Santé : un système d’alerte pour les vagues de froid

Une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), sous la direction du professeur Fateh Chebana, a récemment développé un système d’alerte pour les vagues de froid en relation avec la santé, une première dans le monde.

Chaque année, les indices de refroidissement éolien élevés et les fortes tempêtes hivernales entraînent la mort prématurée de plus d’une centaine de Canadiens, selon l’INSPQ. «Les vagues de froid, particulièrement importantes au Québec, peuvent affecter tout le monde, mais particulièrement les personnes atteintes de maladies chroniques. Les données fournies par l’INSPQ indiquent une hausse des hospitalisations et de la mortalité par temps froid. Concevoir un système d’alerte similaire à celui que nous avons développé pour les vagues de chaleur en 2010 nous paraissait donc essentiel», explique le professeur Fateh Chebana.

Grâce aux données historiques, l’équipe de recherche a pu déterminer deux seuils de température qui déclencheraient une alerte par courriel afin de prévenir les professionnelles et les professionnels de la santé d’une vague de froid imminente. Selon la région, les seuils de température pour une vague de froid d’une durée de deux jours provoquant une alerte et reliés à un excès de mortalité observé dans la population varient entre −15 °C et −23 °C le jour, et entre −20 °C et −29 °C la nuit. Les seuils provoquant une alerte et reliés quant à eux à un excès d’hospitalisations dans la population varient entre −13 °C et −23 °C le jour, et entre −17 °C et −30 °C la nuit.

Lorsque le système sera opérationnel, il se basera sur les prévisions d’Environnement Canada et tiendra compte de leur fiabilité. Le système d’alerte considèrera aussi l’effet de délai entre l’exposition et les impacts sanitaires observés. «Ce n’est pas parce qu’il fait froid une journée que les gens meurent ou vont à l’hôpital le jour même. Cela peut prendre plusieurs jours avant de voir l’effet, plus longtemps qu’avec la chaleur», rapporte le chercheur.

Pour le moment, le système d’alerte considère l’ensemble de la population, mais il pourrait s’attarder à des groupes plus à risque comme les personnes âgées ou celles avec des problèmes respiratoires. Les chercheurs envisagent aussi une spécificité applicable au tourisme ou au milieu de l’éducation, lors de la fermeture des écoles, par exemple.

Désormais entre les mains de l’INSPQ, ce modèle sera intégré au Système de surveillance et de prévention des impacts sanitaires des événements météorologiques extrêmes (SUPREME), une source d’information relative à l’incidence sur la santé des événements météorologiques extrêmes.