Mario Durocher derrière l’une des grosses surprises cette saison

À l’aube de la saison 2020-2021, les attentes étaient plutôt modérées lorsqu’il était question du Titan d’Acadie-Bathurst, une équipe qui venait de combiner 20 victoires en deux saisons. La troupe, dirigée par Mario Durocher, surprend cependant les observateurs alors qu’elle talonne les Islanders de Charlottetown pour le sommet de la division des Maritimes.

Depuis le début de la présente campagne, le Titan affiche un dossier de sept victoires, une défaite en temps réglementaire et deux autres en prolongation, ce qui lui offre une récolte de 16 points au classement. Certes, Bathurst a ajouté quelques vétérans intéressants comme Adam McCormick et Félix-Antoine Marcotty pour gagner plus souvent, mais de là à passer de la pire équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) à une aspirante au sommet des Maritimes, il y a une marge.

Selon le vétéran entraîneur-chef, ces succès inattendus s’expliquent par une attitude d’équipe hors pair. «Nous ne lâchons pas! L’an passé, nous voyions ça, mais il nous manquait le petit quelque chose. L’année d’expérience supplémentaire, c’est la fraction de seconde de plus que les marqueurs avaient dans le midget AAA qu’il leur fallait pour obtenir le gros but. Les gardiens ont été bons dans le filet et ça redonne confiance à tout le monde. Nous avons aussi de la profondeur pour jouer à quatre trios», a analysé l’homme de 57 ans.

L’ancien entraîneur-chef des Tigres de Victoriaville croit d’ailleurs que le vent a commencé à tourner aussi rapidement que l’an dernier, bien que les résultats n’étaient pas tout à fait au rendez-vous. «Nous avons commencé après les Fêtes l’an passé. Nous avons gagné des matchs et nous avons joué de grosses parties face à des clubs puissants comme Moncton et Rimouski. Après la fin de la saison, nous avons rencontré les gars et nous étions conscients que nous avions une bonne équipe et que nous allions gagner des parties. Les gars sont également arrivés en superbe forme physique cette année. La base était là. Il ne fallait pas recommencer tout à zéro.»

Le pilote de la formation de la Baie-des-Chaleurs ne s’attend évidemment pas à ce que son équipe, qui est encore très jeune, gagne tous les matchs de la saison. Il aime cependant la base sur laquelle il mise, car c’est celle-ci qui permettra au Titan d’être compétitif lors des deux ou trois prochaines saisons. Des joueurs talentueux comme Riley Kidney et Cole Huckins, deux choix de premier tour en 2019, devraient d’ailleurs causer bien des maux de tête aux autres équipes de la LHJMQ. «Nos joueurs clés ont 17 et 18 ans. Nous serons là pour les deux ou trois prochaines saisons. Nous voulons construire avec ça. C’est tellement plus facile quand tu gagnes.»

Une expérience qui aide à faire progresser

Avec 1071 parties au compteur, le quatrième plus haut total dans l’histoire de la ligue chez les entraîneurs, Mario Durocher sait ce qu’il faut faire pour amener l’équipe à l’étape suivante. Le positivisme semble notamment au cœur de ses préoccupations. «L’an passé, après une défaite, j’étais obligé de garder ça positif. J’y allais avec des objectifs, période par période. En fait, je garde le même système depuis 20 ans. Cette année, je dirige au niveau de la performance par contre. L’an passé, l’équipe était plus jeune, moins expérimentée, mais travaillante. Je n’étais pas pour commencer à leur taper dessus. Il fallait toujours les encourager et j’avais toujours un plan B pour le lundi s’ils étaient découragés. Je n’ai cependant pas eu à m’en servir. C’était encourageant.»

Même quand l’équipe a essuyé 17 défaites pour commencer la dernière saison, Durocher ne s’est pas emporté et il n’a pas perdu de vue sa recette. Après avoir échangé quelques vétérans aux Fêtes l’an dernier, le Titan s’est mis à construire le futur, ce qui lui permet d’en récolter les fruits dès cette année. «Cette année, le but est de gagner des matchs de hockey. Si nous ne gagnons pas, il y a des conséquences. Il peut y avoir des contre-performances, nous sommes assez intelligents pour évaluer ça. La façon de diriger une équipe à ce point est complètement différente.»

Avec deux coupes du Président à son actif, 523 victoires et une participation au Championnat mondial junior, Durocher pourrait bien mettre la pédale douce et se dire que sa carrière a été bien remplie. Ça ne semble toutefois aucunement dans son intention, car ce qui le motive à donner son maximum, jour après jour, ne se quantifie pas avec des statistiques. «C’est tout simplement les jeunes qui me motivent. C’est comme une famille. Tu veux les faire grandir pour en faire des hommes. Je crois que le hockey est une belle école de vie. Tu travailles en communauté. Dans la vie, on sait que si on roule à 120 km/h, tu vas avoir une contravention. Dans le hockey, il y a une discipline à avoir.»

L’aspect humain semble d’ailleurs au cœur des priorités du vieux routier afin que les joueurs qui travaillent avec lui deviennent en priorité de bons citoyens. Le hockey est important, certes, mais il veut aider ces jeunes à progresser sur le plan personnel. «Chaque jour, il y a quelque chose de différent sur ton bureau et pas seulement au niveau du hockey. Quand j’étais plus jeune, je n’aurais jamais pensé pouvoir vivre du hockey. C’était un rêve et je vis de ça aujourd’hui. Ce n’est cependant pas le côté le plus important. Ce qui l’est, c’est quand je vois les jeunes que j’ai eus à 16 ans partir à 20 ans et ne plus être les mêmes personnes. Ça me permet de grandir et de garder un esprit jeune. Il y a cependant de vieux principes de base qui demeurent comme le respect et la discipline qui permettent de devenir un bon père de famille ou une bonne personne pour la société.»