont d’ailleurs déjà doublé leur superficie pour l’an prochain et aimeraient installer une serre chauffée dans les prochaines années pour augmenter leur production. Ils souhaitent offrir une quarantaine de paniers hebdomadaires aux amis, à la famille et aux voisins en plus de tenir kiosque et de transformer une partie de leur production dans leur cuisine nouvellement aménagée dans une partie de la veille grange. Chose certaine, Provencher les maraîchers a déjà hâte de vous accueillir pour leur prochaine saison de récoltes!