Il faut partager la misère

Je sais que vous devez être submergé de plein d’informations sur la pandémie ces derniers temps. Je sais aussi que ça cause du mécontentement pour plusieurs parce que ça nous touche dans nos vies.

Mais je dois et je me sens quand même obligée de vous écrire que l’annonce du premier ministre de garder les services de garde ouverts durant le prolongement des vacances des fêtes a eu l’effet d’une bombe pour les travailleuses.

De la bouche même du premier ministre, il utilise les services éducatifs de garde comme une garderie pour donner un break aux enseignants! Les éducatrices, c’est pourtant exactement ça qu’elles font, éduquer les enfants et elles le font sans arrêt depuis le début de la crise. Elles avaient un peu d’espoir qu’au moins les enseignants devraient enseigner à distance durant ces jours-là et qu’elles auraient aussi droit à une pause, mais non. Encore une fois, durant la pandémie, on prend des décisions sans vérifier la réalité terrain.

Comment vais-je faire pour garder la motivation des éducateurs et des éducatrices en services de garde. C’est le découragement total, le désespoir, la fatigue, la frustration. Comment expliquer ou justifier cela? Je n’ai aucun argument afin de dire que cela est une bonne chose, car ce n’est pas vrai. Je vois des éducatrices qui pleurent à chaque quart de travail, épuisées par l’augmentation des groupes, la pénurie de main-d’œuvre et l’absence de mesure d’aide, même pas une tape dans le dos comme pour d’autres travailleuses. Tout est décidé top down par décret pis c’est fermez-la ou changez de job! Le big boss a décidé! La situation actuelle est insoutenable. Nous sommes tous pris dans cette pandémie sans savoir où on s’en va.

Les ressources humaines de mon centre de services scolaire m’ont dit qu’elles n’étaient pas d’accord avec cette décision, mais ça reste une opinion qui ne change rien aux faits. Même si ce n’était qu’un ballon politique, on sait très bien que cela arrivera sous peu.

Ce que je souhaite…. Un peu de justice entre nous, Québécois et Québécoises, travailleuses et travailleurs. On ne peut pas toujours demander aux mêmes personnes de faire l’effort de plus, faut partager la misère.

Karine Bolduc

Éducatrice spécialisée, Centre de services scolaires des Bois-Francs