Mathieu Brunelle, entre fierté et regrets

Double vainqueur de la coupe du Président et espoir des Flyers de Philadelphie, Mathieu Brunelle a un tableau de chasse qui peut faire l’envie de plusieurs hockeyeurs québécois.

Champion de la coupe Air Canada avec les Cantonniers de Magog au terme d’une saison 1999-2000 fort réussie (57 points en 42 parties), le Warwickois a eu la chance d’être repêché par les Tigres de Victoriaville en 2e ronde de l’encan 2000 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Après une première saison d’apprentissage chez les Félins, Brunelle a explosé pour 107 points, dont 43 buts, lors de la saison 2001-2002. Cette année-là, les Tigres étaient parvenus à remporter la seule coupe du Président de leur histoire et Brunelle y avait joué un rôle prépondérant en attaque (24 points en 22 parties de séries).

L’année suivante, quelques mois après avoir été repêché en 7e ronde du repêchage 2002 de la LNH par les Flyers, Brunelle reprend là où il l’avait laissé, amassant 50 points en 39 rencontres avec les Tigres. Il est cependant échangé aux Olympiques de Gatineau en cours de saison, équipe avec laquelle il remportera sa deuxième coupe du Président en autant de saisons. Encore une fois, son apport offensif fut déterminant puisqu’il a obtenu 38 points, soit six de moins que son coéquipier Maxime Talbot, sacré joueur le plus utile des séries.

Lorsqu’invité à se replonger dans son passé, l’ancien numéro 89 des Tigres considère ses années dans le midget AAA et dans la LHJMQ comme ses meilleurs souvenirs. «Je peux dire que je suis fier, surtout de mon midget AAA et de mon junior majeur. J’ai eu deux coupes du Président avec deux équipes différentes, chose peu commune. La coupe à Victoriaville est réellement mon plus beau souvenir. Je suis natif de Warwick. De voir le Colisée Desjardins plein et l’ambiance qu’il y avait, c’est vraiment l’un de mes plus beaux souvenirs sur la glace.»

Outre ses deux coupes du Président, l’autre souvenir marquant de Brunelle dans le junior majeur est inévitablement le moment où il a vu son nom être réclamé par les Flyers. Une belle anecdote accompagne d’ailleurs cet accomplissement. «J’étais sur place à Toronto. Fait cocasse, lors de la deuxième journée du repêchage, les rondes 2, 3, 4, 5 et 6 venaient de se dérouler. Je commençais à avoir faim. Je suis allé aux toilettes puis je me suis pris une pointe de pizza. Au même moment, ma mère m’a dit qu’elle venait d’entendre mon nom. Je n’y croyais pas. Finalement, j’ai réalisé que c’était vrai. La pizza a pris le bord bien assez vite. Je n’avais plus le temps de manger!»

Mauvaises circonstances et mauvaises décisions

Ayant signé une entente de trois années avec Philadelphie, Brunelle a fait le saut chez les professionnels dès l’âge de 20 ans en évoluant dans l’ECHL. Une fois les trois saisons de son entente écoulée, il n’a malheureusement pas vu son association être renouvelée avec la formation de la Pennsylvanie. Il est donc revenu au Canada jouer dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH) pour deux saisons avec le Caron & Guay de Trois-Rivières avant de mettre le cap sur la France pour trois ans. À Rouen, il a notamment remporté le championnat de la Ligue Magnus en compagnie de Carl Mallette, son capitaine chez les Tigres de Victoriaville. Une fois ce séjour terminé, Brunelle a pris la décision de revenir dans la LNAH, circuit où il a évolué pendant les 11 dernières campagnes.

Si les souvenirs heureux sont nombreux quand il repense à sa carrière de hockeyeur, il concède que les regrets sont également présents. «J’ai beaucoup de regrets quand je repense à ma carrière. Lors de la deuxième année de mon contrat de trois ans, ça a été le lock-out dans la LNH. Je venais de connaître une bonne saison dans l’ECHL. Ça m’a fait vraiment mal. Il y avait des gars de la LNH qui revenaient dans la LAH en raison de leur entente à deux volets. J’avais connu un bon début de camp. Je pratiquais avec Patrick Sharp sur le premier trio. Je me suis finalement fait tasser et je me suis retrouvé dans l’ECHL. Je me suis ensuite fait échanger à ce niveau.»

Doté d’un talent offensif fort intéressant, Brunelle concède également que son manque de sérieux a miné ses chances d’atteindre la LNH. «Je ne m’en cache pas. J’ai eu un manque de sérieux et de discipline à l’extérieur de la patinoire. Aujourd’hui, ça ne fait pas longtemps que j’ai tourné la page. Ça a été long à accepter cette manière dont j’ai fait les choses. J’aurais également pu en faire plus au niveau de l’entraînement.»

Le temps ayant fait son œuvre, Brunelle regarde ce qu’il a accompli aujourd’hui avec un œil différent. «Avec du recul, j’ai quand même joué trois ans en France où j’ai été champion de la coupe Magnus. Je suis ensuite revenu au Québec pour jouer dans la LNAH, un calibre fort sous-estimé. J’ai eu de bonnes années dans ce circuit. Somme toute, je suis content de ce que j’ai fait, mais je sais que j’aurais pu en donner encore plus pour avoir une meilleure carrière.»

Un joueur qui excellait sous la pression

Reconnu pour son flair offensif, Brunelle a su amasser des points partout où il est passé, ayant notamment récolté 211 points dans le circuit Courteau. Si le succès en attaque était au rendez-vous en saison régulière, Brunelle trouvait le moyen d’élever son jeu d’un cran dès que l’enjeu devenait plus grand. Champion de la coupe Air Canada, de la coupe du Président et de la coupe Magnus, il a su jouer des rôles clés lors de chacune de ces conquêtes. Avec les Tigres au printemps 2002, il a fini au 5e rang des meilleurs pointeurs avec 24 points. Le printemps suivant, il faisait scintiller la lumière rouge à 22 reprises, un sommet des séries cette année-là. «J’étais un atout pour aller chercher les gros buts. Sous pression dans le temps où j’évoluais dans le junior, je dois dire que j’étais excellent.»

Encore aujourd’hui, Brunelle se fait parler de temps à autre de cette époque dans le junior, où le succès semblait lui coller à la peau.